Des phalènes pour le commissaire Ricciardi

Madeleine Roudas a pu être massacrée par un forcené, un déserteur, un fou, un prisonnier échappé. Mais je trouve que ça fait beaucoup de coïncidences : un brigadier obsédé par cette affaire est retrouvé mort, un des voyous emprisonné parvient à s'échapper [...] et la petite amie d'un de ses complices est torturée et étranglée.
Thierry Bourcy - Le Gendarme scalpé
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

Éclipse totale
Harry Hole a été exclus de la police, ce qui ne l'empêche pas de couler des jours heureux, bouteille ...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

vendredi 19 avril

Contenu

Roman - Policier

Des phalènes pour le commissaire Ricciardi

Historique - Social - Urbain MAJ jeudi 18 février 2021

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22 €

Maurizio De Giovanni
Anime di vetro. Falene per il commissario Ricciardi - 2015
Traduit de l'italien par Odile Rousseau
Paris : Rivages, octobre 2020
394 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-5131-2
Coll. "Noir"

Promenade d'automne

Peinant à se remettre de la mort de Rosa, la gouvernante qui l'a élevé bien mieux que sa mère et l'a accompagné toute sa vie, le commissaire Ricciardi traîne son spleen dans un été indien napolitain où les choses s'étiolent doucement tandis que les fascistes assoient leur pouvoir sur le pays. Dépourvu d'affaires en cours, Ricciardi accepte, un peu à contre cœur, de se repencher sur une affaire déjà classée lorsque la comtesse Bianca de Roccaspina lui demande d'innocenter son mari d'un crime pour lequel il croupit en prison depuis des mois. Un crime qu'il ne peut, selon elle, avoir commis, mais duquel il s'est néanmoins accusé, coupant court à toute enquête ultérieure. Grâce à ce cold case improbable, Ricciardi, pour l'occasion privé de son encombrant pouvoir de percevoir les dernières pensées des morts, va peu à peu réapprendre à vivre.
Dixième roman de la série consacrée à l'Italie des années 1930, Des Phalènes pour le commissaire Ricciardi s'enroule autour des paroles d'une chanson populaire de l'époque. Comme des phalènes, attirées par la lumière pâle de Ricciardi, on retrouve tous les personnages habituels de Maurizio De Giovanni, de ses soupirantes Livia et Enrica à son fidèle adjoint le brigadier Maione, dans une Naples qui s'assombrit chaque jour un peu plus. À travers le meurtre d'un riche usurier et la condamnation d'un noble de vieille famille ruiné par le jeu, il dessine à traits subtils une société où les rapports de classes se tendent, où une police aux ordres des nouveaux maîtres du pays ne se soucie plus guère de vérité, et où rouvrir une enquête peut provoquer un licenciement, voire pire. Roman en demi-teinte, tout en touches fines et impressionnistes, cet opus avance lentement, au rythme des états d'âmes de Ricciardi, à la fois libéré et démuni par la perte de son "pouvoir" qui est aussi sa malédiction. Mélancolique et sombre, cette lente balade heureusement rehaussée par la faconde de Maione nous plonge dans les derniers jours d'un monde qui se meurt, et à la triste ruine des palais anciens répond celle des sentiments qui se heurtent à la réalité.
À l'évidence, les amateurs de polars "carrés" ne se retrouveront pas dans cette nouvelle non-enquête de Ricciardi. Mais pour tous ceux qui ont appris à aimer la Naples de Maurizio De Giovanni, ses quartiers populaires et ses ruelles pavées, cette promenade crépusculaire sera un nouvel enchantement.

Citation

Tu ne le sais pas, mais le bonheur est toujours une illusion. C'est un rêve qu'on poursuit, et la vie n'est rien d'autre que cette poursuite. Pour les autres, pas pour moi. Je n'ai rien à poursuivre

Rédacteur: Jean-François Micard jeudi 18 février 2021
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page