Jeu mortel

Vous faites irruption avec votre faux moignon et vos petites astuces, monsieur Qui-Que-Vous-Soyez, pour vous présenter finalement sous le nom de Vidocq, et moi censé vous croire ! Rien ne m'y oblige.
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jeudi 18 avril

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Roman - Noir

Jeu mortel

Huis-clos - Chantage MAJ mercredi 28 octobre 2015

Note accordée au livre: 5 sur 5

Poche
Réédition

À partir de 12 ans

Prix: 6,8 €

Moka
Paris : L'École des loisirs, juin 2015
238 p. ; 19 x 13 cm
ISBN 978-2-211-22277-8
Coll. "Médium"

Cherchez l'intrus

Institution reconnue et fréquentée depuis des générations par les filles de riches médecins, hommes d'affaires ou politiques, l'école Saint-Charles accueille dans un cadre luxueux et selon des codes très stricts les héritières de noms prestigieux. Parmi elles, Arielle Lefranc, qui pour sa part ne dispose pas de particule à son nom ou de parents fortunés. Sur la base d'un mensonge asséné crânement le jour de la rentrée – elle affirme sur un coup de tête que son père est un important homme d'affaires, la vie d'Arielle à Saint-Charles s'organise rapidement : accueillie dans le groupe des Aristos, elle va devoir s'opposer farouchement et ouvertement aux membres des deux autres formations qui se répartissent les pensionnaires, les Parvenues et les Intouchables. La voici donc contrainte d'adopter un comportement codifié et de se soumettre aux règles édictées par celle qui a été désignée chef. Une véritable guerre des clans qui sévit depuis des générations grâce à la bienveillante indifférence du personnel de l'établissement qu'Arielle ne comprend pas bien mais qui, une fois ses premières réticences dépassées, finira non seulement par l'amuser, mais également par la conduire à accepter le pire.
On a l'habitude de l'entendre, les enfants et les ados sont impitoyables les uns envers les autres. Moka, auteur pour le moins talentueux, part de ce postulat pour développer une intrigue d'un réalisme effrayant qu'il ancre dans un pensionnat pour jeunes filles de bonnes familles. L'importance du cadre – cet établissement prestigieux et renommé - dans ce roman noir est fondamentale et ce dernier justifie à lui seul de pouvoir qualifier Jeu mortel de chef d'œuvre. Pourtant, Moka ne s'arrête pas là, et fait s'y perpétrer non seulement un meurtre mystérieux, qu'Arielle et certaines de ses compagnes vont s'efforcer de démêler, mais en fait aussi le cadre d'un jeu de manipulation remarquable. Chaque jeune fille défend et entretient une bonne réputation tout en acceptant de jouer un rôle spécifique dans le jeu des alliances et conflits qui agitent Saint-Charles. Mensonges et faux-semblants rythment la vie de ces jeunes filles apparemment sans histoire et, à force de les accepter, il va falloir à certaines, dont Arielle, renier des valeurs ou se résoudre à des compromis qui pourtant leur répugnent, certains les mettant même hors la loi. Moka fascine dès les premières pages par la description de cet univers de jeunes filles bien nées, mais redoutables de méchanceté et d'ambition. On est happé et fasciné par le jeu auquel toutes se prêtent de plus ou moins bon cœur et dont les règles, parfois, les mettent en danger. Pour ne pas être mise au ban, Arielle la première ment et manipule, joue un rôle dont finalement elle ne sait vite plus où il s'arrête. Avec un sens de l'analyse et une froide objectivité, Moka nous ouvre les portes d'un monde qui, s'il ne nous est pas coutumier, n'en reste pas moins familier dans la plupart de ses aspects. On sort de cette lecture avec un sentiment de malaise diffus mais très présent, se demandant jusqu'où, nous aussi, nous pourrions aller pour être accepté dans un groupe que nous nous refusions, initialement, à intégrer. Entre secrets et mensonges, Jeu mortel nous entraine bien malgré nous dans un univers effrayant et effarant, mettant en lumière les pires effets de la manipulation de groupe, si bien menée qu'aucun ne parvient clairement à la définir. Un frisson vous parcourt ? Ce n'est que le début si vous vous lancez dans la lecture de ce titre...

Citation

Arielle se leva aussitôt. Elle savait qu'il était inutile de protester. Elle avait bien deviné : elle devait subir un bizutage. Elle partit au hasard dans le bois [...] Et soudain, tout cela lui parut d'une sinistre connerie.

Rédacteur: Catherine Thiéry samedi 24 octobre 2015
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