Le Rouge n'est pas qu'une couleur

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vendredi 29 mars

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Roman - Policier

Le Rouge n'est pas qu'une couleur

Vengeance - Drogue - Procédure MAJ jeudi 17 novembre 2016

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 0 €

Chris Nerwiss
Paris : Lajouanie, novembre 2016
260 p. ; 19 x 13 cm
ISBN 978-2-37047-076-8
Coll. "Roman policier, mais pas que"

Carte postale du Cambodge

Clara Boiron est une femme déterminée, coriace, volontaire, bref c'est une femme de caractère. Et du caractère il en faut pour diriger une équipe de la brigade criminelle à trente-trois ans, pour affronter les pires horreurs dont l'Homme est capable quand on a déjà été soi-même confronté à l'ignoble. Clara s'est réveillée un matin sur les quais de Seine après avoir été battue et violée. Ses agresseurs, elle n'en n'a aucun souvenir. Ils n'ont jamais été retrouvés. De là est né la vocation de la femme flic, bien décidée un jour ou l'autre à leur mettre le grappin dessus. Clara bosse sérieusement, traitant quasiment ses enquêtes comme des cas personnels. Elle n'est pas du genre à se laisser emmerder et cache sa fragilité derrière un air décidé. Elle veut que justice soit rendue et les dégueulasses mis hors d'état de nuire. D'autant que son job est quasiment toute sa vie. L'ascenseur ne monte plus jusqu'à l'étage vie privée depuis que le contrecoup de son agression a créé du dérangement. Ou s'il monte c'est pour redescendre dans la foulée. Clara ne construit rien. Les hommes ne la dégoûtent pas mais ils passent et elle ne les laisse pas s'arrêter. Professionnellement, la voilà en piste sur une sale histoire. Une jeune femme, eurasienne, née à Paris, nommée Noy Chan, est retrouvée chez elle avec la tête transformée en compression de César. Le meurtrier, un vrai sadique, lui a défoncé le crâne avec un objet genre marteau. Thierry Chesnais est commandant à la brigade des Stups ("J'suis tombé sur des cops, ils ont cherché mon spliff, ils ont trouvé mon paf..." etc.), on le surnomme le "Che" parce qu'il pense, et le dit, que pour lutter efficacement contre le trafic de drogue il vaudrait mieux l'attaquer là où ça fait le plus mal dans un système capitaliste : son économie. Le "Che" est un vrai chef, respecté, qui ne mâche pas ses mots, qui ne s'embarrasse pas de superflu et qui fait son job. Un dur. Il enquête sur la mort par overdose de Guillaume Beckner, un publicitaire qui aurait été apparemment victime d'une seule prise d'héroïne.
Chris Nerwiss nous livre un roman noir bien rouge. Rouge comme le sang, rouge comme la passion que les deux personnages principaux vouent à leur boulot, rouge comme le communisme et les massacres que cette idéologie, pourtant merveilleuse sur le papier, a pu répandre sur son passage quand elle était la proie de despotes, rouge comme les Khmers enfin. Polar de facture classique en apparence avec son lot de suspense, d'action, de rebondissements, de crimes crapuleux, de poursuites, d'enquête méthodique, d'indices, de méchants, de héros/héroïne attachants (que j'ai personnellement très envie de retrouver pour un autre épisode), de passé tourmenté, Le Rouge n'est pas qu'une couleur s'aventure pourtant bien au-delà des frontières du genre. L'auteur, tout en nous plaçant dans un repère précis avec des dates et des événements authentiques, nous fait perdre la tête en nous emportant dans une fiction qui prend ses racines dans le jardin de l'Histoire. Si après la Seconde Guerre mondiale, le monde occidentale plongea dans une guerre froide, le continent asiatique connut, lui, une période particulièrement brûlante avec des conflits sanguinaires et répétitifs. Du Cambodge on ne sait pas grand-chose. Si ce n'est que les Khmers Rouges et leur chef Pol Pot le dirigèrent d'une main assassine de 1975 à 1979. Plus d'un million de gens furent massacrés et plusieurs milliers d'autres émigrèrent... Certains en France. Entre Paris et le Cambodge, les séquelles et la vengeance voyagent.

Citation

Clara était sous le charme. À force de côtoyer l'horreur, elle en avait fini par se persuader que l'homme n'était que souffrance. Et l'échec de sa vie sentimentale était sans doute lié à cette croyance. Ducamp venait de lui remettre du baume au cœur. Après cette enquête, elle prendrait des vacances quelque part en Asie afin de remettre les compteurs à zéro.

Rédacteur: François Legay jeudi 17 novembre 2016
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