Le Dernier d'entre nous

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vendredi 19 avril

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Roman - Noir

Le Dernier d'entre nous

Politique MAJ mercredi 23 janvier 2013

Note accordée au livre: 5 sur 5

Poche
Inédit

Tout public

Prix: 9,6 €

Neil Gordon
The Compagny You Keep - 2003
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Éric Moreau
Paris : 10-18, janvier 2013
576 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-264-05960-4
Coll. "Domaine étranger", 4623

L'utopie des Weathermen

Élégie : poème lyrique d'un ton mélancolique. Et c'est ce à quoi fait penser ce Dernier d'entre nous, de Neil Gordon, un auteur américain à la culture française. À travers une intrigue complexe racontée par une suite de courriels, il nous offre à la fois un suspense intelligent, une ouverture sur une partie de l'histoire américaine peu connue et une élégie moderne. L'intrigue est assez classique. En 1996, un avocat brillant, divorcé d'une vedette droguée alors qu'il se bat pour la garde d'Isabel, leur fille, l'abandonne dans une chambre d'hôtel et disparaît. Pourquoi ? En 2004, lui et ses camarades envoient des messages à la jeune fille pour expliquer son geste. Un geste qui trouve ses racines dans le passé caché des protagonistes issus des Weathermen, les mouvements gauchistes américains dans les années 1960 et 1970...

Le roman oscille sans cesse entre ces différents "présents" pour montrer les fidélités, les trahisons des idéaux, le sens de l'honneur d'une jeunesse qui croyait en la démocratie active. Vu sous un angle assez idéaliste : les Weathermen refusaient de tuer et c'est d'ailleurs le seul mort qui se trouve sur la route de leur passé qui pose aujourd'hui problème. Le Dernier d'entre nous essaie de présenter comment concilier son engagement et la vie quotidienne. Le personnage central est accusé d'un crime ancien qui risque de lui coûter la garde de sa fille mais le seul moyen de l'innocenter est que ses anciens complices révèlent la vérité. Une vérité qui risque de faire des dégâts collatéraux sur des innocents, mais aussi d'obliger ces gauchistes à se compromettre avec le système, ce qu'ils refusent de faire. Ces dilemmes moraux, montrés de manière intelligente, au sein d'un suspense décrit avec soin, font progresser une action qui s'appuie beaucoup sur les techniques des clandestins - les membres du groupe essayent sans cesse d'échapper à la police et certains se sont reconvertis dans le trafic de marijuana.

Élégie car le roman se teinte d'une mélancolie sourde : les acteurs de l'histoire ont vieilli mais gardent la nostalgie de ce qu'ils ont fait et croient encore que ce fut utile même si l'évolution du monde leur a donné tort. Élégiaque aussi par le soin accordé par Neil Gordon à de longues descriptions liées à la nature où les personnages se ressourcent, trouvent le réconfort ou la cachette dont ils ont besoin. Répétons-le, Le Dernier d'entre nous est un roman intelligent, sensible, plus cérébral que rythmé, qui donne à découvrir une autre facette du rêve américain et d'une époque, que celle que raconte James Ellroy mais avec un ton apaisé et un style qui demande une attention constante, où le lecteur, au final, est récompensé de ses efforts par un livre de grande qualité.

Citation

C'était le rêve le plus noble que nous ayons jamais eu, et même s'il a échoué, Benny, même si la machine a continué à avancer comme un rouleau compresseur écrasant les Noirs ici, l'Amérique du Sud, l'Afrique, et tous ceux qui nous haïssent à l'étranger, cela aurait pu se passer autrement.

Rédacteur: Laurent Greusard mercredi 23 janvier 2013
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