Candy & cigarettes, 1

Toute sa vie était là : protéger ce fragile équilibre de la folie meurtrière des hommes. Éduquer, préserver, étudier. Jamais il ne s'en lasserait. Même aujourd'hui ou son cœur était d'humeur morose.
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jeudi 28 mars

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Manga - Noir

Candy & cigarettes, 1

Social - Tueur à gages - Vengeance MAJ mardi 27 août 2019

Note accordée au livre: 5 sur 5

Poche
Inédit



Prix: 8,45 €

Tomonori Inoue (scénario & dessin)
Candy & cigarettes, 1 - 2017
Traduit du japonais par Anaïs Koechlin
Paris : Casterman, mars 2019
178 p. ; illustrations en noir & blanc ; 18 x 14 cm
ISBN 978-2-203-17236-4
Coll. "Sakka poche"

Bons et loyaux sévices

"Tu connais Hamlet ? La vengeance ne peut engendrer que la tragédie." Force est de constater que ce premier volet de Candy & Cigarettes (une série prévue en 15 volumes) est digne des tragédies comme les a écrites William Shakespeare. Tomonori Inoue, son créateur, est fan de polars et de films noirs, et il nous propose un joli hommage, véritable immersion dans un manga qui conjugue avec beaucoup de talent action, humour, culture et noir (serré, très serré). Le premier volet est composé de quatre pulps qui sont autant d'histoires qui se suivent chronologiquement. On y découvre un duo atypique de tueurs à gages. La gâchette, c'est Miharu, jeune Lolita (pléonasme) de onze ans. Un être froid, caustique et d'une férocité à toute épreuve capable également de minauder comme une petite collégienne de son âge et de passer des après-midi à répéter une chorégraphie mièvre à souhaits. Le nettoyeur, c'est Hiraga, ancien garde du corps aujourd'hui à la retraite après quarante ans de bons et loyaux services auprès d'hommes pas toujours bons, pas toujours loyaux. Leur rencontre a lieu dans l'arrière-boutique de la librairie Le Horla lit, et leur commanditaire à l'agence SS (le logo n'est pas sans rappeler la croix gammée, l'emblème nazi) se nomme Kinume, une jeune trentenaire impassible derrière ses lunettes et son bureau. Le rôle apparent de l'agence SS est d'éliminer les fâcheux de tout poil qui échappent d'une manière ou une autre à la justice. Les motivations de Miharu et de Hiraga sont assez simples. La première est l'unique rescapée de sa famille (un tueur a perpétré un véritable carnage avant qu'elle ne l'égorge d'un coup de cutter) et a pour mobile la vengeance. Le second a tout donné pour le gouvernement. Aujourd'hui à la retraite, il ne touche qu'une pension misérable qui ne peut suffire à suppléer sa fille, mère célibataire d'un enfant atteint d'encéphalite léthargique de Chesterton. Il a donc besoin d'un million de yens par mois. Et l'offre de travail (le descriptif est assez flou) sur laquelle il est incidemment tombé offre un salaire de ce montant. On assiste donc à la résolution de quatre contrats qui proposent un éventail de cibles (un tueur en série, un politique véreux, un flic corrompu) qui ne sont pas choisies au hasard mais selon une planification ingénieuse. Les dialogues, fins et lettrés, emplis d'une culture tarantinesque, sont un ingrédient indéniable de la réussite. La critique de la société japonaise, l'intérêt porté au métier de garde du corps en sont un autre. Enfin, le dessin mêle tout ce qui fait le charme des bons mangas (découpage, charme de l'héroïne exagéré avec son visage d'ange, faciès énervé à outrance et quasiment en permanence du nettoyeur...). Et puis il y a ce lien qui se crée entre les deux héros de cette série. Les atermoiements de Hiraga, les certitudes de Miharu. Le duo fonctionne très bien. Bien sûr, il est à la limite de l'archétype mais il a ce petit supplément d'âme qui fait que l'on s'y attache. Sur le papier, on aurait plutôt droit à deux anti-héros, mais là, non. On est dans la connivence de deux êtres qui ont été mis en dehors de la société et qui éprouvent le besoin d'exister. La suite promet d'être un peu plus complexe, avec un ennemi n°1 cible à la clé. Attendons de voir ce que le sort réserve à nos deux tueurs !

Citation

Un petit meurtre en rentrant de l'école ? On vit une époque formidable.

Rédacteur: Julien Védrenne mardi 27 août 2019
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