New Iberia Blues

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mardi 19 mars

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Roman - Noir

New Iberia Blues

Musique - Mafia - Artistique MAJ samedi 04 juillet 2020

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 23,5 €

James Lee Burke
The New Iberia Blues - 2019
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Christophe Mercier
Paris : Rivages, juin 2020
400 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-5085-8
Coll. "Noir"

Magie mafieuse du cinéma

Le titre original de ce roman de James Lee Burke et sa traduction littérale fontt référence au blues et ce n'est là que logique. D'une part, parce que le blues, au sens américain, entretient des rapports étroits avec ce que nous qualifierons de noir, parce que le blues fait aussi référence à la musique née dans le Sud et parmi la population noire - et ce même si les personnages centraux du roman sont chez James Lee Burke des Blancs, de nombreux personnages secondaires sont d'origine afro-américaine et ont une densité intéressante. C'est ainsi que dans ce volet, notamment, on croisera une nouvelle policière que l'on adjoint à Dave Robicheaux et une chanteuse qui se rapprochera justement de ce personnage emblématique de flic. Mais c'est aussi dans la composition du roman, et l'on pourrait même dire dans l'ensemble de la série autour de Dave Robicheaux, que les influences du blues se font sentir. Les différents protagonistes sont mus par des choix internes qui les obligent à des actions, même si celles-ci peuvent, à un moment ou à un autre, se révéler dévastatrices. Il y a donc une sorte de destin, de sens précis du monde. On peut essayer de s'en sortir, d'en dévier, mais comme dans la tragédie, on revient inexorablement à l'endroit d'où l'on croyait s'échapper. Le côté blues (comme dans le jazz), c'est aussi dans des thèmes imposés, dans les variations autour d'une idée forte. On retrouvera dans ce nouveau volet des aventures de Dave Robicheaux tous les thèmes connus : le monde du cinéma, le "lumpenprolétariat" face aux riches parvenus, les obsessions des uns et la volonté de puissance des autres, le besoin de rédemption et la nécessité d'avoir un code de l'honneur, les fêlures anciennes qui empêchent de progresser, enfin les fantômes qui viennent interférer avec les vies actuelles. On retrouvera aussi les personnages habituels du romancier avec leurs codes et leurs pensées : Dave, bien sûr, qui oscille entre son travail, la perte de son amour et les avances de plusieurs femmes ; Clete qui continue son autodestruction ; le retour de Smiley, tueur psychopathe et avec une morale ; la fille de Dave, toujours entre scénario et recherche de l'amour parfait...
Concernant l'histoire, on peut noter qu'elle n'est absolument pas un prétexte, mais qu'elle sert de tremplin à de superbes descriptions du pays, des personnages et de leurs relations. Au départ, Desmond Cormier, ancien enfant sans aucun avenir, va peu à peu devenir un grand cinéaste revenu dans le coin pour tourner un film. Un jour, à proximité de sa maison, on découvre flottant sur la mer le corps torturé et crucifié d'une jeune femme. Plusieurs hypothèses s'agitent des débuts d'un tueur en série obnubilé par le jeu de tarots à un lien avec les groupes mafieux qui blanchissent leur argent dans le film de Desmond Cormier et qui veulent que ce film ait un bon retour sur investissement. Lorsque Dave Robicheaux commence à pointer son enquête vers un bras droit du cinéaste pervers et dangereux, et qu'un ancien détenu extrémiste religieux, évadé de prison, revient dans les parages pour se venger et lancer une colère divine dont il est l'incarnation, tout dérape, comme à l'accoutumée, à l'instar de cette scène où, par malice, quelqu'un glisse dans le soda de Dave Robicheaux, alcoolique anonyme qui tient la rampe depuis des années, quelques gouttes d'alcool, l'obligeant à renouer avec ses vieux démons.
Ce qui est fascinant, sur cette trame que l'on pourrait presque penser identique à cette de nombreux livres de James Lee Burke, c'est le sens des variations, le goût humaniste de l'auteur pour ses personnages quels qu'ils soient, sa fascination pour une rédemption toujours possible malgré les cadavres dans le placard. Derrière les personnages, surgissent des fantômes du Vietnam, de la guerre de Sécession, des enfants battus et assassinés qui viennent tenir la main d'un tueur pour l'aider à passer de l'autre côté, tout un monde grouillant, avec lequel nous entrons immédiatement en empathie tant le style de l'auteur, son sens du rythme et le soin qu'il apporte à nous décrire les choses, scène après scène, est fort et prenant. L'ennuyeux avec James Lee Burke c'est que chaque nouveau roman est attendu, dévoré et nous oblige à attendre le suivant, et que, chaque fois, en écrivant quasiment le même roman, il nous donne l'impression pourtant d'un renouveau.

Citation

J'aurais voulu être plus jeune de dizaines d'années. J'aurais voulu être tout, excepté ce que j'étais. Malheureusement, à un certain âge, vouloir être autre chose que ce qu'on est, ou vouloir ce qu'on n'a pas, devient un mode de vie.

Rédacteur: Laurent Greusard samedi 04 juillet 2020
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