Croc attack

L'étang aux canards avait été flashé sous toutes les coutures car il avait été, longtemps, la piste privilégiée. L'hiver en avait partiellement gelé la surface et plusieurs trous suspects avaient mobilisé l'attention des enquêteurs. Des plongeurs avaient drainé le fond, d'autres spécialistes avaient épluché les abords, centimètre par centimètre. C'était limite si on n'avait pas interrogé les canards.
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jeudi 28 mars

Contenu

Roman - Noir

Croc attack

Social - Terrorisme MAJ vendredi 30 août 2013

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 23,5 €

Assaf Gavron
Ein schönes Attentat - 2008
Traduit du hébreu par Marta Teitelbaum, Sylvie Cohen
Paris : Rivages, octobre 2011
378 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-7436-2265-7
Coll. "Roman"

Martyrs en puissance

Assaf Gavron avec Croc Attack ose parler du conflit israélo-palestinien sans retenue et sans réel parti pris. Logiquement, il propose dans son roman les trajectoires éclatées de deux figures antagonistes et pourtant conciliables. Il y a d'abord Eitan Enoch, dit Croc, qui prend un bus et le quitte un arrêt avant qu'il ne saute victime d'un attentat. De quoi transformer votre vie sauf que... Les jours passent et il échappe à d'autres attentats devenant un peu plus chaque jour un "symbole de la résistance" israélienne. Sauf que dans le même temps il exacerbe un autre peuple opprimé, et qu'il devient une cible pour les terroristes extrémistes palestiniens. C'est là qu'entre en jeu Fahmi, jeune Palestinien que l'on découvre tout d'abord hospitalisé dans le coma. On vient le visiter, mais il ne donne aucun signe réel de vie, seulement sa voix nous accompagne. Il parle de sa vie, de ses espérances, de sa mère mourante à qui des soldats israéliens ont refusé de donner de l'eau. On comprend peu à peu à mesure que l'on côtoie Croq et Fahmi en des chapitres alternés qu'ils sont amenés à se rencontrer (de façon vous l'aurez compris explosive) tout en imaginant qu'ils vont se comprendre. Il y a un lien entre les deux symbolisé par une jeune femme. Mais la désespérance de l'un et l'espérance de l'autre ne semblent pas pouvoir s'apprivoiser. Car aussi bien l'un que l'autre est victime avant tout de ce qu'il représente pour les extrémistes de tous bords : une icône destinée à être martyr. Et un martyr par essence ne sert qu'après sa mort. Assa Gavron nous assène ainsi l'absurdité de deux vies par delà l'absurdité même de la vie en un cheminement sanglant et doublement émotif. S'il ne discute pas leurs motivations, il montre l'absurdité d'un conflit haineux avec une incompréhension mutuelle. Ainsi Eitan Enoch aurait pu être l'ami de Fahmi. Tous deux ne souhaitent pas être instrumentalisés, mais tous deux voient en l'autre un ennemi enraciné dans ses croyances. Alors même que tous deux chacun de son côté n'espère qu'une chose : ne pas être l'arme de factions. Mais c'est aussi un constat d'échec que dresse l'auteur - principalement dans la scène d'une émission radio où Croq se retrouve confronté à une auditrice haineuse. Car il a bien conscience que l'issue de ce conflit passe par l'évolution des mentalités. Mais n'est-ce pas aussi le rôle de l'écrivain que de montrer le monde sous ses facettes les plus honteuses et noires ?

Citation

Mais on ne peut pas tendre l'autre joue, on ne doit pas s'apitoyer. Jusqu'à ce qu'on soit cent, mille, un million pour cent sûr que cet individu ne risque pas de nous faire du mal, il ne faut faire aucune concession. Et il aura beau se lamenter et vous raconter des bobards à propos de sa femme enceinte, son enfant malade ou son emploi qu'il est en train de perdre. On s'en fiche !

Rédacteur: Julien Védrenne dimanche 28 octobre 2012
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