Le Cercle des rêveurs éveillés

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vendredi 29 mars

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Roman - Policier

Le Cercle des rêveurs éveillés

Historique - Psychologique - Ésotérique MAJ dimanche 18 avril 2021

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20 €

Olivier Barde-Cabuçon
Paris : Gallimard, avril 2021
512 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-07-291595-6
Coll. "Série noire"

Enquête surréaliste

À Paris, dans les années 1920, le surréalisme est en train d'exploser. Mussolini vient de prendre le pouvoir en Italie, Hitler a raté son coup d'État en Allemagne, et Staline prend en main l'U.R.S.S. d'une poigne de fer. Santaroga est psychanalyste, plutôt tendance jungienne. Genevois, il soigne quelques personnalités de la Capitale française. Parmi ses patients, Gabriel de la Biole, un homme riche, perturbé par la guerre de 1914-1918 qu'il a vécue, et qui rêve régulièrement qu'il va tuer quelqu'un. Le roman d'Olivier Barde-Cabuçon s'ouvre lorsque le soignant est appelé chez son patient : ce dernier vient de se suicider en s'ouvrant la gorge. Mais Santaroga est perplexe et il souhaite enquêter, notamment dans le Cercle des rêveurs éveillés, un groupe animé par un poète surréaliste et qui "joue" avec les rêves. C'est aussi dans ce contexte que vient de débarquer à Paris une jeune femme russe, amnésique ou refusant de se souvenir de son passé. Est-elle comme elle le prétend liée à la famille impériale au sein de laquelle elle aurait servi comme dame de compagnie ? Elle a le sentiment qu'elle doit rencontrer un Grand-Duc, l'un des descendants et héritiers potentiels de la couronne. Elle aurait même une information vitale à lui faire passer car la famille impériale aurait survécu... Mais affamée, en proie à des vertiges, elle est "recueillie" par Santaroga qui se dit qu'il pourrait l'utiliser contre salaire pour entrer dans le fameux Cercle des rêveurs et l'aider à découvrir ce qui se cache derrière ce club, et s'ils ont un rapport avec la mort sur laquelle il enquête.
Il ne s'agit-là que de deux personnages principaux, mais autour d'eux tourne toute une faune - une journaliste, une peintre connue, des riches industriels qui lorgnent du côté du fascisme et financent les groupes qui s'en réclament, des Russes blancs qui essaient de faire vivre leurs rêves de contre-révolution, se demandant s'il faut s'allier avec les fascistes, des agents de Staline, venus de la lointaine Union soviétique ou communistes locaux admiratifs, qui s'emploient à liquider les groupes tsaristes ou les opposants de gauche, bref tout un foisonnement politique, économique et humain qui parcourt le roman. Olivier Barde-Cabuçon, qui a déjà écrit plusieurs volumes d'une série historique se déroulant au XVIIIe siècle, "Une enquête du commissaire aux morts étranges", est également l'auteur du Détective de Freud, un roman policier situé juste avant la guerre de 1914, le client du détective étant d'ailleurs Freud. L'action se situe après la Grande Guerre, dans un monde où se côtoient les grands perdants du conflit, les aristocrates russes et s'annoncent les prémices de la Seconde Guerre mondiale avec les mouvements fascistes qui s'agitent dans les coulisses pour contrer la montée du communisme. L'auteur sait mettre en scène les personnages, les dialogues parviennent à la fois à faire avancer l'histoire mais aussi à évoquer la période historique en rendant quelques-uns des enjeux de manière crédible et compréhensible pour les lecteurs, pas forcément fins connaisseurs de la période, des luttes internes aux communistes ou aux Russes blancs. Derrière l'idée intéressante qui sert de fil rouge, à l'aide de citations et de scènes tirées ou inspirées d'Alice au pays des merveilles (qui ne peut qu'intéresser les surréalistes, les psychanalystes ou les rêveurs éveillés - pour évoquer, par antiphrase, l'essai historique stimulant de Christopher Clark sur les prémices de la guerre et intitulé Les Somnambules), le roman passe des bas-fonds au bordels huppés, des beuveries à la vodka aux salons de thé feutrés, des palaces parisiens à des yourtes mongoles, sans perdre une seconde le lecteur, et sans lui laisser le temps de poser le livre.

Citation

La main de Varya s'ouvrit et laissa tomber la pièce à terre dans un bruit assourdissant. Elle ouvrit les yeux, un air exalté se peignit sur son visage et elle murmura, extasiée : Le tsar est vivant ! Le tsar est toujours vivant !

Rédacteur: Laurent Greusard dimanche 18 avril 2021
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