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jeudi 28 mars

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Roman - Policier

Chandelles noires

Social - Assassinat MAJ mardi 12 novembre 2013

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 7,2 €

John Le Carré
A Murder of Quality - 1962
Traduit de l'anglais par Marcel Duhamel, Maurice Rambaud
Paris : Folio, septembre 2013
228 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-07-045304-7
Coll. "Policier", 706

Vieille Carne

John Le Carré est-il un auteur facétieux ? La question mérite d'être posée car avoir choisi Smiley pour nom de l'un de ses personnages principaux prête à... sourire. L'homme au physique de crapaud qui porte des lunettes à verres épais est en effet un modèle de sérieux et de réserve, et l'on a du mal à l'imaginer ne serait-ce qu'ébaucher un sourire. Pour sa deuxième apparition après L'Appel du mort en 1961, ce retraité de l'Intelligence Service joue les apprentis-détectives à la demande d'une vieille amie rédactrice en chef d'un journal fidèle à ses lectrices. Justement, Stella Rode, l'une d'entre elles, femme d'un professeur de Carne, une école privée traditionnelle pour l'élite britannique, a envoyé un courrier stipulant qu'elle soupçonne son mari de vouloir l'assassiner. Et le meurtre est bien commis quelques nuits plus tard de la plus violente des façons dans une serre. Sitôt débarqué, George Smiley entame une profonde immersion dans la bourgeoisie locale faite de faux semblants et de sentiments de façade où le paraitre est bien plus important que l'être. Et l'on se dit que le titre original - A Murder of Quality -, que le moins anglophone des anglophobes aurait pu traduire par Un meurtre de qualité, a été particulièrement bien choisi. Car dans une enquête qui avance très classiquement et lentement, George Smiley croise une population professorale dont les racines, les antécédents, l'éducation et les bonnes manières priment au détriment de ce qu'elle est réellement. Tous se montrent sous leur angle le plus racé avant de lancer en pics acérés leur perfidie cinglante et féroce. Stella Rode par ses origines modestes, sa personnalité affirmée et ses actions volontaires détonait. Mais qu'a-t-elle bien pu faire de particulier pour s'attirer les foudres haineuses de l'un de ces fiers notables de college, dont l'ambition est d'enseigner un jour dans une université séculaire, mais qui sont confinés ad vitam aeternam à Carne, qui porte bien son nom en anglais ? L'on est en tout cas bien loin du George Smiley qui va faire évoluer l'année suivante dans L'Espion qui venait du froid alors que le roman joue justement sur un même ressort : quelle est la véritable facette de la vérité ? Ici, la cruauté réside en chacun à dose haute dose avec des calculs et une manipulation froids et inhumains qui font comprendre ce que cela donne plus on avance dans les hautes sphères. L'intrigue avance petitement car John Le Carré prend le temps de s'intéresser à tous ses protagonistes en digne héritier d'Agatha Christie. Il dépeint une caste naphtalinée engoncée dans ses vieux costumes qui ne doivent surtout pas dépareiller. Smiley appartient alors à cette longue catégorie de détectives amateurs qui marchent main dans la main avec la police, et dont les questions ne laissent poindre aucun soupçon. Carne est une espèce de Gosford Park pour la bourgeoisie de province où subsistent des luttes au sens figuré de chapelles, où il est de coutume de payer son banc à l'église.

Citation

Le hall grouillait de journalistes, et Smiley détestait les journalistes. De plus il faisait froid et il avait horreur du froid. Et un repas de sandwiches dans une chambre d'hôtel, cela manquait désespérément d'imprévu pour lui.

Rédacteur: Julien Védrenne samedi 02 novembre 2013
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