Les Grandes affaires criminelles : du Moyen Âge à nos jours

Il n'y a que dans mes romans que ce genre d'incident se termine dans un bain de sang. Dans la vie, les humains vont se réchauffer près d'un bon feu tandis que le chien rentre, la langue pendante, quelques heures après.
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Essai - Policier

Les Grandes affaires criminelles : du Moyen Âge à nos jours

Historique - Procédure - Faits divers MAJ jeudi 19 novembre 2020

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Public connaisseur

Prix: 22 €

Quelle histoire ?

En lisant le nom de l'éditeur, respectable maison spécialisée dans l'essai historique, on se doute que ce titre galvaudé et généraliste, plutôt utilisé par les éditions populaires, cache un travail beaucoup plus pointu. De fait, sous la direction de Jean-Marc Berlière, seize autres historiens s'attachent à examiner des cas criminels présentant chacun d'intéressantes perspectives politiques, judiciaires, sociologiques, psychiatriques ou de médecine légale qui ont marqué l'époque. Parmi les affaires étudiées seules trois (Vacher, les sœurs Papin et Weidmann) peuvent être qualifiées de célèbres ; deux sont très connues "historiquement" une par ses prolongements fantasmatiques (Gilles de Rais et ses meurtres d'enfants joints à des messes noires) l'autre par l'implication de Voltaire pour défendre l'accusé (Calas). D'autres (les chauffeurs d'Orgères, la Tuerie d'Oriol) peuvent éveiller des souvenirs, mais pas chez le grand public. Le reste (Damiens, les sauvages du Palais Royal, Dautun, Montcharmont, le crime de la Hautefaye, l'affaire Durand, la Cagoule et l'attentat de l'Étoile, l'assassinat de Max Dormoy, celui d'Outel Bono et celui de Jacques Roseau) sont à découvrir. Contrairement aux récits classiques de vulgarisation qui s'attachent aux faits et s'appuient le plus souvent sur les articles de presse, voire des témoignages, les historiens ont une tout autre vision. Ils se méfient justement de la presse, du commentaire et du témoignage direct qui focalisent l'attention sur ce que l'on veut bien faire voir. Au contraire, les historiens, en s'attachant aux archives (ici soigneusement mentionnées) développent une optique plus large. L'identification d'un cadavre mène ainsi à une étude sur la rumeur populaire fortement teintée d'enjeux politiques (Dautun). Le fils Calas s'est-il pendu ou son père l'a-t-il tué ? Des questions religieuses biaisent les constations de médecine légale. La presse expéditive monte en épingle une méthode (brûler les pieds de leurs victimes) des Chauffeurs d'Orgères alors que ce n'était qu'un fait parmi de nombreux autres plus expéditifs. Comment Montcharmont, le braconnier assassin de garde-champêtre, va-t-il acquérir une image de révolutionnaire ? Et surtout comment va-t-il réussir à ne pas se faire décapiter du premier coup et parachever son image ? Comment les groupements anti-juifs et anti-communistes prospèrent avant-guerre pour entrer au gouvernement de Vichy ? Comment éteint-on toutes idées sexuelles dans les crimes des sœurs Papin ? Comment Weidmann avec sa belle gueule parvient-il à fasciner ? Autre exemple : le syndicaliste Durand se retrouve condamné suite à un mort lors d'un affrontement, où il n'était pas présent, entre grévistes et non grévistes sur les quais du Havre en 1910. Il y a ici mise en évidence du pouvoir des patrons de la Transat et leurs relais politiques pour mater ce contre-pouvoir. On retiendra aussi les méfaits de la Cagoule, groupe d'extrême-droite soutenu par Michelin dont des émanations se retrouveront dans le meurtre de l'ex-ministre Marx Dormoy décapité par une bombe placée sous son oreiller. Le destin des membres du gang pendant le gouvernement de Vichy puis après-guerre est stupéfiant. La tuerie d'Auriol (1981) est aussi un incroyable dérapage dû à la perversion du SAC par le milieu marseillais. Impossible de tout résumer ici... Il convient quand même de signaler que les historiens concentrent leurs données dans un minimum de pages ce qui rend parfois la lecture un peu ardue avec l'abondance de noms.

Citation

La légende noire du SAC, que l'opposition de droite comme de gauche au régime gaullien résume à un ramassis de barbouzes, nervis fascistes et malfrats encartés, est certes exagérée.

Rédacteur: Michel Amelin jeudi 19 novembre 2020
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