Je suis un guépard

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jeudi 03 octobre

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Roman - Noir

Je suis un guépard

Social MAJ lundi 16 juillet 2018

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 18 €

Philippe Hauret
Paris : Jigal, mai 2018
216 p. ; 20 x 13 cm
ISBN 978-2-37722-037-3
Coll. "Polar"

Engrenage parfaitement huilé

Marqué par un accident mortel lors de son service militaire, Lino traîne sa vie de petit employé s'ennuyant la semaine et se torchant le week-end pour oublier l'écume des jours, et seules ses velléités d'écriture le sortent de la médiocrité absolue. Jusqu'au jour où une SDF s'invite sur son paillasson... Petit à petit, l'inconnue se dévoile. Elle se prénomme Jessica. Elle est une victime de plus de la vie, une pasonaria qui va éveiller en lui des envies d'existence. Jusqu'au jour où Melvin, un riche self-made-man la prend sous son aile, l'employant dans sa boutique de fringues de luxe. Un autre univers, sauf que Melvin se rappelle d'où il vient... et il y a Miguel, un peu squatteur, un peu révolutionnaire, plus doué pour les beaux discours que l'action, que Jessica voit toujours en souvenir de sa période de dèche. La rencontre risque donc de virer au tragique...
Blanche ou noire ? Cette sempiternelle question se pose pour ce roman social en forme de tragédie, où le crime, si crime il y a (sans déflorer !), est moins une mécanique bien huilée de thriller que la conséquence de tout ce qui l'a précédé. Si le thème est classique et rappelle certains romans de la bien nommée collection "Engrenage", Philippe Hauret use de l'argument frappant : les personnages. Bon, certes, les auteurs font semblant d'en mettre pour vendre leurs bouquins, encore que ça ne soit pas une valeur sûre en ces temps où le public veut de la série téloche prémâchée, mais le fait est là : l'auteur trouve les mots juste, sans manichéisme, avec une de ces langues faussement simple qui a l'élégance de cacher le travail bien réel. Du coup, un aspect politique heureusement pas trop lourd en devient plus ambigu. Les personnages ne se servent-ils pas de l'idéologie pour justifier l'injustifiable ? À chacun de se faire une opinion, Philippe Hauret ne mâchant pas le travail, ce qui devient également rare. Et à deux cent seize pages, on va directement à l'os, loin des pavés s'effondrant sous leur propre poids. On pardonnera, vers la fin, quelques réactions déconcertantes des personnages, mais le résultat en forme de tranches de vies s'avère rafraîchissant entre deux thrillers industriels flamboyants.

Citation

Une cliente examinait un lot de robes suspendues à un portant. La cinquantaine, archétype de la grande bourgeoise persuadée de faire partie d'une élite, et qui n'avait que deux buts dans la vie, dépenser son fric et repousser l'inéluctable travail du temps sur son corps jusqu'aux frontières du possible. Malgré sa robe à mille boules, ses crèmes, son régime vegan, son aqua-gym et ses injections régulières de botox, la sénescence poursuivait son œuvre. Des ridules persistaient au coin des lèvres et aux plis de ses yeux, ses cheveux perdaient de leur éclat, sa peau tirait vers le bas, et ses yeux, jadis en amande, n'étaient plus que deux fentes rougies par la fatigue. Mais pas question de lâcher prise, de s'avouer vaincue, elle s'accrochait.

Rédacteur: Thomas Bauduret lundi 16 juillet 2018
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