Le Mur des silences

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Roman - Noir

Le Mur des silences

Social - Faits divers - Insulaire MAJ jeudi 24 février 2022

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22 €

Arnaldur Indridason
Bagnarmúr - 2020
Traduit de l'islandais par Éric Boury
Paris : Métailié, février 2022
332 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 979-10-226-1176-3
Coll. "Noir - Bibliothèque nordique"

Élégie en gris et blême

À Reykjavík, le mur d'une cave s'écroule, révélant un cadavre dissimulé depuis quarante ans. Découvrant l'affaire, l'ex-medium Eyglo se souvient d'avoir ressenti une impression étrange dans cette maison, et demande à son ami Konrad d'enquêter. Mais celui-ci, retraité de la police, est à cet instant empêtré dans ses recherches privées sur l'assassinat de son père, un minable escroc violent et incestueux, survenu à la même époque, dont il est lui-même suspecté, à moins que le père d'Eyglo, son ancien complice, n'ait pu y jouer un rôle. Dans une petite ville comme Reykjavík, se pourrait-il que les deux affaires soient liées, et que le cadavre emmuré détienne la clé du meurtre du père ?

Quatrième volet du cycle consacré aux enquêtes de Konrad, Le Mur des silences poursuit dans la voie de ses prédécesseurs, avec des affaires anciennes, cold cases revenant hanter le présent dans des atmosphères à la Georges Simenon, une influence qu'Arnaldur Indridason revendique totalement. Héros imparfait, trouble, Konrad est un personnage plus complexe encore qu'Erlendur, son enquêteur le plus connu. Enfant né d'une famille dysfonctionnelle, d'un père escroc prêt à toutes les combines, qui le maltraitait et abusait de sa sœur, il le haïssait suffisamment pour le tuer et a menti lors de sa déposition. Flic faillible, abrupt, peu doué pour les relations humaines, mari infidèle, père absent, ce pauvre Konrad traîne le poids de tous ses péchés, de tous ses mensonges passés. Désormais veuf et délaissé, mis sur la touche par ses anciens collègues, il avance sans grande conviction dans l'enquête sur la mort de son père et se noie dans l'alcool, tandis que, en alternance, Indridason nous raconte une autre histoire : celle d'une femme battue par son mari, de petites filles abusées, d'une violence sourde prête à exploser au pire moment au sein de familles désunies. Par petites touches, sans jamais forcer la note, il entremêle ces deux histoires jusqu'à ce qu'on réalise qu'elles n'en font qu'une, et que les péchés des morts n'en finissent plus de leur survivre. Beau roman d'ambiance, Le Mur des silences, qui s'ouvre sur des climats presque fantastiques avant de glisser dans le drame social autant qu'intime, est sans doute le meilleur volet de cette série, celui où toutes les blessures, tous les silences de Konrad achèvent de le rattraper, jusqu'à une conclusion élégiaque nimbée d'une grise lumière hivernale.

Citation

Elle avait presque oublié cette visite, mais elle repensait parfois à l'étrange sensation qui l'avait submergée dans cette maison avec le bruit de la pluie sur les vitres, une insupportable sensation de claustrophobie. Presque d'étouffement.

Rédacteur: Jean-François Micard jeudi 24 février 2022
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