Détour

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jeudi 25 avril

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Roman - Noir

Détour

Road Movie - Assassinat - Chantage MAJ vendredi 05 janvier 2018

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Inédit

Tout public

Prix: 6,9 €

Martin M. Goldsmith
Detour - 1939
Préface de William Boyle
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Simon Baril
Paris : Rivages, janvier 2018
272 p. ; 17 x 11 cm
ISBN 978-2-7436-4202-0
Coll. "Noir", 1056

Roadtrip meurtrier

Détour est un roman à deux voix qui relate les mésaventures d'un couple amoureux à distance, et les raisons plus ou moins morales qui le conduisent à l'éclatement. Tout débute à New York. Alexander Roth est un violoniste talentueux mais sans le sou, un peu sanguin quand il est question de la femme de sa vie, et qui se retrouve sans emploi. De son côté, Sue Harvey veut être actrice à Hollwood. Les deux songent à se marier mais Sue part habiter en colocation dans la Cité des Anges avant qu'ils se soient dit oui. Après quelques mois loin l'un de l'autre, ponctués d'une maigre correspondance, Alex vend son violon et part retrouver Sue. Sa rencontre sur un bord de route alors qu'il fait du stop avec le bookmaker Charles Haskell va être son point de rupture. Sue, quant à elle, est devenue serveuse dans un fast food en attendant une audition qui ne vient pas, convaincue qu'elle va percer un jour. Elle a pour elle de savoir ce qu'elle veut et d'être dotée d'une plastique quasiment irréprochable. C'est surement la raison pour laquelle elle finit par accepter de tomber entre les bras et les jambes de Raoul Kildare, un acteur de seconde catégorie. Kildare, puis plus tard Fleismeyer (un lointain ancêtre d'Harvey Weinstein) sont ses deux points de rupture à elle. Pendant qu'Alex endosse dans tous les sens du terme le costume de Haskell suite à la mort accidentelle de ce dernier, Sue oublie peu à peu sa culpabilité d'avoir trompé Alex et se découvre amoureuse de Raoul. Pour Alex, ce n'est que le début des ennuis, car il accepte par la suite de prendre en autostop Vera, qui en sait plus que lui sur Haskell, et qui menace de le dénoncer pour finalement le faire chanter et l'humilier. Le décor est planté et l'on suit alternativement les deux trajectoires opposées. D'un côté, la vie bancale de Sue nous parait bercée d'illusions plates, de l'autre, les péripéties d'Alex nous paraissent incongrues. Surtout, Alex a du mal à se dépêtrer d'un autre costume, celui de meurtrier, alors il va finir par l'endosser définitivement sans que Sue le sache à un moment ou un autre, convaincue de son côté qu'Alex est mort. Martin M. Goldsmith fait preuve de finesse à l'entame de la chute de son roman, car il prend le pari de surprendre. Alors que tout est réuni pour que les deux acteurs du drame qui se joue sous nos yeux se retrouvent, il les éloigne implacablement et leur évite d'avoir plus de culpabilité qu'ils ne devraient en avoir. Malgré quelques touches sentimentalistes un peu éventées aujourd'hui, Détour est une très bonne surprise exhumée par les éditions Rivages, qui par certains aspects prône une absence de morale. Le roman a en son temps été adapté au cinéma par Edgar G. Ulmer avec quelques libertés - le film est un récit à une voix et perd toute la substance transgressive tout en étant un bon film noir. Un autre écrit de Martin M. Goldsmith deviendra L'Énigme du Chicago Express, brillant film noir sous la direction de Richard Fleischer. C'est dire !

Citation

Vous voyez à ce stade j'avais fait exactement ce que la police s'attendait à ce que je fasse si j'étais coupable – sauf que je ne l'étais pas. Ça paraît dingue, présenté comme ça, mais le seul moyen que j'avais de ne pas être condamné pour des actes que je n'avais pas commis, c'était de les commettre. Je n'avais pas le choix. Enfin, techniquement, si. Je pouvais choisir entre la survie et le suicide.

Rédacteur: Julien Védrenne vendredi 05 janvier 2018
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