Killing Time

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jeudi 28 mars

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Bande dessinée - Thriller

Killing Time

Tueur en série - Prison - Mafia MAJ vendredi 04 octobre 2013

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 13,9 €

Kid Toussaint (scénario), Chris Evenhuis (dessin)
Roubaix : Ankama, septembre 2013
80 p. ; illustrations en couleur ; 28 x 20 cm
ISBN 978-2-35910-386-1
Coll. "Hostile Holster"

Dans la tête d'un tueur

Gyorgi Owens a commis son premier meurtre le jour des attentats du 11-Septembre alors que secouriste il a découvert une victime agonisante dont le sort ne faisait aucun doute. S'il s'en est confié à sa mère plus tard au téléphone, l'événement ne l'a pas laissé indemne. Interne, il est peu à peu devenu celui que la police et les médias ont surnommé "Le tueur des hôpitaux", un homme qui euthanasiait des victimes qu'il dira consentantes et qui, selon un mode opératoire qui quelquefois différait les laissait reposer tranquillement, mains croisés sur leurs poitrines. Seulement, étonnamment, Gyorgi Owens a froidement abattu un mafieux, dernier crime connu à son actif, avant de se faire arrêter, juger et incarcérer, sans avouer le motif de cet ultime acte sanguinaire. C'est afin de comprendre un homme psychologiquement friable, amateur de Dr. Pepper, que la journaliste Isabelle Bauffays se rend à sa rencontre, près de dix ans après ses premiers méfaits meurtriers, afin de récolter ses confidences et d'obtenir de nouveaux aveux.
Cette excellente bande dessinée de la non moins excellente collection "Hostile Holster" des éditions Ankama va vous apprendre, si vous ne le savez pas déjà, que la réalité apparente est malléable à merci, qu'un fait a plusieurs explications, et que les vérités de chacun sont souvent disparates et opposées. Il y a tout d'abord les faits mêmes d'un tueur obnubilé par sa mère, véritable psychopathe qui se ment à lui-même et à la journaliste. Il y a ensuite la journaliste qui, si elle ne se ment pas, ment à plusieurs reprises sur ses motivations et, comme une mise en abime identitaire, se révèlera trouble et multiple. Il y a ensuite ces deux mafieux indigents dans un couloir d'hôpital ou d'hospice qui devisent à la fois sereinement et en plaisantant sur leur lustre passé et les maladies de la vieillesse alors qu'ils sont condamnés l'un et l'autre par un cancer.
Le scénario de Kid Toussaint est parfaitement mis en images par Chris Evenhuis, qui prend un malin plaisir à le séquencer et surtout à le déstructurer chronologiquement, un peu à l'instar des scénarios qu'adapte Quentin Tarantino, pour avoir une narration explosive aux multiples effets, dont des rebondissements incessants, avec des trajectoires qui se fondent et se mélangent. S'y ajoute une technique que le dessinateur instaure et diversifie. "Le tueur des hôpitaux" se promène dans des pages obscures et denses, les mafieux s'amusent de leur mort prochaine dans des pages qui virent à l'épure, jusqu'à ne pas prendre possession de tout l'espace qui leur est alloué. Le style varie de séquence en séquence, révèle des personnalités fortes, s'amuse des discussions engagées, fait éclater plusieurs violences à défaut d'une vérité. La fin de la bande dessinée coule de source, et l'on se retrouve au même niveau que tous ces flics qui se sont fait avoir. C'est tout simplement jouissif.

Citation

L'euthanasie, la pendaison, le crash de voiture, le pistolet... Vous avez souvent varié le modus operandi. Vous n'êtes plus un tueur en série, vous êtes un cluedo géant !

Rédacteur: Julien Védrenne vendredi 04 octobre 2013
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