Avis d'obsèques

On a besoin d'un homme de terrain pour conduire ces opérations. On a besoin de tes vingt ans d'expérience aux Stups pour nous aider à inonder le marché parisien sans risque.
Benjamin Dierstein - La Défaite des idoles
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

La Cité sous les cendres
Dix ans ont passé depuis que Danny Ryan et son fils ont dû fuir Providence et la vengeance d'une fami...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

jeudi 03 octobre

Contenu

Roman - Noir

Avis d'obsèques

Social - Assassinat - Corruption - Trafic MAJ lundi 14 avril 2014

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 18,95 €

Un pour tous, tous pourris

Curieux itinéraire que celui de Michel Embareck, passé de rock-critique pour Best (avec plus déjà de qualités d'écritures que ses petits camarades souvent plus occupés à disserter sur leur nombril, malgré l'éternel piège d'une éthique "rock" faisandée bâtie en opposition à ce qui n'était pas "rock", ce qui fait doucettement rire aujourd'hui...) au journalisme tout court avant d'attaquer le roman avec une prolixité qui force l'admiration. La corruption est, depuis Dashiell Hammett et consorts, une des mamelles du roman noir avec l'éternel thème de la ville pourrie ; et les époques ont beau passer, le thème est toujours d'actualité... Ici, c'est bien sûr un meurtre qui sert de déclencheur : celui de Fabrice Kerbrian de Roscoat, découvert dans un square de la petite bourgade de Saproville-sur-Mer. L'héritier de France-Océan, un journal local qu'il a modernisé ; or l'héritier n'avait aucune appétence pour la presse et préférait un domaine viticole, mais sous l'influence de sa mère, ce fils-de professionnel avait fini par endosser le costard de magnat de la presse... Quitte à froisser la notabilité locale. C'est ce que découvre le privé atrabilaire Victor Boudreaux qui, parallèlement, enquête sur un trafic d'œuvres d'art qui l'enverra en Louisiane voir si on laisse le bon temps rouler s'il y est. Quant au commissaire Le Trividic, son rôle est plutôt de limiter les dégâts alors que la résolution, comme souvent, relève à des faits remontant à certaines heures noires...
Rien de bien original dans tout ça, me direz-vous, mais n'est-ce pas le travail de l'écrivain de transcender le matériau de base ? Et c'est réussi ! Michel Embareck tisse le portrait d'une comédie humaine tragi-comique avec une langue foisonnante et inventive qui fait penser à une Nadine Monfils qui se prendrait pour Frédéric Dard (ou l'inverse), mais rappelle aussi l'Embareck rock-critique gouailleur. De plus, l'auteur évite de céder à la tentation du pavé qui pourrit le genre de l'intérieur : l'action se déroule à un rythme effréné, mais jamais artificiel (on n'est pas chez James Patterson...) et bourré de petits détails bien sentis (une arnaque aux tickets-restaurants de festival fera grincer des dents certains auteurs habitués...). Cette succession d'arnaques finirait par faire croire que la corruption est consubstantielle à l'être humain et s'exerce à tous les niveaux, quitte à faire bouche-en-cul-de-pouler les adeptes du plus blanc que blanc... Résultat, un roman à la fois d'un classicisme absolu et qui développe une petite musique qui n'appartient qu'à lui, le tout sous une très jolie couverture. On applaudit et on en redemande...

Nominations :
Prix de la ville de Mauves-sur-Loire

Citation

Au journal, un véritable ouragan avait balayé les couloirs, emportant dans un tourbillon d'indemnités stratosphériques les gardiens de l'orthodoxie paternelle, remplacée par une palanquée de cadors du PowerPoint sortis Dieu sait d'où, des m'as-tu-vu qui ne s'exprimaient qu'en statistiques et cœur de cible.

Rédacteur: Thomas Bauduret dimanche 13 octobre 2013
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page