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jeudi 18 avril

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Roman - Thriller

Suivie

Artistique - Trahison - Domestique MAJ mercredi 07 septembre 2022

Note accordée au livre: 2 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 8,9 €

Ellery Lloyd
People Like Her - 2021
Traduit de l'anglais par Valéry Lameignère
Paris : Hugo poche, septembre 2022
506 p. ; 18 x 12 cm
ISBN 978-2-7556-9776-6
Coll. "Suspense"

Mère système

Elle s'appelle Emmeline "Emmy" Jackson, épouse de Dan, un écrivain en panne, avec qui elle a deux enfants en bas âge. Une mère comme les autres ? Non ! À son corps indépendant, elle est devenue une "Instamaman" sous le nom de Mamapoil, et sa vie est un grand cinéma permanent suivi sur Instagram. A priori, c'est sa sincérité qui attire les gens, le fait qu'elle soit loin d'être parfaite et sa vie faite de problèmes ordinaires. Sauf que sa vie est scriptée, sa sincérité une fabrication du début à la fin, uniquement faite pour être suivie par un maximum de gens, chaque fan n'étant là que pour être monétisé grâce à de généreux sponsors. Pire, elle entraîne ses jeunes enfants et peu à peu son mari dans ce jeu des apparences. N'est-il pas également possible qu'elle obtienne sa propre émission de télévision ? Sauf que quelqu'un la suit dans l'ombre, quelqu'un qui lui en veut pour son succès. Mais jusqu'où il ou elle peut-il aller ?

Un point de départ pas fondamentalement neuf : combien de roman a-t-on vu où une vedette de quelque chose se fait suivre par un fan obsessionnel finissant par devenir menaçant ? De facto, l'aspect suspense semble rajouté, avec uniquement des intercalaires (il en faut toujours n'est-ce pas ?) uniquement là pour rappeler que si, si, il y a des enjeux, même si au final, le mobile est assez léger — et sans trop déflorer, fait du ou de la coupable quasiment la seule personne sympathique du roman. Parce qu'il est difficile d'avoir la moindre empathie pour deux protagonistes qui semblent bien personnifier la vacuité de ce système pipolisé. Un miroir aux alouettes où les fans sont des vaches à lait, où les sponsors transforment l'héroïne en publicitaire suggérant des problèmes que seuls peuvent résoudre les produits dedits sponsors. Ladite héroïne a même son propre agent — mais est également consciente de la précarité de son statut. Pourtant, comme il faut ménager la chèvre et le chou (le public potentiel étant après tout celui qui suit ces instagrameuse et adhère à ce monde, voire veut le rejoindre), il n'y a pas vraiment de point de vue, ni de jugement sur ces menteurs professionnels. (On notera qu'Emmy commence par mentir à Dan au début de leur relation en prétendant être seule alors que ce n'est pas le cas, ce que le futur compagnon semble trouver tout à fait normal...), exploitant même leurs enfants en bas âge pour assurer leur popularité. C'est là le nœud et le principal intérêt du roman, au point que l'on aurait presque pu se passer de l'aspect suspense qui n'en est pas vraiment un tant il est plaqué de façon artificielle. Quant à la conclusion, sans trop déflorer, elle n'en est pas vraiment une puisque rien n'est vraiment résolu. Le tout avec ce style particulièrement plat et répétitif que semblent affectionner les auteurs britanniques d'aujourd'hui, ou leurs agents (que l'on n'accuse pas la traduction, au contraire, celle-ci aurait plutôt tenté d'améliorer les choses). On ne touche pas le fond comme avec La Clé du sang, de Ruth Ware, mais tout de même, le polar anglais semble se porter bien mal...

Citation

Il me faut parfois une minute, lorsque j'évolue dans le monde réel, pour quitter la peau d'Emmy Jackson et me glisser dans celle de Mamapoil. Mettre le cynisme en veilleuse et réveiller l'empathie. Donner un peu de rugosité à mon accent façonné sur les bancs des meilleures écoles privées. Inspirer profondément et me muer en bête de scène. Parce qu'il n'est pas exagéré de dire que pour les femmes que je m'apprête à retrouver, je ne suis rien de moins qu'une rock star.

Rédacteur: Thomas Bauduret mercredi 07 septembre 2022
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