La Faille souterraine et autres enquêtes

Un boss qui manipule ces quantités de produit doit être un super méchant pour survivre dans ce brouhaha perpétuel de funambulisme illégal.
Ramon Palomar - 60 kilos
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

Éclipse totale
Harry Hole a été exclus de la police, ce qui ne l'empêche pas de couler des jours heureux, bouteille ...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

vendredi 29 mars

Contenu

Mémoires - Policier

La Faille souterraine et autres enquêtes

Social MAJ mardi 21 janvier 2014

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21,8 €

Henning Mankell
Pyramiden - 1999
Traduit du suédois par Anna Gibson
Paris : Le Seuil, octobre 2012
470 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-02-105354-8
Coll. "Policiers"

Actualités

  • 21/01 Auteur: Wallander : la préhistoire d'un flic
    La réédition au format poche chez Points des nouvelles qui ont façonné le personnage de Wallander, La Faille souterraine : et autres enquêtes, est l'occasion pour Philippe Bouquet, qui a été le premier traducteur de Henning Mankell pour Christian Bourgois, d'une relecture qui vient faire résonance avec la chronique initiale de Laurent Greusard lors de l'édition principale au Seuil. Nous vous invitons à lire l'une et l'autre, et à vous faire votre propre idée sur ce recueil de cinq nouvelles éclatées dans le temps.

    "Ce n’était pas pour ça qu'il était entré dans la police. Pas pour intervenir contre des jeunes qui jouaient de la guitare et buvaient du vin en l'honneur de la première soirée d'été digne de ce nom. Mais pour arrêter les vrais criminels. Les violents dangereux, les braqueurs, les trafiquants de drogue." Henning Mankell, La Faille souterraine

    Le présent volume contient six récits qui constituent une sorte de préhistoire à la série désormais célèbre sur Kurt Wallander, en ce sens que celui-ci est déjà lui-même... sans l'être. En effet, il est déjà dans la police, lorsque s'ouvre le premier d'entre eux, le 3 juin 1969, mais à Malmö et non à Ystad. Il n'est pas encore inspecteur de la PJ, seulement gardien de la paix en ces temps agités d'une Suède alors très à gauche, en particulier par les nombreuses manifestations contre la guerre du Vietnam qu'il est chargé, à son grand déplaisir, de réprimer et qui lui valent d'être traité de "sale flic" par des jeunes gens en colère. Sur le plan personnel, c'est la même chose. Il n'est pas encore marié avec Mona, mais il a déjà des difficultés avec elle. Son père peint déjà ses tableaux avec ou sans coq de bruyère, mais sa sénilité ne fait que s'annoncer. Et, s'il n'a pas de soucis avec sa fille, c'est que celle-ci n'est pas encore née. Professionnellement, ses débuts sont bien timides, sous la houlette d'un certain commissaire Hemberg, et il apprend surtout les risques du métier et ce qu'il ne faut pas faire. Mais qu'on se rassure, il a déjà du mal avec le règlement.
    La première de ces nouvelles est une sorte de whodunit sans grande originalité qui prouve surtout qu'un suicide peut dissimuler un meurtre. Wallander est en effet le premier sur les lieux pour constater ce décès, puisque c'est celui de son voisin, un ancien marin du nom d'Artur Hålén. Ce suicide est suivi d'un cambriolage nocturne plus ou moins avorté, puis d'un incendie et enfin de la découverte dans l'estomac du cadavre de... plusieurs diamants. Le tout se termine mal pour Wallander lui-même, mais l'énigme sera résolue, grâce à lui ou malgré lui, selon la façon dont on envisage la chose. Le la est donc donné, même si c'est sur le mode mineur.
    La deuxième nouvelle est très brève. Elle se situe à Noël 1975. Wallander est encore à Malmö mais vient d'être nommé à Ystad. Il est maintenant marié, mais les relations avec Mona ne sont pas plus faciles pour autant. Linda a cinq ans. Une vieille dame est assassinée dans son petit supermarché et Wallander se retrouve face à face avec un assassin mutique. L'histoire est une esquisse en miniature de Meurtriers sans visage, qui incite Mankell – et son personnage – à se demander ce qui arrive à son pays. Il appelle cela la faille, mais ce n'est peut-être qu'un autre nom de la mondialisation. La troisième nouvelle se déroule en avril 1987, à Ystad, maintenant. Wallander a la quarantaine et connaît la crise de cet âge, où l'embonpoint et le reste commencent à se faire sentir. Linda, elle, connaît celle de l'adolescence. Cette brève histoire d'un homme mort (d'empoisonnement) dans un taxi illustre cette vérité qu'un meurtre non élucidé peut en causer plusieurs autres. Pas de quoi rassurer un homme qui se pose bien des questions sur lui-même et sur son métier. Malgré sa petite centaine de pages, le quatrième texte, situé en 1988, possède le caractère d'un roman à propos de l'assassinat d'un photographe qui a pour passion de déformer les visages des personnalités mondiales, y compris... Wallander lui-même, lequel est maintenant en train de se séparer de Mona et de voir Rydberg, son mentor, tomber gravement malade.
    Le cinquième texte, enfin, a tout d'un roman, y compris la taille. Le 11 décembre 1989, un petit avion de tourisme procède à un largage clandestin avant de s'écraser quelque part en Scanie et un incendie (volontaire) dans lequel périssent deux vieilles mercières infiniment plus riches qu'on ne le soupçonnait ravage un immeuble du centre d'Ystad. L'enquête donnera à Wallander un avant-goût de la mondialisation qui l'attend dans les quatre premiers volumes de la future série. Il est maintenant séparé définitivement et de plus en plus inquiet quant à l'avenir de son pays et au rôle qu'il peut y jouer. Comme, en plus, son père réussit à s'attirer des ennuis avec la police... du Caire, le blues du commissaire commence à se faire sérieusement sentir.
    Ce livre ne peut évidemment rivaliser avec les huit "grandes" enquêtes de Wallander, mais il peut séduire quiconque s'intéresse à la "préhistoire" du personnage et à sa biographie complète. Rien de bien indispensable, mais du simplement lisible.

    NdR - Le recueil comporte les nouvelles "Le Coup de couteau", "La Faille", "L'Homme sur la plage", "La Mort du photographe" & "La Pyramide".

    Lisez la chronique de Laurent Greusard
    Liens : Henning Mankell |Philippe Bouquet

  • 05/10 Édition: Parutions de la semaine - 5 octobre

Supplique du lecteur condamné

Au moment d'être guillotinée pendant la Révolution française, Jeanne du Barry s'était écriée : "Encore une minute, monsieur le bourreau." Il en va de même, parfois, lorsque l'on est habitué à la présence récurrente d'un personnage de fiction. On a envie de dire : "Encore un roman, monsieur l'écrivain." Lorsque Henning Mankell a annoncé la fin de la série consacrée à son commissaire Wallander, nombre de lecteurs, qui s'étaient habitués à ce policier suédois, atypique et extrêmement humain, avaient été déçus. Heureusement, pendant l'écriture des différents romans de la saga, l'auteur suédois avait aussi mis sur le papier quelques nouvelles dont certaines avaient été publiées dans des journaux. Elles présentent de l'intérêt pour les lecteurs français - outre le fait qu'elles prolongent le plaisir que l'on peut avoir à croiser Wallander - qu'ils soient récents ou connaisseurs de l'œuvre. En effet, les uns seront heureux de débusquer des éléments concernant le policier dans des enquêtes se déroulant avant celles décrites dans les romans (la dernière nouvelle s'achève ainsi avec les premiers paragraphes de Meurtriers sans visage, premier roman de la saga), et les autres pourront y voir une bonne introduction aux thèmes et aux intrigues qui lui sont chers.

Au centre des cinq nouvelles se pose, de manière récurrente, la question de savoir comment la démocratie et la civilisation européenne prennent lentement mais sûrement des formes particulières de barbarie et de violence, lorsque les enfants gâtés et gavés de la croissance grandissent. "La Faille souterraine" montre par exemple la façon dont un émigré ne trouve d'autres solutions que la violence extrême pour vivre dans un endroit policé. "La Pyramide", c'est l'argent facile de la drogue qui pousse aux pires comportements. À travers ces nouvelles, c'est aussi tout l'univers, toutes les pensées, et tous les modes de fonctionnement du policier qui s'installent : son goût de la solitude, son obsession "columbienne" du détail, son sens de l'humanité cachée de chacun, et un soin particulier porté aux personnages - le début de "La Mort du photographe" est une longue et fascinante description de celui qui va mourir quelques pages plus loin. Jeanne du Barry avait eu ce mot synonyme de faiblesse, de peur de la fin. C'est sûrement une faiblesse du lecteur que d'avoir demandé exactement la même supplique au romancier. Dans ce cas bien précis, nul doute que ça a été bénéfique.

NdR - Le recueil comporte les cinq nouvelles suivantes : "Leanbsp;Coup de couteau", La Faille souterraine", "L'Homme sur la plage", "La Mort du photographe" & "La Pyramide".

Découvrez l'avis de Philippe Bouquet, premier traducteur en France de Henning Mankell


On en parle : La Vache qui lit n°133

Citation

Au même instant, il réalisa que, pour la première fois de sa carrière, il s'apprêtait à annoncer un décès. Cette perspective l'avait toujours effrayé.

Rédacteur: Laurent Greusard vendredi 11 janvier 2013
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page