Iouri

Becca avait les cheveux blond foncé, une silhouette affinée par plusieurs mois de vélo, des lunettes à grosse monture et un maquillage appliqué en couches si épaisses qu'on aurait pu croire qu'elle allait passer une audition pour figurer dans un hommage à l'extravagant groupe de rock Kiss.
Elizabeth George - Les Flammes de Whidbey
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

Éclipse totale
Harry Hole a été exclus de la police, ce qui ne l'empêche pas de couler des jours heureux, bouteille ...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

vendredi 19 avril

Contenu

Roman - Policier

Iouri

Psychologique - Tueur en série - Enquête littéraire - Artistique MAJ jeudi 24 octobre 2013

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22,2 €

Pia Petersen
Arles : Actes Sud, janvier 2009
360 p. ; 19 x 10 cm
ISBN 978-2-7427-8035-8
Coll. "Un endroit où aller"

Assassinats et Beaux-Arts

Le thème du rapport de l'assassinat avec les beaux-arts a déjà été traité maintes fois, mais il reçoit ici un traitement pour le moins original. Le "héros" en est un peintre du nom de Iouri qui forme un projet assez spécial – et effrayant par la même occasion. Car, révolté par la mise en condition croissante et la surveillance de tous les instants dont font l'objet les êtres humains, il a conçu un acte de rébellion qui consiste à faire de l'art un crime et... du crime une œuvre d'art, puisque les deux seront menés en parallèle. Il fait de ses crimes des œuvres d'art en ce sens qu'il les reproduit fidèlement sur ses toiles, mais celles-ci font aussi partie de ses crimes en ce sens qu'il les exécute tels qu'il les conçoit sur ses tableaux. Art et crime sont ainsi liés indissociablement et bien malin qui peut dire lequel est à l'origine de l'autre et le motive. La perversité elle-même peut ainsi devenir l'un des beaux-arts, comme on le voit. Mais l'autre originalité du livre tient au fait que l'histoire est narrée (presque entièrement) par la compagne de l'artiste-criminel, qui s'interroge d'abord sur son comportement et la raison pour laquelle il lui cache les toiles qu'il est en train de réaliser. À force de l'espionner, elle finit par se convaincre de sa culpabilité dans trois meurtres qui défraient la chronique ainsi que du rapport de ceux-ci avec l'exposition qu'il prépare et qui doit... les révéler à la face du monde. Comme elle ne le dénonce pas, elle devient sa complice de fait. Imagine-t-on la femme de Barbe Bleue (car un instant séquestrée) complice de son bourreau, en attendant de ?... Mais j'en ai déjà presque trop dit. Ce livre a obtenu le Prix marseillais du polar. Voilà qui relève presque de la galéjade. La qualité de son écriture (même s'il est trop long) justifie certes une distinction. Mais l'occasion paraît mal choisie. Car, s'il y a bel et bien crime (et même plusieurs), l'enquête, elle, est menée par un témoin beaucoup trop privilégié, à tel point qu'on a parfois l'impression que c'est le coupable qui enquête sur lui-même, en violation de toutes les règles du genre. Et surtout l'intérêt du livre est ailleurs. Il réside dans les raisonnements sur l'art, le soupçon, la liberté... bref, dans le registre psychologique et non dans le juridique, l'investigation ou le suspense (nous connaissons d'entrée de jeu l'identité du coupable et très vite ses motivations). Tout le monde ne sera peut-être pas d'accord avec le personnage du peintre pour invoquer "le droit au crime au nom de la liberté" (p. 165) et pour parler de "lisibilité par le sang" (p. 80). Mais c'est à ce niveau que se situe la réflexion, dans le livre, et il n'est pas certain que les puristes du polar s'en satisfassent. Le genre s'est énormément diversifié à la fin du siècle dernier, ce qui nous a valu de belles réussites, parfois couplées avec une protestation sociale très bienvenue. Mais qu'a-t-il à gagner à se présenter (ou être présenté, voire détourné) comme une sorte de panacée littéraire ? Halte au crime sous toutes ses formes, fussent-elles artistiques ou... du domaine de la critique littéraire et de la publicité.

Citation

L'œuvre précède le réel. Il réalise la scène, il réalise le tableau en créant un visage virtuel ou fictif à sa victime et après, il cherche un visage ressemblant, il reproduit la scène dans le réel et c'est là qu'il tue.

Rédacteur: Le Huron svécomane mercredi 08 mai 2013
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page