Miasmes

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vendredi 29 mars

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Roman - Thriller

Miasmes

Huis-clos - Médical - Complot MAJ lundi 02 avril 2018

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19,5 €

Elisabeth Sanxay Holding
Miasma - 1929
Préface de Gregory Shepard
Leonid Koslov (illustrateur)
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jessica Stabile
Paris : Baker Street, mars 2018
268 p. ; illustrations en noir & blanc ; 19 x 13 cm
ISBN 978-2-917559-98-7

Médecin de campagne

Après quatre romans sentimetaux publiés entre 1920 et 1922, Elisabeth Sanxay Holding entame avec Miasmes une carrière d'auteur de romans policiers en 1929, période on ne peut plus propice au genre outre-Atlantique. Si l'on s'attache à la définition du nom commun, il s'agit ni plus ni moins d'une émanation censée causer maladies et épidémies. Dans ce roman, Elisabeth Sanxay Holding va jouer avec le mot (il sera question d'une fiole avec une drogue aux méfaits multiples) et avec nos nerfs avec un certain talent. L'action débute dans un petit village des États-Unis. Alexander Dennison est un tout jeune médecin qui rêve de se faire une clientèle qui lui permettra d'épouser Evelyne Curtis, fille d'un riche avocat devenu procureur, et qui a des ambitions de classe. Il a loué un cottage et attend de plus en plus avec inquiétude des patients qui ne viennent pas jusqu'au jour où, proche de rendre les armes, il est invité à dîner chez le vieux docteur Leatherby qui ne tarde pas à lui proposer de s'occuper de sa clientèle en échange d'un gîte dans la vaste demeure et de cinquante dollars par semaine : une manne financière inespérée. L'offre est sitôt acceptée qu'elle est déjà sujette à interrogations. Outre le docteur Leatherby et le docteur Dennison, la maison accueille deux domestiques, un chauffeur, une infirmière, puis la sœur divorcée du docteur Leatherby et enfin, parfois, le docteur Folyet (qui a pourtant été viré manu militari et qui est techniquement le prédécesseur du docteur Dennison et physiquement un très bel homme). Tous disent plus ou moins la même chose au docteur Dennison, à savoir qu'ils souhaitent son départ. La maison semble receler de bien lourds secrets amplifiés par les allées et venues de patients au bout du rouleau, dont se charge le docteur Leatherby, et qui ne tardent pas à dépérir. Elisabeth Sanxay Holding amorce peu à peu son roman d'atmosphère avec un protagoniste assez rigoriste qui peine à avoir de l'empathie et qui est taraudé par des convictions mises à rudes épreuves. Et la plus rude des épreuves tient à sa totale ignorance des maux de l'amour. C'est un benet de première, puceau dans l'âme et dans le corps, qui est totalement aveugle. Mais le roman ne se limite pas à cela. Il y a la question sous-jacente, que l'on devine très vite, de l'euthanasie (thème précurseur en 1929 faut-il le rappeler) pratiquée par le docteur Leatherby, un être d'une rare bonté (du moins en apparence), mais qui peut être manipulé (du moins là aussi en apparence). Dans cette tragédie où les différents fils de l'amour viennent s'entremêler et bouleverser les frontières fragiles entre le Bien et le Mal, le docteur Dennison fait figure d'un éléphant dans un magasin de porcelaine, d'un chat dans un jeu de quilles, d'un justicier dans un monde qu'il n'appréhende pas. Le roman se lit d'une traite, très agréablement, avec cette touche naphtalinée que lui confère son charme désuet hérité des années 1930. Selon les us de l'époque, il se conclue avec une certaine langueur et longueur (l'explication finale est bien moins haletante que l'histoire principale), et alors qu'elle pourrait nous offrir une fin réellement transgressive, on sent qu'Elisabeth Sanxay Holding se retrouve quelque peu victime des carcans de la morale de l'époque. Il n'en demeure pas moins que Miasmes est une jolie surprise exhumée par les éditions Baker Street, inédite jusqu'à présent en France.

Citation

Un homme peut se battre dans le mauvais camp mais rester honnête. Par contre, un homme qui ne prend aucun parti, qui ne porte aucun coup devient méprisable. Dennison était né partisan et combattant. Ses ancêtres avaient péri stoïquement pour souligner leur sombre destin : comment, lui, pourrait-il fermer les yeux et s'effacer ?

Rédacteur: Julien Védrenne lundi 02 avril 2018
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