Affaires Criminelles dans le Cher

Du sang. Des cris. Des gens qui courent partout. D'autres qui filment avec leur téléphone portable. Gros plan sur un corps allongé sur le dos, criblé de balles, en direct sur les réseaux sociaux. Tout pour le clic et le buzz, aucune compassion pour ce vendeur ambulant assassiné, ses marchandises (des paréos et des chapeaux) répandus à côté de lui.
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vendredi 19 avril

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Essai - Policier

Affaires Criminelles dans le Cher

Assassinat - Faits divers MAJ mardi 04 décembre 2012

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 18 €

Maurice Sugnot
Issoudin : Alice Lyner, septembre 2012
222 p. ; illustrations en noir & blanc ; 21 x 15 cm
ISBN 978-2-918352-35-8

Le Cher assassin

Les recueils d'affaires criminelles anciennes sont décidément les vaches à lait des éditeurs régionaux. Ici, c'est un ancien journaliste judiciaire qui fait la traite. Il a pour lui les qualités de savoir écrire sur le sujet et trier les archives. Maurice Sugnot précise dans son dernier chapitre : "Mais si, de nos jours, on s'effraie de la violence, du nombre important des crimes et délits, il faut bien reconnaître que chez nos ancêtres le crime était bien présent, et ceci jusque dans les moindres villages." Il indique que, dans le Cher "de 1875 à 1949, [il a] relevé treize condamnations à la peine capitale". Bien sûr, la majorité des affaires avaient l'argent comme motif principal. On tuait pour quelques sous dans les campagnes car il n'y avait pas de banque et on gardait facilement son petit pécule. Et la rumeur en gonflait l'importance... Toujours dans sa conclusion, l'auteur relève que presque toutes ces peines de mort, même celle de Marie Bouriant, épouse Pierre qui, entre 1864 et 1865 "a tué à coups de poing ou en les étouffant les cinq derniers enfants qu'elle avait eu de son mari" ont été commuées en perpétuité. Seuls Raffault, assassin de sa mère, fut fusillé en 1947 et Alonso décapité la même année pour avoir abattu ses voisins à coups de revolver. "Les Sept personnes égorgées à Jariolle", un terrible fait divers de 1796 a nécessité d'intenses recherches documentaires.

C'est le cas type des tueries de bandits de grands chemins qui isolaient les demeures voisines pour ne pas être dérangés dans la maison dont ils bloquaient toutes les issues. Ici, un jeune garçon qui dormait dans le foin fut le seul survivant malgré la fouille intense des assassins qui remarquèrent ses sabots en bas de l'échelle. Maurice Sugnot reconstitue toute l'affaire dans les détails. Pour chacun des faits divers choisis, il prend la peine de retracer les grandes lignes de l'enquête puis celle du procès en séparant et titrant ses chapitres. Il suivit personnellement l'une d'entre elle (un mari qui a tué l'amant de sa femme qui s'était installé chez lui), et transcrit des répliques qui auraient été parfaites sous la plume de Géo London : de vraies saynètes de tribunal. Deux affaires émergent du lot : celle du Marquis de Nayves en 1894 et celle de l'empoisonneuse Jeanne Gilbert en 1908. Le premier a été le sujet d'un très compétent ouvrage de René Tavernier, L'Affaire du Marquis de Nayve (sans s) aux Presses de la Cité dans la collection "N'avouez jamais" en 1974 (non cité dans les sources de Maurice Sugnot). Il s'agit d'une fantastique histoire qui s'est déroulée sur près de vingt-deux ans : une héritière élevée comme une sauvageonne accouche d'un enfant illégitime que l'on confie à une nourrice lointaine. On la marie à un homme désargenté mais à particule. Ils auront trois enfants bientôt sous la férule d'un "prêtre prussien". Dès lors, l'enfant illégitime est placé sous le signe du secret. Dans un premier temps, le marquis, sous le masque de "bienfaiteur", s'occupe de l'enfant en le retirant à la nourrice et en le plaçant dans une pension religieuse suisse. Mais le garçon, en grandissant, se montre de plus en plus vindicatif pour connaître sa vraie mère et est expulsé. Le marquis vient alors chercher le garçon de quatorze ans et "imagina de l'envoyer promener dans l'Italie toute proche". Au cours d'une "promenade" à pied de dix-sept kilomètres sur une corniche, l'enfant disparaît et le marquis rentre chez lui. Des pêcheurs retrouveront son corps. Neuf ans plus tard, en 1894, Madame de Nayves dénoncera son mari du meurtre de l'enfant secret par une lettre au procureur général pour arrêter les violences dont il est coutumier sur elle et ses enfants légitimes. S'en suivra un formidable procès, où l'accusé se défendra bec et ongle en accusant le prêtre prussien et précepteur d'avoir monté le coup. Maurice Sugnot déroule parfaitement la chronologie difficile de cette affaire à sensation qui a tous les ingrédients du mélodrame de début de siècle.

Jeanne Gilbert, elle, préfigure à Saint-Amand-Montrond, l'incroyable affaire de Marie Besnard à Loudun. Une famille est empoisonnée par un fromage qui a été déposé de l'extérieur sur une chaise. La grand-mère meurt. On trouve un papier contenant de l'arsenic sous un banc de l'auberge en face. De fil en aiguille, à partir de l'examen du papier et surtout de l'arsenic, les enquêteurs vont remonter la piste jusqu'à Jeanne Gilbert qui crie son innocence. On exhume ses parents, puis ses beaux-parents. Tous sont lestés de traces d'arsenic. Sous une fausse identité, la femme achetait le poison "pour tuer les rats" mais elle fut formellement reconnue par le droguiste et son aide...

Citation

Le fromage n'ayant pas été entièrement consommé, une analyse fut effectuée par Monsieur Ch. Camus, pharmacien à Saint-Amand. Ce praticien trouva dans les détritus ainsi récupérés (le dixième à peine de la totalité du fromage) une quantité d'arsenic capable d'empoisonner vingt personnes.

Rédacteur: Michel Amelin vendredi 30 novembre 2012
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