La Part du démon

Probablement d'ascendances méditerranéennes, la créature est très brune et a de grands yeux vert clair presque gris. Thom remarque son corps long et athlétique, mais c'est l'expression de son regard qui l'arrête. Attentif, analytique, intelligent. Avec l'air d'une flic sur son territoire, bien décidée à reprendre la main, pas impressionnée par des collègues parachutés fut-ce du Quai des Orfèvres...
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jeudi 25 avril

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Roman - Policier

La Part du démon

Religieux - Urbain - Faits divers MAJ samedi 06 mars 2021

Note accordée au livre: 2 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19,9 €

Mathieu Lecerf
Paris : Robert Laffont, mars 2021
432 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-221-24053-3
Coll. "La Bête noire"

Couvent et croque-mitaine

Pour sa première affaire, la lieutenante Esperanza Doloria ne fait pas dans la dentelle : dans le lac des Buttes-Chaumont est découvert le cadavre mutilé d'une jeune femme assassinée. Heureusement, elle peut compter sur l'expertise de son supérieur, le capitaine Manuel de Almeida dit "Manny", et de Patrice Dorival, un gradé de la crim'. En épluchant le fichier des personnes disparues, on réussit à identifier la victime : sœur Marie-Hélène, une religieuse du couvent Saint-Jean, non loin de l'église de Notre-Dame-de-la-Croix — tout près des Buttes Chaumont. Plus étonnante encore, la sœur était enceinte... Or peu après, le frère chargé d'identifier le cadavre se pend. Il apparaît qu'il se passe de drôles de choses dans ce couvent où le nombre de suicides dépasse largement la moyenne, et les orphelins qui y résident ont peur d'un croque-mitaine terrifiant qu'il surnomment l'Épouvantail. De son côté, le frère de De Almeida, journaliste, s'intéresse à une autre affaire, celle de quatre meurtres de chauffeurs de taxi commis par des individus physiquement disparates d'après les vidéos de surveillance. Pourtant, lui est sûr qu'ils ont été commis par la même personne. Jusqu'à ce qu'il trouve le détail révélateur qui a échappé à la police et valide sa théorie...
Voici donc un roman dont le point de départ donne à penser qu'il tente de se faire une place dans la moisson abondante de thrillers industriels. Sauf que la division en "épisodes" au lieu de parties donne le ton : il s'agit d'acter sa soumission aux sacro-saintes séries télévisées qui sont l'alpha et l'oméga du génie humain, comme on ne cesse de nous le répéter. Donc, les consommateurs de ces divertissements ne seront pas déçus, ni bousculés dans leur routine, chaque épisode changeant de point de vue. Comme les séries s'entendent à mouliner de l'image pendant des heures sans qu'il ne se passe quelque chose, on a ici des pages et des pages de développements-Ikéa1 et de considérations qui ne font qu'alourdir le tout et perdre de vue les enjeux (l'affaire des meurtres de taxis, pas inintéressante en soi, semble venir d'un autre roman et ne se rattache à l'intrigue principale qu'avec du scotch et des agrafes). Pire, le début offre une écriture hachée, maladroite, avec des effets pas forcément heureux évoquant le pire du Philippe Djian des débuts pour s'assainir peu à peu, comme si l'auteur apprenait à écrire en cours de route et n'était pas revenu sur ses premières pages. On sent donc qu'il aurait fallu sur le texte, lorsqu'il était encore à l'état de manuscrit, cette chose qui semble oubliée aujourd'hui : un vrai travail éditorial. Est-ce vraiment une relique du passé ? Enfin, l'élément potentiellement intéressant qu'est ce croque-mitaine faisant passer un peu du frisson des génies du crime dans la tradition est traité par-dessus la jambe au lieu d'être au cœur de l'intrigue. L'ennui, si l'on peut dire, c'est que des passages réussis donnent à penser que Mathieu Lecerf n'est pas sans talent, s'il ne voulait coller à la mode actuelle, et la conclusion, outre l'évidence (des orphelins, un croque-mitaine qui les terrorise, il ne faut pas être grand clerc pour voir la direction prise) introduit un autre élément qui, lui, est plutôt original et qu'on ne déflorera bien sûr pas. Et pourtant, c'est tout de même le ronron télévisuel qui domine. Tant mieux pour les têtes de gondole, tant pis pour nous autres polareux.

Citation

Largement dégarni mais la tête rasée de près, Simon Boissard affichait cinquante-huit ans à l'état-civil ; cependant, mince et entretenu par un exercice physique régulier, il en paraissait facilement dix de moins. Son surnom de "Monsieur Propre" - pour sa ressemblance toute relative avec le champion du détergent, mais aussi parce qu'il cleanait ses cadavres comme personne – ne lui déplaisait pas, même s'il ne l'aurait avoué pour rien au monde .

Rédacteur: Thomas Bauduret samedi 06 mars 2021
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