Je l'ai appelée chien

Ignorant la route de sa demeure, il bifurqua sur un chemin qui serpentait entre les vallons. D'un côté, les prés désertés par les troupeaux, de l'autre, les vastes champs. Dans la blafarde lumière de l'aube, les collines majestueuses en imposaient dans leur manteau immaculé. Si l'on observait attentivement, on pouvait apercevoir la terre qui respirait imperceptiblement.
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vendredi 19 avril

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Roman -

Je l'ai appelée chien

Politique - Social - Guerre MAJ lundi 13 juin 2016

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21 €

Marli Roode
Call It Dog - 2013
Traduit de l'anglais (Afrique du Sud) par Fabienne Duvigneau
Paris : Rivages, avril 2016
382 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-3619-7
Coll. "Thriller"

Domestiquer sa douleur

Depuis les temps bibliques, nous avons en tête l'image du fils prodigue. Mais pourquoi n'y aurait-il que les enfants mâles qui soient dans cette situation ? C'est sans doute ce que doit penser Jo Hartslief, une jeune journaliste qui se retrouve en Afrique du Sud, contactée par son père qui a disparu de la circulation depuis des années. Nico n'a pas été un père facile, et elle débarque avec beaucoup d'appréhension. Cette appréhension se confirme lorsque son père lui présente son passé. Il a été impliqué sans le vouloir dans la guerre sale qui a opposé les forces blanches d'Afrique du Sud aux diverses factions armées qui voulaient renverser le régime de l'Apartheid. Comme tout citoyen blanc, Nico a collaboré avec le régime mais il faut avoir un très grand manche à sa cuillère si l'on veut goûter dans la casserole du Diable. Toujours est-il qu'aujourd'hui, il est menacé, peut-être par les membres d'un commando qui a utilisé ses services et qui veut faire taire une source de renseignements ou peut-être par les bras droits d'un puissant homme politique noir dont le fils a disparu mystérieusement durant les années sombres de la répression.
Avec cette situation de départ, Marli Roode joue sur du velours pour un premier roman ambitieux. D'un côté, elle nous montre la fuite à travers les paysages de l'arrière pays afrikaaner de deux personnes que tout oppose mais qui doivent finalement se réconcilier et trouver un terrain d'entente, dans la pure tradition du thriller classique. Ce sera un road movie calme. De l'autre côté, une série de flashbacks ou de discussions permettent de remettre en perspective la version locale des "années de plomb" à travers le cas très précis d'un homme enlevé et torturé sans autre finalité que de créer de la pression. Marli Roode est maline et elle sait parfaitement nous emmener dans les méandres de cette histoire, à travers deux personnages très bien dessinés. Autant Jo est une jeune idéaliste qui essaie (et ce n'est sans doute pas un hasard si elle est journaliste) de comprendre le monde dans lequel elle vit, autant Nico est perdu dans ses certitudes d'homme blanc, raciste, misogyne et homophobe. Est-il même capable de tourner la page ou de faire autre chose que de mentir ou de tromper sa fille, comme il n'a eu de cesse de tromper son monde sa vie durant ?
Le récit qui reste sobre dans sa dénonciation de la violence aveugle joue avec les rebondissements générés par les mensonges successifs, les strates diverses que développe Nico, comme celles d'un gouvernement qui a caché la vérité et qui a tenté de conserver son pouvoir sur la population. Le père est si corrompu par la politique de son pays qu'il ne peut lui même être que manipulateur et le récit se conclut sur des vérités et des réalités douces et amères, à l'image de la vie. Pour un début, c'est un début très prometteur.

Citation

Mon père m'a menti, encore. Je ne sais si je dois être déçue ou soulagée.

Rédacteur: Laurent Greusard lundi 13 juin 2016
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