Qui en veut au marquis de Sade ?

Le temps semble filer plus vite à mesure qu'on vieillit. C'est comme une émission qui passerait en boucle, tous les soirs de la semaine. Mon métabolisme n'a jamais le temps de récupérer entre deux cuites. On s'en fout, je bois surtout du vin, et le vin, c'est bon pour la santé.
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vendredi 29 mars

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Roman - Policier

Qui en veut au marquis de Sade ?

Historique - Assassinat - Révolution MAJ mercredi 23 mars 2016

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Inédit

Tout public

Prix: 8 €

Frédéric Lenormand
Paris : J'ai lu, novembre 2015
288 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-290-09855-4
Coll. "Policier", 11223

Une jeune fille dans les débuts de la Révolution

Au printemps 1789, le marquis de Sade est emprisonné depuis douze ans à la Bastille où Renée-Pélagie, son épouse, et Laure, sa fille de dix-huit ans, lui rendent visite chaque semaine, apportant ce qu'il réclame. Elles logent au couvent de Sainte-Aure et les visites au prisonnier sont leur principale sortie. Pour satisfaire de nouvelles exigences du marquis, elles sont dans le Faubourg Saint-Antoine où éclatent deux émeutes. Fuyant la répression conjointe de gardes suisses et d'un régiment de cavalerie, elles se réfugient dans le premier vestibule non verrouillé. C'est en cherchant une cachette que Laure voit le corps nu d'une femme martyrisée et un homme vêtu comme un Arlequin qui la regarde fixement. Elle part en courant, récupère sa mère terrorisée et trouve refuge dans le cabinet d'une voyante qui lui prédit des événements extravagants. À la Bastille, elles ont à faire à un prisonnier de fort méchante humeur car il manque des objets dans ce qu'elles apportent. Quand Laure raconte à son père la scène qu'elle a surprise, il compulse discrètement un manuscrit en murmurant : "Une coïncidence étrange... vraiment étrange." La semaine suivante, c'est accompagnée d'une seule religieuse que Laure part pour La Bastille. Elle s'empresse de semer cette dernière mais est rejointe par un homme porteur d'une lettre de son père. Celui-ci présente l'homme comme un serviteur chargé de l'aider à réunir la commande de la semaine. C'est cette nouvelle exigence de son père qui entraine Laure dans une série d'aventures où cette jeune fille doit faire preuve de présence d'esprit, de capacité d'adaptation pour se sortir des situations périlleuses où la place les circonstances.

Bien connu pour ses séries fort humoristiques comme "Les Nouvelles Enquêtes du Juge Ti" (Points), "Voltaire mène l'enquête" (Jean-Claude Lattès), Frédéric Lenormand continue d'explorer l'Histoire et de lui faire, selon l'expression prêtée à Alexandre Dumas, de beaux enfants. Il s'attache dans ce nouveau roman (premier tome d'une nouvelle série ?) sur les pas de la fille du marquis de Sade, lui faisant vivre des aventures échevelées, voire rocambolesques. Il en fait une jeune fille moderne au caractère trempé, qui se trouve propulsée, malgré elle, dans des situations dramatiques. Elle est contrainte d'aider son père à s'évader, de rechercher des manuscrits, des pierres précieuses, de défaire un réseau de contrebandiers, une conspiration... Toutefois celles-ci, contées de façon si humoristique, perdent un peu leur côté tragique. L'auteur joue avec le second, voire un troisième degré pour mettre en scène des réflexions à la saveur savoureuse quand, par exemple, elle émet des avis sur des faits, des actions comme si elle connaissait l'avenir. Le romancier l'entoure de deux personnages singuliers, un escroc extravagant et un policier au caractère réservé qui s'attache aux pas de l'héroïne, la protégeant du mieux qu'il peut. La concurrence entre ces deux quidams dissemblables est alimentée par l'intérêt sentimental qu'ils portent à Laure.
Frédéric Lenormand installe la fille du marquis dans un rôle où elle est au contact très fréquent avec un père qui, dans la réalité, s'est peu intéressé à ses trois enfants. S'il demande leur portrait, des modèles de leur écriture, il ne suit épisodiquement que la formation de son fils aîné. Celle de sa fille ne l'intéresse pas. En revanche, les enfants ignorent où se trouve leur père, la mère ayant déclaré, une fois pour toutes, qu'il était en voyage. Toutefois après sa libération, alors qu'il devient un révolutionnaire patenté, il leur rend visite régulièrement au couvent. Il dresse, dans une de ses correspondances, un portrait sans bienveillance de Laure. L'auteur intègre, dans son intrigue, les manuscrits du marquis, ces feuillets où, d'une écriture minuscule, il couchait tous ses fantasmes sexuels et de domination. Le parcours de ceux-ci, pour les rares qui ont été retrouvés, en particulier celui de Cent Vingt Journées de Sodome, relève du rocambolesque.
Truculent, drolatique, ce récit est narré a un rythme enlevé, tonique. Frédéric Lenormand n'hésite pas à utiliser tous les ressorts des aventures romanesques usant d'un ton humoristique, d'une verve qui ne se démet pas tout au long du roman.

Citation

Grosse inquiétude. Chez mon père, les formules sucrées telles que "ma chère enfant", ont pour but de me faire avaler quelque médecine amère. Ma mère en a bu plus souvent qu'à son tour.

Rédacteur: Serge Perraud mardi 02 février 2016
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