L'Étoile jaune de l'inspecteur Sadorski

S'il avait pu étirer ses lèvres qui pour l'heure n'existaient plus qu'à l'état de rature écarlate et noir, il aurait souri. Et s'il avait eu la totalité de ses incisives, il aurait montré les dents.
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Roman - Policier

L'Étoile jaune de l'inspecteur Sadorski

Historique - Social - Guerre MAJ mardi 02 janvier 2018

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21,5 €

Romain Slocombe
Paris : Robert Laffont, août 2017
502 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-221-18776-0
Coll. "La Bête noire"

Mauvaise étoile

Nous retrouvons l'antipathique anti-héros de Romain Slocombe exactement là où nous l'avions laissé à la fin de L'Affaire Léon Sadorski, le premier tome de la grande série ambitieuse de l'auteur sur la Seconde Guerre mondiale racontée à travers le quotidien d'un policier parisien antisémite à la botte de la Gestapo. L'inspecteur Sadorski est en congés suite à une blessure par balle mais il va devoir reprendre du service plus tôt que prévu... Une bombe a explosé dans un bistrot fréquenté par des policiers, et un cadavre de jeune femme est découvert dans les bois par l'inspecteur lui-même alors qu'il pique-nique avec son épouse. Alors qu'il mène ces deux enquêtes en parallèle, la terrible rafle du Vel d'Hiv se prépare... Les juifs sont déjà contraints de porter une étoile jaune sur leurs vêtements depuis quelques semaines.
Une nouvelle fois Romain Slocombe nous embarque dans un récit aussi captivant que saisissant et, alors que cela semblait impossible, nous enfonce un peu plus dans l'horreur de la Seconde Guerre mondiale. Les années sombres qu'ont connues l'Europe, et ici la France, semblent être entourées d'un brouillard visqueux où l'atrocité des hommes règne et duquel on ne perçoit pas encore d'échappatoire. Dans cet univers malsain, l'inspecteur Sadorski évolue bon gré mal gré et tente d'accomplir son devoir en restant le plus fidèle possible aux ordres de la Gestapo, tout en s'octroyant quelques écarts pour son profit personnel. Chaque faille, chaque once d'humanité que nous pourrions déceler furtivement est aussitôt balayée par l'avarice ou la concupiscence du personnage. S'il cache sa jeune voisine juive chez lui, et dont il a lui-même envoyé la mère en détention, ce n'est pas par bonté mais par instinct purement bestial et qui ne nous laisse aucun doute sur le fait que cette enfant n'est pas en sécurité auprès de cet homme infâme.
À noter dans cet ouvrage passionnant deux moments culminants : une scène de filature digne des plus grands films noirs à travers Paris et sa banlieue, l'action décrite dans un style qui claque comme les talons aiguille de la proie sur les pavés parisiens. Et bien évidemment la rafle du Vel d'Hiv qui y est racontée dans les moindres détails, de la préparation de cette opération aux conditions de détention abominables dans l'enceinte sportive. Un grand moment d'Histoire et de littérature.

Citation

Veuillez croire, Monsieur le chef de la Gestapo, à mes civilités empressées, ainsi qu'à mes sentiments très respectueusement nationaux-socialistes.

Rédacteur: La Rédaction mardi 02 janvier 2018
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