Voici le temps des assassins

Deux thèmes agitaient les conversations : la Grand Prix du roman de l'Académie, et les prochaines élections au siège vacant. Il s'agissait de deux sports où leur rouerie et leur perversité pouvaient trouver leur totale expression.
Nathalie Rheims - Le Fantôme du fauteuil 32
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jeudi 28 mars

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Roman - Noir

Voici le temps des assassins

Politique - Braquage/Cambriolage - Vengeance MAJ jeudi 23 avril 2015

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 18,5 €

Gilles Verdet
Paris : Jigal, février 2015
232 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 979-10-92016-32-1
Coll. "Polar"

Actualités

  • 27/06 Prix littéraire: Sélection 2015 du Prix Polar Michel Lebrun
  • 27/02 Édition: Parutions de la semaine - 27 février
    Si la semaine est marquée par la parution du nouveau roman de Catherine Bessonard à L'Aube et par les nouveautés Jigal, notre choix se portera cela dit sur Dans la colère du fleuve, de Tom Franklin & Beth Ann Fennelly (Albin Michel, "Terres d'Amérique"). Pourquoi ? Parce que dans ce roman âpre il y a tous les ingrédients qui font que l'on aime le roman de terroir américain avec ses situations que l'on ne trouve nulle part ailleurs sur fond de disparition et de bootlegger. Et puis parce que la collection "Terres d'Amérique" est véritablement une belle collection. Pour le reste, nous vous conseillons pèle-mêle d'aller faire un tour du côté des poches mais également en littérature (théorie & études) où vous trouverez deux essais sur Graham Greene et Antoine Blondin.
    Sinon, comme d'habitude, faites votre choix !

    Fictions adulte grand format :
    Trait bleu, de Jacques Bablon (Jigal, "Polar")
    Complice involontaire ; suivi de L'Enlèvement au bercail, de Pierre Bassoli (Le Masque d'or, "Adrénaline. Arthur Nicot")
    Une valse pour rien, de Catherine Bessonart (L'Aube, "L'Aube noire")
    Le Maître du sceau, de Jean-Pierre Bocquet (Dervy)
    Le Teinturier de la lune, de Violette Cabesos (Albin Michel, "Romans français")
    La Résistible ascension de Marcello Ruffian, de Patrick Coulomb (Le Horsain, "Noir de suiTe")
    Tueurs de flics, d'Éric Dupuis (Les 2 Encres, "Sang d'encre. Les Uniformes bleus")
    Burn-out, de Didier Fossey (Flamant noir)
    Dans la colère du fleuve, de Tom Franklin & Beth Ann Fennelly (Albin Michel, "Terres d'Amérique")
    Une nuit trop douce pour mourir, de Maurice Gouiran (Jigal, "Polar")
    Il ne faut pas parler dans l'ascenseur, de Martin Michaud (Kennes)
    Les Arcanes de Miss Dalloway, de Jean-Marie Pen (Ex æquo, "Rouge")
    Danser avec le diable, de Maud Tabachnik (Albin Michel, "Spécial suspense")
    Voici le temps des assassins, de Gilles Verdet (Jigal, "Polar")
    Hyenae, de Gilles Vincent (Jigal, "Polar")

    Fictions adulte poche :
    La Palette de l'ange, de Catherine Bessonart (L'Aube, "L'Aube poche. L'Aube noire")
    Loupo, de Jacques Olivier Bosco (Jigal, "Jigal poche. Polar")
    Ceux qui tombent, de Michael Connelly (Le Livre de poche, "Policier")
    Prague fatale, de Philip Kerr (Le Livre de poche, "Policier")
    Les Poètes morts n'écrivent pas de romans policiers, de Björn Larsson (Le Livre de poche, "Policier")
    Gaufre royale, de Max Obione (Le Horsain)
    Le Diable à Westease, de Vita Sackville-West (Le Livre de poche, "Biblio roman")

    Bandes dessinées :
    L'Œil sourd de la Commune, de Sandrine Allier-Guépin (M. Companys)
    Les Grandes batailles, de Raoul Cauvin & Willy Lambil (Dupuis, "Les Tuniques bleues présentent...")
    Garth Ennis présente Hellblazer. 1, de Garth Ennis & Jack Kirby (Urban comics, "Vertigo signatures")
    Koralovski. 1, L'Oligarque, de Philippe Gauckler (Le Lombard, "Troisième vague")
    La Balade de l'Alamo, de Patrice Ordas, Patrick Cothias & Christelle Galland (Bamboo, "Grand angle. Moses Rose")
    Injustice : les dieux sont parmi nous. 2, Année 1 : 2e partie, de Tom Taylor, Mike S. Miller & Jheremy Raapack (Urban comics, "Urban games")
    Ex machina. 3, Réalité et fiction, de Brian K. Vaughan, Tony Harris & John Paul Leon (Urban comics, "Vertigo essentiels")
    Les Ombres, de Vincent Zabus & Hippolyte (Phébus, "Beaux livres")

    Littérature de jeunesse (documentaire) :
    Le Petit détective sur les traces de Jésus : à la recherche des indices, de Peter Martin & Peter Kent (Excelsis)

    Fictions jeunesse :
    Désigné coupable, de Jimmy Sabater (La Grande ourse, "Collection Stardust. Les Mystères du Forgrisant")

    Langue française :
    L'Argot des tranchées : d'après les lettres des poilus et les journaux du front, de Lazare Sainean (Banquises et comètes, "Courts d'histoire")

    Littérature (théorie & études) :
    Graham Greene : un écrivain dans le siècle, édité par Vincent Giroud (Presses universitaires de Franche-Comté)
    Roman 20-50. 58, Antoine Blondin : Un singe en hiver, Monsieur Jadis ou L'École du soir et Quat'saisons, études réunies par Catherine Douzou (Presses universitaires du Septentrion)

    Histoire de l'Europe :
    Plus forte que la mort : l'amitié féminine dans les camps : Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle, Odette Abadi, Simone Veil, Margarete Buber-Neumann, Odette Fabius..., de Marie-Josèphe Bonnet (Ouest-France, "Témoignages. Histoire")
    La Guerre finno-soviétique : novembre 1939-mars 1940, de Louis Clerc (Economica, "Campagne & stratégies")
    En jeu : histoire et mémoires vivantes. 4. Fin des camps : libération des déportés, dossier coordonné par Michel Fabréguet, Peter Kuon & Yves Lescure (Fondation pour la mémoire de la déportation-Presses universitaires du Septentrion)
    Du sang bleu dans les tranchées : expériences militaires de nobles français durant la Grande Guerre, de Bertrand Goujon (Vendémiaire, "Chroniques")
    Winston Churchill, de François Kersaudy (Tallandier, "Biographie")
    Nazisme, science et médecine, collectif (Glyphe, "Société, histoire et médecine")
    La Haine et la honte : journal d'un aristocrate allemand, 1936-1944, de Friedrich Reck-Malleczewen (La Librairie Vuibert)

    Criminologie & prisons :
    La Fille derrière le rideau de douche, de Robert Graysmith (Le Livre de poche)
    Les 3 crimes de West Memphis, de Mara Leveritt (L'Archipel)
    La Mondialisation criminelle, d'Alain Tarrius (L'Aube, "Monde en cours. L'Urgence de comprendre")

    Politique, conditions et conjonctures politiques & personnages politiques :
    Jihad academy, de Nicolas Hénin (Fayard)
    Argentine : mémoires de la dictature, de Nadia Tahir (Presses universitaires de Rennes, "Des Amériques")

    Problèmes sociaux & sécurité publique :
    Crimes et châtiments dans l'État de sécurité : traité de criminologie politique, de Pierre Berthelet (Publibook.com, "Sciences humaines & sociales. Sciences sociales")
    Quand j'étais flic..., de Marc La Mola (Fauves)
    Liens : Loupo |Ceux qui tombent |Ceux qui tombent |Prague fatale |Les Poètes morts n’écrivent pas de romans policiers |Gaufre royale suivi de Marcel Bovary ou l'épreuve par neuf |La Fille derrière le rideau de douche |Trait bleu |Une valse pour rien |Burn-out |La Mondialisation criminelle |Didier Fossey |Maurice Gouiran |Maud Tabachnik |Gilles Verdet |Gilles Vincent |Jacques Olivier Bosco |Michael Connelly |Philip Kerr |Björn Larsson |Max Obione |Brian K. Vaughan | Hippolyte |Jacques Bablon

Ni langueur ni monotone

L'art tisse des liens entre les périodes et les êtres. On peut vivre aujourd'hui et avoir en tête, tournoyant et améliorant l'ordinaire, des vers de Rimbaud ou de Verlaine. L'histoire ouvre des perspectives entre les époques et les populations. C'est ainsi que la commune de Paris a été une période pendant laquelle certains ont tenté d'imaginer de nouvelles formes de gouvernance, de relations entre les gens. Mai-68 aussi, soit sur les barricades, soit en partant tenter l'aventure des communautés ouvertes. Mais la forme poétique de Rimbaud l'a poussé à fuir et devenir trafiquant d'armes à l'autre bout du monde, à confronter sa vision littéraire des bateaux ivres à la réalité de vieux cargos sur lequel il délire, unijambiste. Mai-68 a également été l'occasion pour un groupe de néo-ruraux de réfléchir à l'idée que l'art se doit d'être fait par tous et finalement à l'idée, un peu étrange, qu'il faut plutôt réaliser un autodafé des livres. De toutes ces utopies, ces rêveries, que reste-t-il en nos périodes tourmentées ? Peut-être le goût de cultiver l'amitié ?
En tout cas, c'est sans doute ce que pense Paul lorsqu'il accepte d'aider Simon. Simon est un flic, un peu borderline qui va bientôt mourir en laissant des dettes car il joue au poker. Aussi, pour assurer la vie de la future veuve de Simon, Paul va l'aider à réaliser le hold-up d'une bijouterie, sous la houlette de Bernard, metteur en scène et ami des deux. Mais un deuxième gang a la même idée au même moment, et Simon est abattu... Paul s'enfuit et, quelques jours plus tard, c'est Bernard qui est abattu à son tour. Paul lui-même est victime d'une tentative d'attentat. Or les assassins tuent leurs victimes en citant des poètes comme Verlaine ou Rimbaud et en faisant des références à la Commune insurrectionnelle. Paul va devoir enquêter sur son propre passé pour comprendre qui se cache derrière cette hécatombe...
Voici le temps des assassins offre une intrigue dont la structure est de facture extrêmement classique avec quelqu'un qui cherche à se venger, mais qui sous couvert d'être une future victime - ne sait pas ou plus pourquoi. Ce quelqu'un doit donc revisiter son passé et celui de ses amis pour comprendre. Gilles Verdet crée en plus une fausse piste extrêmement crédible qui complique la tache. Mais c'est surtout par le style et la volonté d'écriture que le récit va densifier son ossature : en s'appuyant sur la Commune de Paris, sur le bouillonnement intellectuel des poètes de la fin du XIX siècle et notamment ces deux phares que furent Verlaine et Rimbaud. Il y a même des renvois très fins : Rimbaud est parti aux confins de l'Arabie, et les tueurs de Simon interviennent en burqa ; l'une des victimes est devenue patron d'un abattoir rappel à la fois des militaires "bouchers de la Commune" et des vers rimbaldiens évoquant les carcasses de viande !
L'intrigue de Gilles Verdet intègre donc ces éléments disparates historiques ou poétiques non pas comme des plaquages abstraits mais comme des pièces d'un puzzle, sans lesquels le roman serait incomplet. Les vers ponctuent avec justesse le récit, s'intègrent avec soin dans le récit et l'Histoire nourrit l'histoire.

Nominations :
Prix Polar Michel Lebrun 2015

Citation

Toi ? Mais toi, t'es déjà mort... Regarde-toi ! Ta femme s'est barrée. T'es à demi-alcoolique... Tes amis sont morts... et t'es mouillé à fond dans une histoire de hold-up sanglant...

Rédacteur: Laurent Greusard jeudi 18 février 2016
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