Plus fort que la haine

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jeudi 28 mars

Contenu

Bande dessinée - Noir

Plus fort que la haine

Historique - Social - Sportif MAJ vendredi 12 septembre 2014

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 14,5 €

Pascal Bresson (scénario), René Follet (dessin)
Grenoble : Glénat, septembre 2014
48 p. ; illustrations en noir & blanc ; 32 x 24 cm
ISBN 978-2-7234-8480-0
Coll. "Caractère"

Boxe vs. ségrégation

Après avoir collaboré sur L'Affaire Dominici, Pascal Bresson et René Follet reviennent avec une bande dessinée noire sur fond de ségrégation, de racisme, de haine, de conflit de générations (ce qui n'a pas été leur cas a priori) et de boxe (un sport noble qui a souvent fait l'objet de trames noires tant en littérature qu'au cinéma). Nous sommes en 1933 en Louisiane. Les Noirs ne sont plus des esclaves mais dans les faits et les mentalités blanches du Sud des États-Unis, rien n'a changé. Doug Winston, fils ou petit-fils d'esclaves, est une force de la nature qui travaille dans la scierie de Sanders. Ce Sanders n'est pas seulement à la tête d'une entreprise, ni le patriarche d'un clan qui n'entend pas se faire dicter sa conduite. Ce Sanders est également à la tête du Ku Klux Klan local, père d'une ravissante fille effrontée et d'un enfant qui pratique la boxe avec maîtrise. Dans cette très bonne bande dessinée en noir et blanc, comme pour mieux définir la frontière entre les deux communautés (même si le noir tire sur le brun), au scénario honnête de Pascal Bresson, le dessinateur René Follet excelle à peindre des corps en mouvements et des expressions autant sauvages qu'(in)humaines. L'histoire, très linéaire, fait monter la pression chez un adolescent qui ne comprend pas la haine dont il est victime, et qui entend répondre à la violence par la violence, comme l'adepte aveugle de la Loi du Talion. Mais le vieux Greg, son voisin, ancien boxeur émérite (nous apprendrons qu'il a lui aussi sa part d'ombres), l'incite à ne pas prendre les armes et à plutôt aller gagner de l'argent sur le dos des Blancs qu'il affrontera lors de combats singuliers organisés en toute légalité. Il lui apprend que l'Amérique est prête à s'enthousiasmer pour un Noir qui porte haut les couleurs de la nation. Que si l'Amérique est aveugle en ce qui concerne ses propres maux, son besoin d'hégémonie est le plus fort. Alors, licencié de l'entreprise, en lutte contre une police inefficace, voire coupable, après avoir été le témoin de multiples tentatives de meurtre de son père, Doug Winston part à la ville monter sur les rings et affronter des boxeurs blancs. Le reste est quasiment sans surprises. La route vers les sommets est prévisible. Doug Winston affrontera même le fils Sanders. Pire : il gagnera son estime. Inutile d'attendre des coups fourrés, il n'y en aura pas. La gloire acquise, Doug Winston rêvera d'une femme, d'enfants et d'une maison. Pascal Bresson et René Follet dans un finale en guise d'épilogue proposent une vision positive entre de vieux racistes croulants en fauteuil roulant qui sont devenus physiquement inoffensifs et surtout avec la guerre qui est aveugle à la couleur de la peau, et qui offre des élans de camaraderie. Bien sûr, l'Histoire se charge de nous rappeler que le racisme et la ségrégation ne sont pas encore remisé aux oubliettes après cet épisode fictionnel, mais l'idée de voir que l'individu à son niveau peut faire changer les choses est toujours réjouissante.

Citation

Nous ne sommes pas égaux, Dug ! Je me demande ce qui rend les Blancs tellement méchants... T'es-tu déjà approché d'un Blanc assez près pour qu'il te renifle ? Ils disent que nous puons ! Tu n'as pas compris qu'ils veulent te tuer à petit feu pour leur simple plaisir ?

Rédacteur: Julien Védrenne vendredi 12 septembre 2014
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