Le Jazz et les gansters : 1880-1940

Adrian se sentit défaillir en voyant ce que la petite fille tenait dans sa main droite. Une poupée aux traits étranges le fixait depuis le papier. Le visage du jouet le mit mal à l'aise, mais ses yeux lui firent l'effet d'un coup de poing dans l'estomac. On aurait dit de grosses mouches à viande.
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Essai - Noir

Le Jazz et les gansters : 1880-1940

Historique - Hard boiled - Mafia MAJ lundi 05 mai 2014

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Réédition

Tout public

Prix: 16 €

Ronald L. Morris
Wait Until Dark : Jazz and the Underworld, 1880-1940 - 1980
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jacques B. Hess
Paris : Le Passage, février 2002
274 p. ; illustrations en noir & blanc ; 24 x 15 cm
ISBN 978-2-84742-272-6

L'invention de la nuit

New York dans les années 1920. Le Cotton Club. Le jazz, décapotables, gangsters et poules inspirées en quête de liberté. La pègre a parrainé le jazz, c'est la grande thèse de l'auteur. Sans elle, même, le jazz n'aurait jamais connu l'essor qu'il a connu. La pègre lui accorda son indéfectible soutien, tant commercial que culturel, sinon moral, comme en témoignent les incroyables propos des Duke, des Mezz Mezzrow, ou d'un Archie Shepp. Comment donc les gangsters ont-ils réussi à faire triompher cette musique qui, rétrospectivement, nous paraît coller si bien à l'atmosphère des années de prohibition ? L'auteur nous le décrit dans le détail, ouvrant son essai à une formidable sociologie de la pègre américaine, tout comme du tissu des clubs où l'on jouait du jazz, ou de leur clientèle. Des années 1880 à 1940, c'est même une leçon d'histoire qu'il nous délivre, décrivant vague après vague ces immigrations qui façonnèrent le visage d'une Amérique qui nous semble aujourd'hui familière. Tout commença en fait dans cette Amérique de la Conquête de l'Ouest, celle des bouges qui pullulaient le long des lignes de chemin de fer, couverte de saloons où l'on venait sans détail se saouler et chercher querelle, dans une atmosphère de violence sans pareille. Le tout sur un fond de musiques quasi dialectales importées du plus profond des bourgades les plus reculées d'Europe. Chicago devait ici jouer à plein son rôle précurseur, comme ville frontière de ce fameux Ouest mirobolant, construite dans la plus parfaite typologie des cités criminelles. Là se côtoyait toute la lie de la terre, parlant les langues les plus invraisemblables, mêlant les gangsters aux bataillons des migrants. Une génération en fait, la vingtaine, les uns débarquant avec leur envie de jouer une musique différente, les autres affirmant leur désir de faire main basse sur l'économie des loisirs. Et comme on finissait par s'ennuyer dans ces bouges d'un autre âge, il fallait proposer autre chose à la clientèle. L'Amérique rêvait en grand, il lui fallait un autre cadre et non plus se contenter de ceux offerts par la vieille Europe. La prohibition donna l'occasion à ces gangsters d'offrir à leurs compatriotes, immigrés tout comme eux, l'occasion d'installer ce nouveau qu'il jetait maintenant à la figure du monde avec l'arrogance de leurs vingt ans, les uns comme les autres. La pègre cherchait une image, le jazz la lui fournit. Bruyant, populaire, savant, insolent, libre et nocturne, ouvrant l'être à tous ses appétits. Très vite les jazz clubs devinrent des business fructueux. Il n'en fallait pas plus pour que la musique de jazz devint populaire. Au point que, selon l'auteur, la fin de la pègre signifia la fin du jazz populaire, qui s'inventait au pied levé dans les clubs de Chicago. Le jazz, une musique de gangsters ? Peut-être bien finalement !

Citation

Certaines boîtes étaient si dures, comme par exemple le Crystal Palace, qu'on conseillait au pianiste de jouer avec des gants de boxe pour pouvoir se protéger.

Rédacteur: Joël Jégouzo jeudi 23 janvier 2014
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