Innocent breuvage

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Roman - Policier

Innocent breuvage

Historique - Énigme MAJ vendredi 13 novembre 2015

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 18 €

Michèle Barrière
Paris : Jean-Claude Lattès, octobre 2015
256 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-7096-4905-6
Coll. "Romans historiques"

François Rabelais enquêteur ?

En ce mois d'août 1536, à Valence, le fils préféré de François Ier meurt rapidement. Il avait dix-huit ans. Cette disparition est si brutale que tout le monde y voit la main du diable, en l'occurrence celle de Charles Quint. Celui-ci est en Provence alors que soixante mille hommes de l'armée de François attendent ses ordres en Avignon. La rumeur d'un empoisonnement déferle et c'est Sébastien de Montecuculli, l'échanson du dauphin, qui est accusé. N'est-ce pas lui qui prépare les boissons et surveille les plats du prince ? Italien, n'est-il pas le ressortissant d'une nation réputée pour ses philtres et ses poisons ? En plus de ses opinions sur le conflit en cours, il est venu dans les bagages de Catherine de Médicis et a été au service de l'empereur. Quentin, qui était présent quand le dauphin s'est désaltéré, est convaincu de l'innocence de son ami. Intervenant auprès du roi, il se rend compte que celui-ci a besoin d'un coupable. Des médecins royaux ont pratiqué une autopsie, mais leurs conclusions quant à des traces de poisons, restent floues. L'un d'eux, devant l'insistance de Quentin, finit par lui donner le nom du Dr Rabelais, le meilleur d'entre eux, selon lui. Pour Quentin, commence alors un parcours difficile. Il faut d'abord convaincre ce médecin de le suivre jusqu'à Valence. Et Rabelais est tellement imprévisible... Parviendront-ils à prouver l'innocence de Sébastien ?

Dans leur soif de conquêtes, la rivalité entre François Ier et Charles Quint tourne à l'obsession que ce soit pour l'un comme pour l'autre. L'action se déroule en 1536, soit dix ans après l'emprisonnement de François, vaincu à Pavie. Il a été libéré mais a dû laisser ses deux enfants en otage jusqu'au versement de la rançon, une somme fabuleuse. La romancière évoque la vie de ces enfants passant d'une vie princière à celle de détenus en proie à la misère, et les frustrations qu'ils ont subies. Après la Paix des Dames qui avait duré sept ans, la guerre entre les deux souverains a repris pour un motif futile.
Michèle Barrière invite François Rabelais dans son intrigue. Elle décrit toute sa gouaille, ses envolées lyriques et drolatiques tel qu'il en a nourri son œuvre. Elle a si bien appréhendé la personnalité de ce personnage hors normes qu'elle "fait du Rabelais". On retrouve toute la truculence qui transparaît dans les écrits du docteur, cet ancien moine qui professait des idées et avaient des théories très en avance sur son temps, tant en matière de médecine que pour la vie quotidienne.

Bien sûr, la cuisine, la composition et la préparation des mets occupent toujours une place de choix. Michelle Barrière donne la vision qu'en avaient les médecins, supposant tels ou tels bienfaits ou méfaits. La viande de chèvre pouvait donner le choléra, celle du bœuf l'éléphantiasis, la lèpre... Mais, elle introduit, avec cette suspicion d'empoisonnement, les contrepoisons recommandés à l'époque, dont elle détaille le contenu. C'est hilarant et effrayant. Hilarant parce que l'imagination des médecins était sans limites et sans retenues dans le ridicule, effrayant parce qu'on faisait ingurgiter ces mélanges qui devaient faire plus de mal que de bien, effrayants parce que ce ne sont plus des médecins, mais des chimistes qui concoctent de tels mélanges que l'agroalimentaire nous fait aujourd'hui avaler. Enfin, elle décrit, sans fards, les conditions d'enfermement et les traitements subis par l'échanson, les conséquences sur les populations locales de la politique de la terre brûlée.
Outre une intrigue de belle facture menée avec maîtrise et un art certain du récit, Innocent breuvage fourmille d'informations et met en scène un personnage hors du commun. Ce quatrième volet des enquêtes du maître d'hôtel de François Ier se dévore avec autant de plaisir que certains des mets présentés.

Citation

Quel extraordinaire repas ! Deux cent deux plats ! Souviens-toi, le banquet a commencé à 9 heures du soir et s'est terminé à 5 heures du matin. Des lions en massepain grandeur nature avaient été installés devant des tables jonchées de pierres précieuses.

Rédacteur: Serge Perraud mercredi 28 octobre 2015
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