Trop de témoins pour Lord Peter

Son visage... c'est d'abord lui qui vous happe. Il a été ouvert d'une oreille à l'autre en passant par la bouche. C'est un entonnoir béant et ensanglanté qui s'étale jusqu'au menton. Mon cœur part en ding ding et me remonte aux lèvres.
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jeudi 25 avril

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Roman - Policier

Trop de témoins pour Lord Peter

Social - Énigme MAJ mardi 03 février 2015

Note accordée au livre: 3 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 7,5 €

Dorothy L. Sayers
The Trustees of Anthony Fleming (deceased) - 1926
Postface de Jean-Pierre Croquet
Traduit de l'anglais par Jean-Marc Mendel
Paris : Le Masque, janvier 2014
442 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7024-4009-4
Coll. "Masque poche. Jaune", 34

Justice du droit divin

Lord Peter Wimsey est un détective récurrent de la romancière britannique Dorothy L. Sayers d'un type forcément atypique. C'est une espèce de Sherlock Holmes de la gentry, qui ne recule devant rien et qui a des moyens que l'on pourrait qualifier d'illimités. Sous la plume classique et pourtant humoristique de la romancière, il accomplit des prouesses dignes d'un prestidigitateur, et se bat jusqu'à la dernière page. C'est encore le cas dans cette aventure bien particulière de 1926. Pourquoi particulière ? Eh bien, parce qu'il se doit d'innocenter son propre frère d'un crime crapuleux, le meurtre du capitaine Denis Cathcart, fiancé de leur sœur Mary. Un crime commis de nuit dans la serre de la demeure familiale, de sang-froid et par balle. Il y a pléthore de témoins parmi les invités à résider dans le manoir. Tous s'accordent à dénoncer une altercation entre les deux hommes. Les faits concordent et sont surtout très têtus. Mais pas autant têtus que le lord incriminé qui sous couvert des bonnes manières, refuse de citer celle qui pourrait l'innocenter. Alors Lord Peter épaulé de son fidèle valet bat la campagne (les marais, les portraits d'hommes simples dans les différentes tavernes avec les dialogues empreints d'accents du terroir et de franchise matinée d'une pointe de calcul font d'excellents passages) à la recherche d'indices, de faits et d'autres témoins pendant que son frère croupit dans une geôle et qu'une cours bien particulière, celle des lords, s'apprête à juger l'un de ses pairs. Autant le dire tout de suite : l'intrigue est éminemment classique et ne souffre aucun suspense quant à l'innocence du respectable lord (qui a une maîtresse, elle-même femme d'un mari violent et de basse souche). On pourrait en vouloir à Dorothy L. Sayers de la résolution de l'enquête tant celle-ci déroge aux règles du genre. La solution n'est absolument pas à la hauteur du déroulement de l'intrigue. Mais, surtout, l'on se demande si certains propos doivent être pris au premier ou au second degré. Comme l'on penche facilement pour le premier degré, l'histoire prend une tournure drolatique concernant certains sujets abordés (le communisme, l'émancipation des femmes) avec de jolies caricatures. Ce qui frise cependant l'irrespect et le scandaleux c'est quand même, à la réflexion, les accointances entre Lord Peter et la police pour innocenter son frère. Les puissants de ce monde n'ont pas les mêmes ressources que les indigents, et dans ce cas bien précis, la justice est véritablement à deux vitesses. Il reste cette écriture amusante avec beaucoup de dialogues, et un duo d'enquêteurs qui annoncent le personnage de Jeeves, de P. G. Wodehouse sur fond d'ironie et d'absurde. Rien que cet héritage mérite la lecture !

Citation

Je pense pouvoir dire qu'il n'est rien dans cette affaire que l'un de nous deux sache sans en avoir informé l'autre.

Rédacteur: Julien Védrenne lundi 02 février 2015
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