Le Piège

Un crayon bien taillé entre de bonnes mains peut se révéler une arme fatale. Au minimum, on peut énucléer quelqu'un, au pire, traverser l'orbite jusqu'au cerveau. J'ai taillé le mien à la perfection. Mais une arme fatale est inutile si elle n'atteint pas sa cible.
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vendredi 29 mars

Contenu

Roman - Thriller

Le Piège

Enquête littéraire - Chantage - Complot MAJ vendredi 11 mars 2022

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22 €

Jean Hanff Korelitz
The Plot - 2021
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Marie Kempf
Paris : Le Cherche midi, février 2022
412 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-7491-7168-5

Auteur imposteur

Jacob Finch Bonner fait partie de ces romanciers comme il y en a tant, ayant publié quelques romans, mais n'ayant pas réussi à percer. Au moins, il a pu trouver un poste d'enseignant en écriture à Ripley College, dans le Vermont, pendant qu'il cale sur son prochain effort. C'est alors que sa route croise celle d'Evan Parker, le classique prétendant à la gloire littéraire, persuadé d'avoir du génie et prenant de haut tous ceux qui l'entourent. Il est persuadé de tenir un best-seller potentiel avec le fruit de son génie, mais il a une différence avec les autres Evan Parker de ce monde : l'histoire qu'il a écrite, celle d'une mère et sa fille, est effectivement géniale. Trois ans plus tard, alors qu'il cachetonne dans une résidence pour auteur, Bonner tombe sur un individu arrogant qui lui rappelle Evan Parker, au point qu'il fait une recherche. Non seulement l'auteur n'a pas publié son best-seller, mais il est mort d'une overdose quelques mois après leur rencontre. Les histoires n'appartiennent-elles pas à tout le monde ? Quelques mois plus tard, une fois l'idée concrétisée, Bonner connaît un succès considérable et trouve même l'amour. Seulement voilà, il commence à être harcelé par un correspondant inconnu l'accusant d'être un plagiaire... Pourtant, pas de doute, Evan Parker est bien mort. Alors qui l'agresse ? C'est pour le débusquer que Bonner va mener l'enquête sur l'apprenti écrivain. Mais cette fameuse histoire est-elle vraiment une fiction ?

Il est difficile d'être à la hauteur de tous les superlatifs publicitaires : ce roman "n'explose tous les critères habituels" que si l'on n'a pas lu de la production actuelle et un seul roman de Patricia Highsmith, inspiration évidente. En mise en abyme, l'auteure propose également des extraits de ce best-seller dont on se demande un peu comment il a pu devenir un tel phénomène (ce qui rappelle Misery, de Stephen King, et les passages de romans à l'eau de rose médiocres qu'il contenait). Entendons-nous bien : on est loin d'avoir affaire à un mauvais roman. Le personnage assez Kingien de l'auteure, sorte de perdant magnifique, est attachant, et toutes les considérations sur l'écriture plutôt dédramatisée assez cocasses. Lorsque notre protagoniste se lance dans l'enquête, celle-ci est très classique dans le genre marabout-d'ficelle et s'achemine vers une révélation finale que le lecteur averti aura éventée (ce qui veut aussi dire que Jean Hanff Korelitz ne triche pas en sortant un rebondissement d'un chapeau, selon la tendance récente). La conclusion, elle, est d'un cynisme très actuel. Une lecture agréable pour ceux que le rythme lent ne dérange pas, servi par un style allègre et une traduction irréprochable — sauf pour ce titre plat, mais le jeu de mots — The plot signifiant à la fois l'intrigue et le complot — était intraduisible en français. Mais même avec l'obligatoire caution télévisuelle, de là à en faire la nouvelle merveille du monde... ou serait-ce une mise en abyme involontaire ?

Citation

Au cours de sa lecture nocturne, pendant laquelle il avait carburé au Red Bull, il avait vu la focalisation sauter d'un point à l'autre comme si le véritable narrateur était une puce. Les histoires étaient à la fois pénibles et délirantes ; au pire, elles ne signifiaient rien, et, au mieux, elles n'en disaient pas assez. Les temps variaient au sein d'un paragraphe (parfois au sein d'une même phrase !) et il lui arrivait souvent d'avoir l'impression que l'auteur n'était pas certain du sens des mots qu'il utilisait. Concernant la grammaire, les pires d'entre eux faisaient passer Donald Trump pour Stephen Fry.

Rédacteur: Thomas Bauduret jeudi 10 mars 2022
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