La Loi des Sames

Le coup de le cacher bien en évidence en pensant que ça ne se verrait pas, c'est du n'importe quoi. Ça marche pas, mais alors pas du tout. Surtout quand le fouineur n'est pas au courant qu'il y a quelque chose de planqué.
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mardi 19 mars

Contenu

Roman - Policier

La Loi des Sames

Ethnologique - Social - Trafic MAJ lundi 02 mars 2015

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22,5 €

Lars Petterson
Kautokeino, en blodig kniv - 2012
Traduit du suédois par Anne Karila
Paris : Gallimard, septembre 2014
448 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-07-014229-3
Coll. "Série noire"

Un monde moins blanc que neige

Le livre est essentiellement narré à la première personne par la juriste Anna Magnusson, d'origine same par sa mère, jadis partie à Stockholm (le "Grand Sud" !) pour devenir institutrice et ayant de ce fait trahi sa communauté. Anna est appelée en Laponie (norvégienne) par sa grand-mère, Ottilia, pour participer à la défense de son cousin, Nils Mattis, de quatre ans son cadet, qui est à nouveau accusé de viol par une certaine Karen Margrethe. Sur la route, elle renverse par accident un renne qu'elle doit achever au couteau et elle est fraîchement accueillie par sa tante, Sara Marit, et l'intéressé lui-même, qui semble plus intéressé par la boisson que par sa défense. Quoi que se demandant ce qu'elle fait là, elle s'attarde sur place, se fait saboter sa voiture, apprend la mort de Karen Margrethe (de froid ou de médicaments) et découvre un cadavre dans un tas d'entrailles de rennes. Le reste du livre tourne autour des vols de rennes (mais ceci ne "regarde pas la police" et se règle entre soi), de l'inceste, de la drogue, de la corruption, etc. C'est ce qui fait que, bien que paru dans une "Série Noire" désormais fourre-tout, ce livre est en fait un "vrai" roman (à certains moments assez émouvant) doublé d'une étude exempte d'idéalisation sur les mœurs, la mentalité, l'artisanat, les trafics et les nécessités de l'un de ces peuples "premiers" confrontés à la "modernité", sans taire tous les faits tristement banals et rudes liés à une lutte quotidienne pour la survie pas très facile quand tout dépend de celle d'un troupeau de rennes dont l'existence peut être menacée par une explosion survenue à des milliers de kilomètres de là – par exemple dans un endroit au nom improbable de Tchernobyl. Rien ne manque, même pas le sport, le droit des femmes dans un contexte social traditionnaliste (forcément "macho"), ni les rivalités entre les Sames de l'intérieur du pays, éleveurs de rennes, et ceux de la périphérie et de la côte, plus intégrés à l'environnement ethnique, social et économique. La grande question est au fond de savoir si notre code juridique et moral (voire vestimentaire) peut s'appliquer à un peuple dont les conditions de vie et les valeurs fondamentales sont si différentes, sans compter la faille entre les générations. Il serait donc très réducteur et injuste de qualifier ce livre de roman policier. L'étude de milieu est bien menée et convaincante (comme dans Le Dernier Lapon et Le Détroit du loup d'Olivier Truc), les nombreux termes et expressions sames sont un gage d'authenticité, et le livre se lit avec un intérêt soutenu, même si on peut regretter que la traduction ne soit pas toujours à la hauteur, surtout du fait d'une narration à la première personne du passé simple. Le travail éditorial a peut-être été laissé aux bons soins du lecteur par mesure d'économie ?

Citation

Quel rôle notre système juridique moderne pouvait-il bien jouer dans une société qui présumait que la loi et le droit dépendent du contexte social et des expériences accumulées au cours de l'histoire ?

Rédacteur: Philippe Bouquet lundi 02 mars 2015
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