Low Down - Jazz, came, et autres contes de la princesse be-bop

Le diable ne se cache pas dans les détails. Le mal prospère dans les angles morts. Il se nourrit de l'absence, des espaces négatifs, un peu comme le flou qui règne autour des mains d'un prestidigitateur. Les détails, quant à eux, sont l'œuvre du Seigneur. Et mon job à moi consiste justement à maintenir l'ordre dans ces détails.
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Essai - Noir

Low Down - Jazz, came, et autres contes de la princesse be-bop

Musique - Prison - Drogue MAJ mercredi 16 septembre 2015

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19 €

Amy Jo Albany
Low Down: Junk, Jazz, and Other Fairy Tales from Childhood - 2014
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Clélia Laventure
Paris : Le Nouvel Attila, septembre 2015
192 p. ; 20 x 14 cm
ISBN 978-2-37100-016-2

My Funny Amy Jo

Les témoignages directs sur les grands musiciens de jazz sont assez rares, surtout quand ils émanent de leurs proches. Après tout, dira-t-on, que peut livrer aux lecteurs un musicien en dehors de son travail ? Et même, que peut bien révéler sa vie sur sa musique ? Vie, musique : d'un côté, le chaos d'une âme tourmenté jusqu'à l'incandescence ; de l'autre, un phrasé enchanteur, élégant, sublime, tout cela tenu au bord d'un précipice... Eh bien, c'est un peu cela la vie et la musique de Joe Albany, et c'est sa fille, Amy Jo, qui essaye de recoller les morceaux d'un destin pulvérisé par la drogue, à l'exemple de Chet Baker, son vieil ami, qui le suivra quelques jours plus tard dans la tombe où il se tenait déjà plus ou moins.
Le père, la fille : par qui commencer, puisqu'ils sont inséparables ? À la fin des années 1950, Joe Albany est reconnu comme un grand du be-bop ; un Charlie Parker du piano en quelque sorte, un Blanc qui joue avec des Noirs, comme son condisciple Red Rodney (sublime trompettiste au passage !), chose assez mal vue à l'époque, puisqu'on n'en est pas encore aux droits civiques. Joe Albany, as du clavier, est aussi un parfait connaisseur d'Arnold Schoenberg et du jeu un brin dilettante d'Arthur Rubinstein ; rien que ça, mais c'est déjà beaucoup. Pour Amy Jo, sa fille adorée, tout commence à tourner vinaigre quand sa mère prend définitivement le large du domicile familial. Joe s'installe à Los Angeles, la ville des anges avec de la poudre plein le nez. Mais déjà, tandis que les années 1960 vivent au rythme des Stones et des Beatles, le be-bop est en passe d'appartenir au passé. Pendant cette période, Joe Albany mène une carrière chaotique, entre cures de désintox, séjours en prison et cachets de musicien de bar dans des hôtels miteux pour un public qui ne sait pas qui il est et qui s'en contrefout royalement. Pendant ce temps aussi, la petite Amy Jo grandit et grandit aussi l'amour qui l'unit à ce père célibataire et cabossé de partout.
Low Down est d'abord l'histoire de cet amour filial que les épreuves ne démentiront jamais. Écrit en courts chapitres, il déroule des moments et des souvenirs à travers le double regard de la petite fille et de la femme qu'elle est devenue. Ce qui est surprenant, c'est l'extrême maturité que Amy Jo finit par acquérir très vite ; un brin facétieuse, elle ne s'étonne de rien, ne geint pas et garde toujours pour son père ce regard bienveillant qui lui permet d'avancer malgré les coups de blues.
Dans le courant des années 1970, Joe Albany est en tournée en Europe et retrouve ainsi un peu de sa gloire passée. Amy Jo, elle, est devenue une adolescente difficile qui enchaîne les petits boulots pour partir à New York. À la fin du livre, le charme qui les unissait apparaît quelque peu rompu : les yeux de Joe ne sont plus que des "pierres ternes et incolores". Fin du chorus ou presque... Amy Jo reverra sa mère à New York, mais ce sera pour la fuir...
Low Down n'est pas seulement un livre : c'est aussi un film sorti à Los Angeles en 2014, produit par deux musiciens des Red Hot Chili Peppers, avec Glenn Close, John Hawkes et Elle Fanning. Espérons qu'il sortira un jour en France. Film, livre, musique : quoi de mieux pour honorer la mémoire de Joe Albany et redécouvrir sa discographie ?

Citation

J'étais Princesse be-bop selon Papa, d'ascendance musicale royale, fille du légendaire Joe Albany. J'avais l'oreille exercée et dans mes veines coulait le sang le plus bleu, le plus mélodieux.

Rédacteur: Pascal Hérault mercredi 16 septembre 2015
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