Debout dans la tombe d'un autre

La culture française n'est pas de nature à permettre d'écrire un roman policier de premier ordre.
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Roman - Policier

Debout dans la tombe d'un autre

Tueur en série - Procédure MAJ mercredi 24 septembre 2014

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22,5 €

Ian Rankin
Standing in Another Man's Grave - 2012
Traduit de l'anglais (Écosse) par Freddy Michalski
Paris : Le Masque, septembre 2014
476 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-7024-3928-9
Coll. "Grands formats"

Actualités

L'expérience d'un policier

À l'instar de l'inspecteur Fox, les nouveaux policiers aimeraient donner une image plus positive de la police, et effacer les clichés nés de ces anciens flics alcooliques, violents, parfois même corrompus ou aux relations douteuses. Aujourd'hui, ils vont sur Internet, envahissent les forums et autres réseaux sociaux pour obtenir des informations, et font des portraits robots et des recherches ADN. Face à eux, comme une honte vivante de ce qu'il faudrait cacher, revient néanmoins l'inspecteur Rebus. Réintégré au sein de la brigade criminelle, il a été muté dans un service de "cold cases". Alors, quand une femme hantée par la disparition de sa fille des années auparavant vient le voir, Rebus s'empare du cas au risque de mécontenter sa hiérarchie et les nouveaux policiers qui ne rêvent que de profilage et de marcher sur les brisées de Scarpetta.
Le récit est sombre et tous les éléments se renvoient les uns aux autres : mensonges familiaux, policiers qui cachent les preuves pouvant incriminer leurs frères, relations difficiles, à l'exemple de celle de Rebus et de sa fille, avec qui il ne peut pas communiquer, où entre Rebus qui a une relation paternelle avec une ex-adjointe devenue l'amante d'un policier qui coordonne l'enquête sur ledit tueur en série. De manière symbolique, le lent décalage entre un passé de dinosaures et le monde moderne est signalé par une blague récurrente de Rebus. Comme le policier chargé de superviser l'enquête s'appelle James Page (homonyme du guitariste de Led Zeppelin), Rebus passe son temps à lui donner des surnoms tiré des chansons du groupe. Les plus anciens sourient et les autres le regardent sans comprendre. Comme une œuvre polyphonique, chaque détail répond à cette noirceur. Les cieux sont gris, la pluie tombe sur des forêts que le soleil ne perce jamais et où l'on enterre les victimes des tueurs "normaux" ou celles des psychopathes, baraques de chantier le long de la réfection d'une autoroute, bars sordides, coups tordus, comme si le monde n'était qu'une immense jungle.
À un moment, Fox - qui aimerait coincer Rebus -, se demande pourquoi les vieux policiers picolent comme des trous et sont guillerets le lendemain alors que lui boit un peu et a une horrible gueule de bois à son réveil. Comme si le temps des dinosaures était révolu, mais qu'il possédait quand même quelques avantages. Comme si le travail de fourmi de Rebus, celui qui consiste à soulever chaque caillou pour y débusquer un éventuel cafard était préférable à toutes les techniques nouvelles. Pendant que la police moderne essaie d'imposer à tout un village à une analyse de poils pubiens, Rebus par déductions, découvre qui est celui qui l'a laissé sur le corps de la victime...
Debout dans la tombe d'un autre, qui signe le retour d'un personnage emblématique de Ian Rankin, joue donc sur la lenteur, sur la discussion, sur le détail, sur le ressassement, sur la mélancolie d'une chanson jazz ou de la pluie tombante pour offrir à l'inspecteur Rebus ce qui sera sans doute l'un des meilleurs volets de la série qui lui est consacrée.

Citation

L'homme le fixait comme pour le défier de mettre en doute les efforts accomplis mais Rebus se contenta de souffler sur sa soupe trop chaude.

Rédacteur: Laurent Greusard mardi 16 septembre 2014
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