Éclats de voix

On avait fait lire ces échanges à la pédopsychiatre. Elle était catégorique : l'imposteur était un adulte qui maîtrisait parfaitement l'art de la manipulation. Aucune faute de syntaxe et d'orthographe, mais le vocabulaire était choisi de façon à ce qu'une petite fille de onze ans ait l'impression de discuter avec une personne de son âge. Le ton était à la fois complice et directif. Solène, puisqu'ils ne pouvaient lui donner un autre nom pour l'instant, avait progressivement infecté l'esprit de Nadia.
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jeudi 28 mars

Contenu

Roman - Noir

Éclats de voix

Social - Énigme - Assassinat MAJ lundi 25 février 2013

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20,5 €

Yves Hughes
Paris : Les Escales, février 2013
344 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-36569-050-8
Coll. "Les Escales noires"

Radio crime

Il est parfois bon de revenir aux fondamentaux du genre au milieu des romans noirissimes revenus de tout sans être sortis de chez eux, et des thrillers horrifico-alambiqués. Lorsque l'on parle de roman policier, les racines du genre sont simples : un meurtre, un flic et une enquête. Tout dépend ensuite de ce que l'auteur est capable de faire avec cet ingrédient ! Utilisant son personnage de Yann Gray, curieusement créé pour des romans jeunesse (alors que le personnage de son épouse victime d'une maladie vénérienne est des plus adultes, ou alors votre serviteur n'entrave que pouic au distinguo, comme on dirait chez San-Antonio), il nous offre en effet une enquête en douceur. En douceur, mais sans mièvreries ni longueurs... On a assassiné Rosalie Douvet, animatrice d'une émission de nuit en pleine ascension, en pleine Maison de la Radio ! Un drôle de crime : étranglée de loin, avec un minimum de contact, comme si l'assassin répugnait à la toucher... À partir de là, l'enquête mène des couloirs de la Maison de la Radio, institution du quai Kennedy, avec ses animateurs et ses simples doubleurs espérant percer, jusqu'au monde des fans obsessionnels dont l'un est peut-être allé trop loin... Et l'enquête se base sur un indice ténu, le bruit d'un scooter tard dans la nuit remarqué par un voisin... De ce début d'intrigue, il eût été facile de faire un portrait au vitriol d'un monde d'arrivistes prêts à tout pour percer, mais Yves Hugues évite ce cliché pour s'intéresser à l'humanité qui se cache derrière ces voix, du jeune doubleur à l'animatrice à la vie réglée comme du papier à musique. Reste l'enquêteur lui-même qui rentrerait dans le piège du policier-au-passé-trouble™ s'il n'était pas si crédible : outre la perte de ses parents, une balle dans la tête reçue en service a détraqué son odorat et engendré des troubles obsessionnels. Ce qui eût pu donner une tranche de misérabilisme façon années 1980 si le personnage, on le comprend en filigrane, était bien décidé à ne pas baisser les bras devant l'adversité. Quitte à prendre l'adage de Voltaire : "il faut cultiver notre jardin"... De la littérature jeunesse, Yves Hugues a gardé la précision quasi mathématique d'une intrigue limpide où chaque enjeu est bien posé et chaque articulation très claire. Et à travers une narration factuelle majoritairement en dialogues, l'auteur sème de-çi de-là de beaux moments d'humanité, voire de petits bonheurs d'écriture, comme ça, presque en demandant pardon. Parce qu'il faudrait s'excuser d'avoir du talent, maintenant ?

Citation

Je n'ai toujours pas compris la mort de mon père et je commençais depuis quelques mois à faire l'apprentissage de celle, sans doute prochaine, de ma mère. Je me suis assoupi, peut-être pour suivre Anaxagore et oublier la mort.

Rédacteur: Thomas Bauduret vendredi 22 février 2013
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