La Femme sans tête

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vendredi 29 mars

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Roman - Insolite

La Femme sans tête

Historique - Médical MAJ jeudi 20 mars 2014

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Inédit

Tout public

Prix: 8,1 €

Viviane Moore
Paris : 10-18, février 2014
312 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-264-05882-9
Coll. "Grands détectives", 4727

La vision d'une autre alchimie

La lutte de l'Homme contre la mort perdure depuis la nuit des temps avec plus ou moins de réussite. C'est un des thèmes retenus par Viviane Moore pour son nouveau roman qu'elle situe dans ce Moyen Âge si riche en tentatives et expériences quand la médecine occidentale était encore bien balbutiante.

La veille de la Saint-Barthélemy, Théophraste Le Noir découvre une croix tracée sur sa porte. Il s'empresse de l'effacer et se barricade avec Sybille, sa fille de sept ans, et ses deux serviteurs. Ils vivent une nuit de terreur et Théophraste décrète que sa fille ne sortira plus de la maison, qu'il l'instruira lui-même.
Confrontée rapidement à la mort d'un serviteur, Sybille décide qu'elle sera médecin, comme son père. Celui-ci professe des idées avancées, remet en cause des dogmes, comme ceux de Galien, et recherche l'élixir de vie en usant de l'alchimie.
Les années passent. Sybille, toujours cloîtrée, habillée en garçon, progresse dans la science médicale. Elle aide son père dans sa quête.
C'est alors que des corps de prostituées torturées sont retrouvés dans la Seine. Le jeune Jean du Moncel, enquêteur-commissaire au Châtelet, est chargé de l'affaire, une affaire très délicate comme le souligne son protecteur.
Sybille, âgée de seize ans, veut sortir de la maison bien qu'elle angoisse à l'idée de découvrir un monde inconnu pour elle. Théophraste est convoqué par le Capitaine, dans la plus grande cour des miracles de Paris, pour soigner Tassine, une jeune fille en danger de mort. Le marché est clair, elle doit guérir…
Parallèlement, Théophraste se fait de plus en plus d'ennemis à la Faculté de médecine et il est, depuis un an, l'objet de tentatives d'assassinat.

Viviane Moore choisit de faire vivre, à travers le parcours de ses héros, les tâtonnements d'esprits curieux qui cherchaient d'autres voies pour tenter de repousser les assauts de la Camarde. Elle retient cette période où des doctrines nouvelles, comme celle professée par Paracelse, s'opposent aux traditions. Elle aborde, ainsi, une autre facette de l'alchimie moins "médiatisée" que celles de la recherche de la pierre philosophale, de la transmutation des métaux vils en or.
Elle construit son intrigue sur l'opposition entre Éros et Thanatos, entre l'amour d'un père pour sa fille, pour l'humanité et la cruauté d'êtres dépravés trouvant leur plaisir dans la souffrance des autres, dans la mort donnée.
Différents parcours de protagonistes se croisent et s'entremêlent alors, pour le meilleur et pour le pire, la bonté, la vertu étant fortement malmenées.

Le visage du Paris de cette époque est fort détaillé, donnant les appellations des rues, des lieux tels qu'ils étaient utilisés. Outre la description précise des procédures alchimiques, des matériels, l'auteur fait visiter des cachots du Châtelet, de fastueuses salles du Louvre, des bouges et le Cimetière des Innocents, les bords de la Seine... Viviane Moore révèle l'atmosphère qui règne dans la ville, où cohabitent le luxe extrême et la misère la plus noire. Elle en imprègne son récit et la fait participer aux péripéties.

En romancière confirmée, elle brosse, pour faire vivre son intrigue, une galerie de personnages tous plus intéressants les uns que les autres, évitant, tant que faire se peut, les caractères trop manichéens, les profils trop tranchés.

Outre une intrigue subtile servie par un groupe de personnages, l'auteur approche les grands textes et protagonistes liés à l'alchimie et à la médecine. Elle cite ainsi, Paracelse, Ambroise Paré, Geber, Hippocrate, et fait état des recherches menées pour aboutir à l'élixir de vie.

Avec La Femme sans tête, Viviane Moore fait revivre un Paris du XVIe siècle sur les pas de personnages captivants, sans rien occulter de toutes les crapuleries qui existaient à tous les niveaux de la société, avec un remarquable souci d'authenticité.


On en parle : La Tête en noir n°167

Citation

Il était bien loin de trouver l'élixir de vie, l'archeus, le principe vital, l'arcane permettant de rétablir l'harmonie céleste entre l'astrum que l'on porte en soi-même et l'autre, le céleste.

Rédacteur: Serge Perraud dimanche 16 mars 2014
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