Nom d'une pipe !

À l'automne, des feuilles mortes lui avaient recouvert le crâne. Le vent de novembre les avait chassées. Maintenant, il y avait des voitures de flics et des gyrophares. Comme des oiseaux de mer, à battre dans la nuit autour et dans la pluie.
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vendredi 19 avril

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Roman - Policier

Nom d'une pipe !

Historique - Tueur en série - Artistique MAJ jeudi 10 juin 2021

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 14,9 €

Nadine Monfils
Paris : Robert Laffont, mai 2021
296 p. ; 20 x 13 cm
ISBN 978-2-221-25020-4
Coll. "La Bête noire"

Quand Bruxelles bruxellait

René Magritte (le GRAND René Magritte) vit une fausse vie de bourgeois avec sa chère Georgette, épouse et complice, profitant de son inspiration artistique... qui s'enflamme le jour où il croise une jeune femme en robe à fleurs. Il l'ignore, mais cette jeune femme, Madeleine, est une simple serveuse dans un bar bruxellois. Jusqu'au jour où elle commence à recevoir les missives poétiques d'un mystérieux soupirant. Voilà de quoi enflammer son imagination à elle jusqu'à convenir d'un rendez-vous... Où elle ne rencontrera que la lame d'un couteau. Effondré de ce coup du sort, René Magritte décide de mener l'enquête sur cette inconnue. Le mari de Madeleine est-il vraiment coupable ? Cet être fruste est-il capable d'écrire ces lettres d'une grande finesse ? Pour Georgette, la réponse est évidemment non. Mais une autre jeune femme nommée Mathilde commence également à recevoir les mots doux d'un mystérieux soupirant, une jeune femme qui connaîtra le même sort funeste. Un tueur en série à Bruxelles ? Une partie de la vérité est peut-être à découvrir du côté d'un autre génie belge en plein triomphe et grand admirateur de Magritte, celui qu'on appelait Jacky...
À k-libre, on aime bien Nadine Monfils, la Zazie gouailleuse montmartro-belge. Certains regretteront qu'elle abandonne l'hénaurme, la comédie surréaliste qui en a fait la seule véritable héritière digne de ce nom de San-Antonio (mais version belge, potverdoum !), mais ne valait-il mieux pas passer à autre chose plutôt que d'exploiter le même filon, souvent bien après qu'il soit tari ? Cette nouvelle série est conforme à la gravité qu'on sentait peu à peu pointer sous la gaudriole (différente de la tendresse envers ses personnages plus grands que nature), et en même temps, à force de revendiquer sa belgitude, il fallait bien un jour plonger dedans à pieds joints. C'est chose faite avec au passage cette évocation d'un Bruxelles des temps révolus. Nadine Monfils garde son goût pour ces personnages délicieusement décalés et a encore fait un bond en avant (ou s'est débridée ?) question style, tant les purs bonheurs d'écriture abondent. En général, l'intrigue n'est pas ce qui est le point fort des romans, mais là, alors qu'elle est plutôt réussie (et la révélation, hasard ou hommage, évoque certains gialli du Dario Argento de la grande époque — mais en dire plus serait déflorer), on regrettera juste que ses points d'orgue ne soient pas un peu plus mis en valeur. En tout cas, on ne peut qu'applaudir uune auteure capable de se renouveler ainsi, surtout avec tant de talent...

Citation

La poésie peut être une plante carnivore, et quand les rimes nous dévorent, il ne reste que la cruauté des mots. On peut toujours se pendre au point d'interrogation ou continuer à petits pas, en titubant sur les points de suspension... Que reste-t-il de nos amours ? Un souvenir, madame, un souvenir.

Rédacteur: Thomas Bauduret jeudi 10 juin 2021
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