Les Poupées de Nijar

Le plus souvent, je n'ai pas de mal à me glisser dans la peau de l'épouse parfaite, dotée d'une famille parfaite. Il m'arrive pourtant de ne pas bien distinguer la mascarade et la réalité – cette vie avec mes enfants que j'adore, ou bien la vie secrète dans laquelle je joue le rôle principal.
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Roman - Noir

Les Poupées de Nijar

Social - Disparition - Immigration clandestine MAJ vendredi 21 février 2020

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20 €

Gilles Vincent
Vauvert : Au diable vauvert, février 2020
364 p. ; 20 x 13 cm
ISBN 979-10-307-0315-3

Noir d'Espagne

"Photographe du chaos". Tel est le surnom que se donne lui-même Thomas Volner, qui a passé toute sa carrière à traquer la violence aux quatre coins du globe. Sa prochaine mission est une bouée de sauvetage, lui qui peine à oublier le départ subit de son épouse Ingrid, lasse de ses incartades. Une mission qui l'enverra non point au bout du monde, mais en Andalousie, là où se trouve la "mer de plastique", ce jardin de serres à perte de vue jusqu'au bord de la mer. Le jardin de l'Europe fournissant la moitié de ses fruits et légumes, catastrophe écologique et humanitaire où des migrants triment dans des conditions proches de l'esclavage pour fournir des camions entiers de nourriture. Mais une fois sur place, c'est une autre affaire que celle qui avait trait à ceux que l'on appelle les negros qui l'attire : dans le petit village de Nijar, province d'Almeria, des enfants disparaissent. Pas de rançon, pas d'indices, sinon qu'ils réapparaissent pendus à la branche d'un arbre. Une promesse de reportage, même s'il se prend d'amitié avec un des negros, Aman, qui fuit cette prison à ciel ouvert qu'est l'Érythrée. Au point que Volner pense l'aider à rejoindre sa fiancée à Londres. Mais lorsqu'il tombe par hasard sur un parc où des poupées de plastique sont pendues aux branches, Volner pense détenir peut-être un indice et s'en ouvre à la commissaire chargée de l'enquête. Jusqu'au moment où il se retrouve entravé dans le froid d'une cave, preuve qu'il s'est approché trop près de la vérité. Qui ira l'y retrouver ?
Les Poupées de Nijar signe le retour de Gilles Vincent, un romancier que l'on aime bien à k-libre. L'auteur, qui se retrouve au diable Vauvert, délaisse le style "dur à cuire" qui a fait sa marque de fabrique pour un ton différent à la fois languide et poétique, comme rythmé par la torpeur d'un été espagnol. C'est surtout ce style, qui évoque parfois certaines bandes dessinées (on pense au légendaire "Corto Maltese") tout en prenant la figure tutélaire du reporter – même si, sans trop déflorer, il change de braquet en cours de route – qui fait tout l'intérêt du roman. Et si on devine plus ou moins de quoi il en retourne lorsqu'on prend pour décor un pays encore meurtri par le franquisme, c'est le chemin pour y arriver qui compte avec toujours ce don pour les personnages qui est l'autre marque de fabrique de Gilles Vincent. Les Poupées de Nijar est la preuve qu'il est capable de prendre des tonalités différentes.

Citation

Sur l'écran défilent les photos des gosses disparus. Puis suivent les quartiers concernés, le maire, la commissaire, les familles, les amis, les proches. Toute la comédie de l'impuissance.

Rédacteur: Thomas Bauduret vendredi 21 février 2020
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