Le Couteau sur la nuque

Hormis les yeux, tout avait été flou. Vague. Indistinct. Portait-il son costume marron ? Sa chemise blanche et la cravate marron assortie ? Ses cheveux étaient-ils bien peignés ou alors, comme si souvent par le passé, les avait-il laissé lâches, indifférents à son apparence ? Elle ne savait pas. Elle ne se rappelait pas.
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vendredi 19 avril

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Roman - Policier

Le Couteau sur la nuque

MAJ mercredi 03 décembre 2014

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 5,6 €

Agatha Christie
Lord Edgware Dies - 1933
Traduit de l'anglais par Pascale Guinard
Paris : Le Masque, juin 2014
286 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7024-4115-2
Coll. "Agatha Christie", 36

Unbiquité noire

Lord Edgware est retrouvé mort chez lui dans son salon poignardé agilement en pleine nuque. Peu de temps auparavant, lady Edgware, disait à qui voulait l'entendre que puisqu'il refusait de divorcer, elle n'hésiterait pas à prendre un taxi et venir lui régler son compte. Et les faits, qui sont souvent têtus, sont là : elle a bien pris un taxi de nuit pour aller jusqu'à son ancienne demeure. Un domestique lui a ouvert la porte, et la secrétaire de lord Edgware est catégorique : c'est bien elle qu'elle a vu du haut de l'escalier. Et lady Edgware est la dernière à avoir vu son mari vivant ! Du pain béni pour la police hormis deux détails et un détective, belge de surcroit...
Premier détail : lord Edgware avait fait part auparavant à Hercule Poirot, mandaté par lady Edgware (quelle chance !), du fait qu'il avait envoyé une lettre acceptant le divorce, lettre jamais arrivée. Second détail : lady Edgware était invitée à un dîner à l'heure du crime, et douze témoins peuvent en témoigner. Alors il reste le détective belge. C'est bien entendu Hercule Poirot, aisément reconnaissable de par ses moustaches, de ses travers fats, de ses petits secrets et de ses cellules grises.
Dans ce très bon volet de ses aventures relatées a posteriori par son fidèle Hastings (qu'il ne ménage pas) et avec à la baquette enquêtrice l'inspecteur Japp (dans le genre imbu de soi mais démoralisé on ne fait guère mieux), la réalité se confronte aux faux semblants, et à la mise en abyme de la personnalité machiavélique et narcissique. Lady Edgware n'est autre que l'actrice Jane Wilkinson en provenance de New York et au talent indéniable. Mais dans un théâtre londonien, c'est une autre actrice, Carlotta Adams, qui tient le premier rôle avec son imitation de... Jane Wikinson. Aussi, quand peu après le meurtre de lord Edgware, Carlotta Adams passe de vie à trépas d'avoir trop pris du véronal (dans une petite boite en or achetée à Paris qui est signée d'un mystérieux D. et datée de novembre précédent), pour Hercule Poirot il n'y a pas de place pour une coïncidence...
Bien entendu, hormis Jane Wilkinson il y a des coupables idéaux : un neveu sans le sou et une fille qui vivait dans l'ombre de son père. Poirot, malgré sa petite idée, va démêler quelques points qui le chagrinent avant de démasquer l'assassin dans un final qui réunit les principaux suspects.
Voilà pour la partie whodunit, qui a elle seule suffit à faire de ce Couteau sous la nuque un bon roman policier. Mais Agatha Christie développe des thèmes sociétaux dont certains lui sont chers. L'indépendance de la femme avec dans ce roman quatre portraits singuliers, parfois similaires, mais souvent diamétralement opposés et toujours en rupture des conventions (ce qui est plus facile, il faut bien le dire lorsque deux d'entre eux sont des actrices, un métier qui s'apparente à cette époque dans bien des esprits comme peu vertueux). On pourrait cependant lui faire reproche, en cette année 1933, qui est celle de la prise de pouvoir de Hitler en Allemagne, de laisser beaucoup de ses personnages tenir des propos quelque peu antisémites.
Hercule Poirot, avec beaucoup de recul, se tient à l'écart de ces considérations. Sa culpabilité de n'avoir pu éviter un deuxième meurtre est à la limite de l'omniprésence et toutes ses facultés sont concentrées dans une lutte contre le Mal dont l'assassin n'a pas idée. Dommage pour lui !

Citation

Dans votre langage, vous diriez que Jane Wilkinson a une cervelle d'oiseau. C'est une expression dépréciative. Mais considérez un instant l'oiseau. Il existe et se multiplie, non ? Dans la nature, c'est un signe de supériorité mentale. La charmante lady Edgware ne connaît ni l'histoire, ni la géographie, ni les classiques, sans doute. Le nom de Lao Tseu évoquera pour elle un pékinois primé, le nom de Molière, une maison de couture. Mais quand il s'agit de choisir des vêtements, de faire des mariages riches et avantageux et d'obtenir ce qu'elle veut, son taux de réussite est phénoménal.

Rédacteur: Julien Védrenne mardi 02 décembre 2014
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