Moisson rouge

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vendredi 19 avril

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Roman - Noir

Moisson rouge

Hard boiled MAJ mercredi 27 mai 2009

Note accordée au livre: 6 sur 5

Grand format
Réédition

Tout public

Prix: 18,5 €

Dashiell Hammett
Red Harvest - 1929
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Pierre Bondil, Natalie Beunat
Paris : Gallimard, mai 2009
284 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-07-078656-5
Coll. "Série noire"

Actualités

  • 21/10 Édition: Parutions de la semaine - 21 octobre
    Les éditions La Branche monopolisent quelque peu le catalogue avec leur nouvelle collection "Vendredi 13". De Pierre Bordage à Michel Quint en passant par l'incontournable Jean-Bernard Pouy - qui s'empresse de trahir la bible - autant de raison d'aimer ou pas un vendredi très particulier. Étrangeté du calendrier, ce même vendredi fait aussi l'objet d'un roman de Guénolé Troudet chez Ouest et compagnie.
    Sinon, quelques noms intéressants sont disséminés ici et là de Sean Doolittle à Conor Fitzgerald chez Rivages, de Dashiell Hammett à Gene Kerrigan chez "Folio policier", de Andrew Klavan (Calmann-Lévy) à Olle Lönnaeus (Liana Levi), sans oublier bien sûr ceux que l'on a oubliés !
    Comme d'habitude, faites votres choix :

    Grand format :
    Rennes connection, de Joseph Alessi (Coëtquen, "Policier")
    Du style des assassins, de Pier Bert (Écritures, "Polar")
    Les Soldats de l'or gris, de Sébastien Bohler (Odile Jacob, "Thriller")
    L'Arcane sans nom, de Pierre Bordage (La Branche, "Vendredi 13")
    Le Crime de River House, de Claudine Chollet (Tutti quanti, "Polycarpe")
    Kompromat, de Conor Fitzgerald (Rivages, "Thriller")
    L'Assassin de la Tour de Londres, de Christian Jacq (J)
    Le Crime de la momie, de Christian Jacq (J)
    Les Trois crimes de Noël, de Christian Jacq (J)
    Un tout autre homme, de Andrew Klavan (Calmann-Lévy, "Robert Pépin présente")
    Azur et poussière, de Patryck Lacorte (Du Pierregard, "Troubadours")
    Ce qu'il faut expier, de Olle Lönnaeus (Liana Levi, "Policier")
    La Conjuration des ombres, de Scott Mariani (City, "Thriller")
    Les Charmants travers de nos semblables, de Alexander McCall Smith (Les 2;nbsp;terres)
    Samedi 14, de Jean-Bernard Pouy (La Branche, "Vendredi 13")
    Close-up, de Michel Quint (La Branche, "Vendredi 13")
    Piégées, de Gordon Reece (Flammarion, "Littérature étrangère")

    Petit format :
    La Magie des nuages, de Gérard Chevalier (Du Palémon)
    Rain Dogs, de Sean Doolittle (Rivages, "Noir")
    Terreur nocturne à Carnac, de Michel Dozsa (Ouest et compagnie, "Roman policier")
    Le Saigneur de pierres, de Roger Facon (Engelaere, "Mystères en Nord")
    Moisson rouge, de Dashiell Hammett (Folio, "Policier")
    À la petite semaine, de Gene Kerrigan (Folio, "Policier")
    Le Sang du Christ, de Frédéric Mars (J'ai lu, "Policier")
    Le Bal des crabes, de François Paris (Ouest et compagnie, "Roman policier")
    Les Galettes de la colère dans le Finistère Sud, de Laurent Ségalen (Ouest et compagnie, "Roman policier")
    Vendredi 13 : 13 heures 13 : Rennes-Redon, de Guénolé Troudet (Ouest et compagnie, "Roman policier")
    Liens : Pierre Bordage |Sean Doolittle |Roger Facon |Dashiell Hammett |Andrew Klavan |Frédéric Mars |Alexander McCall Smith |Jean-Bernard Pouy |Michel Quint

  • 05/01 Radio: Soirée spéciale Dashiell Hammett sur TSF Jazz
  • 17/12 Radio: Vache qui rôde sur les ondes...
  • 14/07 Revue: Lemonde.fr et ses 10 polars sélectionnés

Hammett : un grand coup de pied dans la fourmilière

"J'ai assisté à une conférence de paix d'où devraient découler au moins une douzaine d'assassinats" explique le détective de la Continental à la belle Dinah Brand qui ne va pas tarder à se retrouver un pic à glace dans la poitrine. Cette phrase à elle seule résume bien la trame de ce roman écrit en 1929 par Dashiell Hammett. Proposé par Gallimard dans une nouvelle traduction signée Natalie Beunat et Pierre Bondil, Moisson Rouge est surtout accessible en intégralité pour la première fois en France. Car, le temps a passé et les ouvrages de la "Série noire" peuvent maintenant sortir de leurs camisoles de pages. L'argot des traducteurs des années 1940 est aussi remisé au hangar. Le texte en devient plus concis, le style plus épuré et le déroulement des événements de Poisonville/Personville plus en rythme.

Elihu Willsson est le maître absolu de la ville minière de Personville sauf qu'il a dû pactiser avec la pègre pour étouffer les grèves locales. La pègre a attiré la pègre. La corruption est maintenant omniprésente. Le crime monnaie courante de substitution. En dernier recours, Elihu Willsson fait appel à l'Agence Continental de San Francisco qui délègue le Détective. Ce dernier va n'avoir d'autre choix pour ramener le calme que de déclencher une zizanie sans pareille entre des truands prêts à détruire la ville aux œufs d'or pour assouvir leurs envies de pouvoir et d'argent : "Il me faut de quoi monter Pete contre Yard, Yard contre Noonan, Pete contre Noonan, Pete contre Thaler ou Yard contre Thaler. Si on parvient à flanquer un grand coup de pied là-dedans, suffisant pour détruire l'équilibre actuel des choses, ils se planteront mutuellement des poignards dans le dos et feront le sale boulot à notre place."

1929. Première grande crise économique propice à l'émergence littéraire. Aux États-Unis, l'œuvre de Hammett se nourrit de ce désespoir. À travers une ville sans nom et un héros innommable (d'abord, lui aussi n'a pas de nom, mais une personnalité, ensuite il n'a pas de scrupules et ses actions sont celles d'un justicier prêt à tout qui augure l'avènement d'un Charles Bronson, d'un Clint Eastwood, justes sur le fond, inacceptables sur la forme), Dashiell Hammett nous plonge dans une violence elle aussi sans nom qui prend aujourd'hui encore tout son sens. Trop actuel, ce roman malgré ses 80 ans d'âge qui en feraient un excellent whisky, nous montre qu'en près d'un siècle de capitalisme sauvage à outrance, on en est toujours au même point mort. Et que seule la mort peut nous en faire sortir. Point. Chef d'œuvre éblouissant, fondateur du genre, qu'il serait dommage de ne pas lire ni relire sous peine de s'exclure d'un digne bain de violente jouvence.


On en parle : Lire n°376 |Le Monde 2 n°282 |Carnet de la Noir'Rôde n°38 |813 n°109 |813 n°108 |La Tête en noir n°139

Citation

J'ai assisté à une conférence de paix d'où devraient découler au moins une douzaine d'assassinats.

Rédacteur: Julien Védrenne mercredi 16 mars 2011
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