Miettes de sang

Les barreaux qui la composaient étaient surmontés de pointes de fer : il y en avait exactement dix-huit sur chacun des battants. S'il avait été en forme - terme qu'il employait pour définir les moments où il n'avait pas sa crise -, il aurait escaladé la grille en moins de deux, sans le moindre effort.
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vendredi 19 avril

Contenu

Roman - Noir

Miettes de sang

Ethnologique - Assassinat - Corruption MAJ mardi 21 avril 2015

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 18 €

Claire Favan
Paris : Le Toucan, janvier 2015
408 p. ; 20 x 14 cm
ISBN 978-2-8100-0618-2
Coll. "Toucan noir"

Figures mythiques du genre

Dans une petite ville du Midwest américain, une série de décès secoue la communauté. Des gens sans histoire ont assassiné leurs proches avant de se donner la mort, et tous étaient liés au bureau de la police. Dany Myers, le lieutenant pas bien fûté, méprisé de tous y compris sa mère (qui lui reproche le départ de son père), s'acharne et décèlee d'autres morts suspectes. À force de ténacité, il découvre que le département tout entier était pourri jusqu'à la moelle. Avant sa disparition, son propre père était capitaine de la brigade, mais était-il au-delà de tout ça ou mouillé jusqu'à l'os ?
Votre serviteur-rédacteur n'avait guère goûté Le Tueur de l'ombre, deuxième roman de Claire Favan, qui était le prototype du thriller industriel incolore, inodore et insipide. Mais là, quitte à donner dans le scolaire, il y a un très net progrès depuis qu'elle est éditée au Toucan. Il faut cependant passer l'écueil d'une écriture simplifiée à faire passer Karine Giébel pour Gustave Flaubert. Une écriture qui s'en tient au verbe-sujet-complément sans l'ombre d'une description. Mais alors on s'apercevoit que, de par son dépouillement même, cette langue insuffle du rythme au récit ! Et puis surtout il y a les personnages : Claire Favan ressuscite deux figures mythiques du genre, le loser magnifique condamné dès la naissance, mais qui tente de s'affirmer en un ultime sursaut (l'auteure aurait cependant pu s'abstenir d'appeler un personnage Jim Thompson, on aurait malgré tout compris...), et la mère monstrueuse, possessive, égoïste et constamment sur le dos de son fils comme pour le punir d'exister, ce qui change de la doxa actuelle de la mère-courage forcément pure et virginale. On est plus proche de l'épure de roman noir que du thriller industriel et, si certaines résolutions se sentent venir, Claire Favan ose une conclusion d'une cruauté surprenante qui va jusqu'au bout de la logique du roman. Pour une fois qu'une romancière à (relatif) succès sort des sillons mille fois labourés du thriller industriel formaté, on ne peut qu'applaudir... et se surprendre à attendre la suite !

Citation

L'expression tapie au fond des yeux de Ben devient soudain limpide pour Dany. Il s'agit d'instinct de survie. Un réflexe vital, animé par une véritable masse de muscles sans conscience, dotée d'un insigne officiel et de toute la latitude légale pour agir. Face à ça, il y a Dany, dont la seule capacité reconnue par tous est celle de se rouler en boule et d'encaisser les coups.

Rédacteur: Thomas Bauduret lundi 20 avril 2015
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