Le Boss de Boulogne

Semblablement au premier jour des soldes, qui déclenche dans le cerveau humain hystérie, absence de pensée et conformisme, tout ce qui déparasitait la plume, déterrait le ver, sondait la vase, grattait le fumier ou bullait sur un perchoir, se mit en branle au son de la première basse. Alors déboula ventre à terre, l'œil rivé, bec tendu, une gent ailée survoltée, mélangeant ses plumages roux, noirs ou tachetés.
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vendredi 29 mars

Contenu

Roman - Noir

Le Boss de Boulogne

Tueur en série - Drogue - Urbain MAJ vendredi 31 janvier 2014

Note accordée au livre: 2 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 16 €

Johann Zarca
Paris : Don Quichotte, janvier 2014
176 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-35949-202-6

Tarpé yémou

C'est la story d'un keum de la téci qui en veut, la vie d'ma mère, zarma qu'il a compris que le boubou, avec ses tepus, les yenclis et ses travs accros au kecra et la dawa d'bizgo qui y traîne là, wesh que c'est trop d'la balle pour se faire de la thune. Il s'est fait un crew, des vrais scarlas à la redresse et pas des dalpés, eux. Un peu de cé et de Liquid X dans les tebois chébran, et le bizness se fait tout seul, même qu'il devient le boss du bois de Boubou, le dorca du coin, que les darons et les travs veulent tous sa came. Le bois kiffe sa race et les schmitts le font pas trop yech, chaque soir, c'est la fiesta au sky et au oinj, un pour tous tous foncedés, et les meufs sont tout à lui, zarma que c'est le king de la street. Sauf que y a des tainpus de roms qui traînent et voudraient bien tiser dans sa teillbou rapport à la thune et ça le rend vénère, lui et son crew. Mais lorsqu'une des trans se fait charcuter veugra façon film gore, ça lui casse les yeucs commak, parce que si les teupus mortes, il s'en bat les steaks, v'là que les dék arrivent semer la drem dans son bizness, alors s'il fout sa race au diksa qui a fait ça, lui et ses potos pourront à nouveau se la donner grave, mais c'est un bordel de sa race qu'il va mettre, la vie d'ma mère !
Ce résumé vous arrache les yeux ? Accrochez-vous, à l'intérieur, c'est pire.
Car tout le bouzin, sous prétexte de "langage parlé" par un narrateur anonyme, est de cet acabit. Il n'est pas sympa de dézinguer un premier roman, mais ce choix sonne étrangement faux à force d'en rajouter, surtout que cet argot a tout de même un coup de vieux et fait penser à un vieux clip parodique des Inconnus... (Pour être méchant, il suffit de penser à ce que, dans le genre teigneux, réussit un Jacques-Olivier Bosco sans avoir besoin d'en rajouter dans le top-street-crédibilité-coco...). Surtout que tout l'apparat du récit de dealers — majoritairement de type, hem, auvergnat — est convoqué : fric, meuf traitées comme de la viande (et avec quel luxe de descriptions sordides), violence, défonce, frime, rap. Il ne manque pas un seul cliché post-Scarface... Sauf que Scarface, c'était il y a trente ans, et qu'au moins, il y avait une dénonciation, certes bien teintée de moralisme à deux balles, de ce mode de vie parasitaire là où les personnages du roman, sous l'éternel alibi "on est une famille", sont parfaitement adaptés au monde libéral bling-bling qu'on nous impose. Mais maintenant que même des millionnaires panpan-la-baballe se la pètent "anti-système", pourquoi pas se la jouer mec de l'underground (quel underground ? Mystère, mais qu'est-ce que ça en jette...) Si l'on a pas balancé le roman par la fenêtre au bout de deux chapitres en décidant de laisser ça aux minettes du seizième en pleine crise d'adolescence aux fantasmes caillaras, passé le choc initial du langage, le tout finit par accrocher grâce à un certain rythme lorsque l'intrigue policière commence... Mais somme toute, en-dehors d'une complaisance invraisemblable à faire passer feu Gérard de Villiers pour la Comtesse de Ségur, c'est alors la banalité du propos qui reste : une histoire de tueur en série sans véritable progression qui rappelle la thématique de M. le maudit. Sauf que dans ce roman heureusement court, la fin s'avère bien précipitée, avec un basculement en quelques lignes et une surprise (il en faut bien une, non ?) particulièrement capillotractée. C'est alors qu'on comprend qu'en fait, sans déflorer, l'auteur ne nous a pas raconté l'histoire que l'on croyait. Pourquoi pas, mais c'est tout de même un peu tard, après avoir dû passer un certain temps à suivre un pur psychopathe ultraviolent sans distanciation ni critique. Même si on peut difficilement accuser l'auteur de la consternante hypocrisie du "on montre, mais 'tention, on condamne, hein !", on en vient à se demander ce qu'étaient exactement ses motivations. Choquer ? Mais il ne choquera que ceux qui veulent bien l'être, et au final, tout le monde peu rester campé sur ses certitudes, soit en admirant le personnage (comme certains vénèrent Tony Montana en restant à la surface) ou ceux qui voudraient exterminer tout ça au plus vite. Comme quoi, à se vouloir hardcore, on en finit consensuel en diable. Mais n'est-ce pas la critique constamment adressée au rap bling-bling (à raison ou à tort, ce n'est pas à un humble chroniqueur polaromane d'en juger) qui semble être l'inspiration de l'auteur ? Pourquoi, alors qu'on sent un début de vrai talent qui pointe, se vautrer dans la fange de façon si complaisante pour au final ne déboucher sur rien, sinon une vague impression de malaise ? Peut-être était-ce là le seul but du jeu, au fond. On vit une drôle d'époque...

Citation

Sans dec', le bois de Boubou est un grand spot de défoncés, avec tout un tas de lovés à brasser. Si des Chinetoks arrivent à palper avec des casses-dalles et de la pillave, je n'imagine même pas les couilles en or que je vais pouvoir m'offrir avec de la came.

Rédacteur: Thomas Bauduret vendredi 24 janvier 2014
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