San-Antonio renvoie la balle

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samedi 20 avril

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Roman - Policier

San-Antonio renvoie la balle

Sportif - Assassinat MAJ mardi 07 octobre 2014

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 6,2 €

San-Antonio
Antoine Helbert (illustrateur de couverture)
Paris : Pocket, avril 2014
256 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-266249713
Coll. "San-Antonio", 41

Gazon maudit

San-Antonio et l'immonde Bérurier assistent, à Colombes (on vous parle d'un temps que les moins de cinquante ans...), à la prestigieuse rencontre de football France-Eczéma. C'est la foule des grands jours pour ce match international, arbitré par l'Allemand Otto Graff.
Tout se passe pour le mieux, quand l'arbitre teuton s'écroule. Les soigneurs se précipitent et découvrent l'atroce vérité : Otto Graff vient d'être refroidi de deux balles en plein cœur, devant plusieurs dizaines de milliers de spectateurs.
Que voulez-vous que fissent nos deux poulardins d'élite ? Qu'ils intervinssent, dame ! Et San-A et Béru de se lancer à la poursuite du tireur arbitricide.
Ça c'est du bon petit San-A, mon cher Jean-Mimi ! Dont les deux premiers chapitres valent à eux seuls le prix dérisoire du livre, et surtout devraient figurer dans toutes les anthologies littéraires, tant le génie comique de Frédéric Dard s'y déploie. Dans le premier chapitre, c'est ce passage incontournable, à la fois pictural et stylistique, dans lequel le beau commissaire passe prendre son adjoint à son domicile. Il déboule en pleine tempête conjugale, Béru et son ogresse de Berthe se mettant une fois de plus sur la gueule. San-A, comme l'ensemble des locataires de l'immeuble, se presse sur le palier pour assister à la retransmission de cette engueulade homérique, toute en périphrases, litotes, épithètes détournées et autres hyperboles.
La crise passée et Béru ayant retrouvé les billets au fond de sa poubelle, les deux poulets partent pour Colombes (sic), le Gravos ayant décidé de s'y rendre avec ses bottes de pêcheur dans lesquelles il a versé de l'huile afin que le caoutchouc ne se fendille pas...
Tout est dit pour ce deuxième chapitre, où l'arrivée au stade, la description des joueurs, des hymnes, des actions de jeu, de l'ambiance sont propices à un tableau à la Dubout, fait de minuscules détails qui, mis tous ensemble, forment une fresque absurde et délirante, au centre de laquelle le Gravos occupe une place de choix.
Puis survient le meurtre de l'arbitre, et l'enquête part tambour battant, toujours avec la même verve, la même gouaille, les mêmes situations burlesques. Dard s'emploie au meilleur du comique de situation et de parole, les calembours, jeux de mots, vermotismes et autres kakemphatons1 s'enchaînent sans temps morts.
Et puis soudain, au détour d'un gag, d'un bon mot, d'une saillie béruréenne, San-Antonio et Dard ne font plus qu'un et vous cueillent à l'âme avec un souvenir empreint de nostalgie, voire de tristesse, l'évocation d'une anecdote douce-amère, l'expression parfois naïve d'une philosophie à la fois simple et essentielle sur le temps qui passe et la mort qui plane.
Avant de mieux repartir, comme si de rien n'était, vers d'autres gaudrioles, d'autres pieds de nez.
Parmi la galerie de personnages de ce 41e San-Antonio, figurent les clowns Trou et Ducutabatière. Ils ne sont présents que quelques lignes, mais ce sont sans doute les portraits les plus réussis du livre. Un auguste et un clown blanc. Le rire et la tristesse, indissociables.
Un San-Antonio, quoi.

1. Pour les passionnés, se procurer absolument Les Figures de San-Antonio, de Raymond Milési, ouvrage publié par Les Amis de San-Antonio.

Citation

Faut encore que tu dises des âneries, gémit Bérurier. T'es terrible. On se demande comment que t'as pu faire une carrière dans la Poule en étant aussi couillon.

Rédacteur: Maxime Gillio lundi 06 octobre 2014
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