La Cité des marges

En quelques semaines, les officiers de la judiciaire s'étaient aperçus qu'ils allaient travailler dans des bureaux modernes qui n'avaient que des problèmes. L'informatique buggait, les canalisations se bouchaient et le réseau Internet plantait quand trois ordinateurs se connectaient simultanément au wifi du 36, rue du Bastion, leur nouvelle adresse. Garder le numéro, c'était tout ce qu'avaient obtenu les flics. C'était extrêmement mince.
Jérémy Wulc - 666
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vendredi 29 mars

Contenu

Roman - Noir

La Cité des marges

Psychologique - Social - Urbain MAJ mercredi 15 septembre 2021

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 24,4 €

William Boyle
City of Margins - 2020
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Simon Baril
Paris : Gallmeister, septembre 2021
432 p. ; 21 x 15 cm
ISBN 978-2-35178-240-8

Au cœur d'un quartier

L'histoire se déroule à Brooklyn dans les années 1990. Des vies qui ne devraient pas forcément se croiser vont pourtant le faire. Au départ, il y a Donnie, un policier. Pour arrondir ses fins de mois, il est aussi gros bras d'un parrain local, chargé du recouvrement des créances. Un soir, il malmène un jeune homme qui drague une jeune fille. Puis, quelques heures plus tard, ivre et énervé, il pousse dans l'eau et tue un parieur malchanceux et débiteur. Ce premier mort tombant dans l'eau glacé du fleuve va, par ondes de ricochet, provoquer des secousses durant des années. Se posent alors de multiples questions quant aux devenir de nombreux personnages : le policier, ses deux adjoints, sa femme qui l'a quittée, la veuve du parieur, son fils et la jeune fille draguée. De fait, tous les protagonistes de ce drame sont restés dans le même coin de la ville, essaient de se reconstruire, de relancer leurs vies, de trouver des solutions pour continuer malgré tout. Les destins se croisent, des rédemptions pourraient avoir lieu, mais peuvent échouer devant la fatalité. Faut-il aller de l'avant ou chercher des réponses et croire à une vengeance qui effacerait le passé ?

Le récit choral de William Boyle est construit de belle façon. Même si le sujet est classique - son traitement aussi -, l'ensemble tient excellemment bien la route, car William Boyle, outre la description psychologique cernée précisément des protagonistes de son histoire, l'encre et l'ancre dans un vécu bien senti. Les personnages ne sont pas des monolithes froids mais ont des faiblesses, des fêlures, sont capables de se contredire, de s'améliorer. Du coup, l'auteur les suit sans les juger (on verra même des crapules s'en sortir, des assassins quitter la ville), se permettant même de mettre au premier plan dans les dernières scènes, de manière émouvante, sensible, mais logique, un personnage secondaire qui acquiert en quelques lignes le statut qui lui a été refusé tout au long du livre. C'est ce soin apporté aux personnages, aux ambiances, au clair-obscur de personnages qui partagent une tasse de café ou un alcool fort et discutent, la nuit, qui emporte la conviction. La Cité des marges est un roman profondément à dimension humaine.

Citation

Recroquevillée sur un tabouret près de la caisse, Maddie, la barmaid, fume cigarette sur cigarette. Physique maigre et nerveux, chevelure grise, paquet de Pall Mall sans filtre dans la poche de sa chemise de bowling, elle porte un bonnet en laine bien qu'il ne fasse pas froid et se verse du gin dans une boite d'olives noires vide.

Rédacteur: Laurent Greusard mercredi 15 septembre 2021
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