La Piste cruelle

Stone n'oubliait jamais rien, n'avait jamais rien oublié. Il était encore capable de réciter par cœur ses manuels du collège, les notices d'utilisation et d'entretien de la mitrailleuse légère M249 SAW et de vingt-sept autres armes portatives ou encore les deux volumes de Mastering the art of french cooking de Julia Chile. Au mot près.
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Roman - Western

La Piste cruelle

Ethnologique - Social MAJ jeudi 05 février 2015

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

À partir de 8 ans

Prix: 12,8 €

Jean-François Chabas
Paris : L'École des loisirs, novembre 2014
130 p. ; illustrations en noir & blanc ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-211-21375-2
Coll. "Médium"

Cauchemar américain

La vie en Calabre pour la famille Amati était douce, mais en raison d'un conflit avec une famille ennemie, ils ont cru qu'elle serait plus simple et plus prodigue en Amérique. Alors même que partir vers ce Nouveau Monde est encore une décision peu répandue, les trois enfants de la famille, Paola, Curzio et Giovanni, et leurs parents rassemblent leurs affaires et paient très cher la traversée. Si jusqu'à l'accostage ils gardent foi en cette nouvelle vie qui s'offre à eux, ils déchantent rapidement : la sauvagerie des bêtes et des gens les prend au dépourvu. La désillusion est totale, et le choc pour les trois enfants, âgés de huit à onze ans, est d'autant plus rude que force leur est de constater que leurs parents, cette fois, ne leur seront d'aucun secours. Abattue par la tournure des événements, leur mère perd l'esprit ; leur père, qui a toujours suivi aveuglément les conseils et avis de son épouse, est désemparé. Giovanni, l'aîné, va donc prendre en charge la fratrie ; un apprentissage à la dure et une plongée angoissante dans la vraie vie, celle dont leurs parents auraient dû les protéger, sur fond de conflits coloniaux, de racisme et de conquête des territoires de cette Amérique qui fait rêver.
Jean-François Chabas nous entraine sur les traces d'une famille italienne partie à la conquête du rêve américain, la tête emplie de chimères et d'espoirs, et de sa désillusion totale et cruelle. L'Amérique se peuple alors de milliers, voire de millions d'Européens qui déchantent ou connaissent la gloire, qui envahissent plus ou moins consciemment des territoires appartenant jusque-là aux Indiens, ces "Peaux Rouges", et qui découvrent toute la cruauté d'un pays sauvage. Maladies (il est ici question notamment de la rage), alcoolisme, raid des Indiens, conflits entre les colons, manque de préparation aux installations massives de migrants... toutes les conditions sont réunies pour faire de la vie de Giovanni et de ses frère et sœur, abandonnés par leurs parents, un véritable enfer. Eux à qui leur mère, très pieuse, avait promis le Paradis et la Grâce Divine, découvrent ce que la Nature et l'Homme peuvent offrir de pire et de plus effrayant. Le mythe de la "Conquête du Nouveau Monde" en prend un coup, ramené à une réalité bien pragmatique : les difficultés de cette installation sont réelles et bien mortelles. Les enfants en sont les premiers témoins, désemparés tout à la fois par cette aventure dans laquelle ils ont été entrainés par leurs parents et par l'abandon de ces derniers. Sans protection, sonnés par l'absence des adultes, leur détresse est totale, mais avec le ressort que l'on connait aux enfants, ils se prennent en mains et s'attachent à préserver les repères qu'il leur reste, cherchant plus que jamais à survivre et à affronter cette situation inédite. L'aventure que nous offre Jean-François Chabas est riche et abondamment détaillée, nous donnant à voir toute la sauvagerie de ce Nouveau Monde et de la vie des premiers colons. Les trois rôles principaux sont tenus par des enfants touchant de réalisme et de courage, affrontant avec leurs armes et leurs mots une situation bien dangereuse pour leurs frêles épaules. L'authenticité qui se dégage de cette histoire et la sensibilité avec laquelle l'auteur restitue leur détresse, leur courage et leur obstination à s'en sortir rendent poignant ce roman, déjà bien écrit et passionnant.

Citation

La décision du départ a été prise le 5 janvier 1879. Jour effroyable entre tous, qui a vu le commencement de notre perte. Plus tard, et bien plus tard à nouveau, j'y suis revenu en pensée, encore et encore, jusqu'à ce que mon raisonnement se brouille : pourquoi ? Quelle avait été la véritable origine de cet exil inconséquent ?

Rédacteur: Catherine Thiéry vendredi 09 janvier 2015
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