Histoire de mes assassins

Écoute ça. Il [Gauguin] écrit qu'il est venu aux îles Marquises car on peut y trouver des modèles pour une poignée de bonbons. Des gamines sans défense, des filles toujours plus jeunes qu'il entraîne à l'étage de sa case entièrement tapissée de photos porno pour leur faire l'amour. Quel porc ! Quand tu sais qu'en plus il était syphilitique et qu'il avait le corps couvert de plaies...
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jeudi 28 mars

Contenu

Roman - Policier

Histoire de mes assassins

Politique - Humoristique - Religieux - Enquête littéraire MAJ jeudi 03 septembre 2009

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 25 €

Tarun J. Tejpal
The Story of my Assassins - 2009
Traduit de l'anglais (Inde) par Annick Le Goyat
Paris : Buchet Chastel, septembre 2009
590 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-283-02283-2

Une infinité de petits pions...

Le nouveau roman de Tarun J. Tejpal réserve autant de poésie, de dépaysement que son premier roman, salué par la critique et par 300 000 lecteurs en France. Dans Loin de Chandigarh, l'histoire d'amour du narrateur prenait toute la place. Ici, bien que le narrateur soit à nouveau le personnage central, Tarun J. Tejpal choisit de s'éloigner de lui pour nous conter les cinq vies de ces cinq acolytes d'un jour.
Un attentat avorté contre le narrateur, journaliste indien à Dehli, est le prétexte à ce voyage dans l'Inde contemporaine. Il s'affronte à sa maîtresse, Sara, seule figure féminine du roman, qui prend le parti des cinq assassins. Elle leur rend visite en prison pendant leur procès, et lui rapporte leur histoire personnelle. Cinq laissés pour compte, l'un issu du servage, l'un abandonné dans un train, tel autre voleur sur les quais de la gare de Delhi, qui héritier des égarements d'un père musulman, qui vengeur du viol subi par ses sœurs. Ces cinq destins se retrouvent, malgré eux, au cœur de cette intrigue. Tarun J. Tejpal les rend lumineux et attachants car c'est un humaniste ; il les aime.
Par son écriture dense et folle, il réussit à nous faire rire – et aussi grincer des dents - de la misère humaine et un "lever de drapeaux" se révèle la pire scène de torture. Il manie la langue de manière ludique, invente des mots, nous abreuve d'expressions jubilatoires, use de tournures métaphoriques et poétiques. Ainsi un drap souillé de sperme devient "maculé d'un million de bonheur". Il y a de l'Albert Cohen – Mangeclous, Belle du Seigneur - dans ce style drôle, enlevé, détaillé. Tarun J. Tejpal est généreux, quitte à trop en faire parfois, et pour qui a goûté une fois l'Inde, celui-ci retrouvera les odeurs, les couleurs bigarrées, la chaleur et les bruits de ce pays complexe et bouleversant.

Citation

Je t'ai toujours dit qu'il vaut mieux faire en sorte d'être la bouche plutôt que la mangue, dit Guruji. La mangue est bonne mais c'est la bouche qui savoure. Quelle que soit la perfection du fruit, c'est la bouche qui le mange, lentement ou rapidement ou pas du tout. J'espère, mon fils, que tu n'as pas fait de cette femme la bouche

Rédacteur: Axelle Simon lundi 17 août 2009
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