La Fille de l'Archer

Ils croient sincèrement à ce qu'ils font. Ils croient sincèrement que les de Bale ont pour tâche de protéger le monde du retour du diable. C'est ce que nous faisons - et non sans succès - depuis près de huit cents ans, maintenant.
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vendredi 29 mars

Contenu

Roman - Thriller

La Fille de l'Archer

Fantastique - Historique - Crépusculaire MAJ jeudi 16 août 2012

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 18,5 €

Serge Brussolo
Paris : Fleuve noir, juin 2012
304 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-265-09043-9
Coll. "Thriller"

Chaque coup au but !

Wallah est la fille de Gunar, un maître-archer venu des pays du Nord. Il ne peut plus exercer son art, il a eu des doigts coupés quand il était prisonnier. Son énorme stature le fait engager par Bézélios, le patron d'une troupe de baladins qui exhibe des "monstres", pour assurer leur sécurité. La vedette de la troupe est "L'Homme tombé de la lune", un orang-outan.
Gunar est malade. Bézelios s'enhardit et reproche à Wallah d'être une bouche inutile. Il voudrait la prostituer comme il fait de Javotte et ses deux filles.
Une parade, chez le seigneur Malvers de Ponsarrat, tourne au fiasco. Fort de la colère du hobereau, des prêtres accusent L'Homme de la lune de magie. Une mascarade de procès aboutit à une condamnation au bûcher. Mais, le grand singe, sous la brûlure, s'échappe avec le poteau enflammé auquel il est lié, propageant un incendie dans le château. Les bateleurs profitent de la panique pour se réfugier dans la forêt.
Gunar meurt ne laissant à sa fille que son arc et des flèches. Après l'avoir enterré selon les rites du Nord, elle rencontre une étrange créature qui se présente comme "La Murée". Elle propose à Wallah de lui donner le don d'être une archère infaillible. Elle pourra atteindre une cible, même avec des tirs impossibles. Mais chaque coup réussi lui ôtera une année de vie. Incrédule, elle essaie sur une biche, un sanglier.
Malvers de Ponsarrat, qui traque les baladins surprend le prodige. Il aborde la jeune fille et lui propose un marché... Dans quel engrenage Wallah va-t-elle mettre le doigt ?

Serge Brussolo apprécie le Moyen Âge. C'est une période propice, par ses croyances, ses légendes, son obscurantisme, pour déployer quelques-uns de ses thèmes favoris. Il a toute latitude, sur ce terreau nourri de superstitions de toutes natures, pour développer ce fantastique issu du quotidien, né de décalages subtils entre réalité et impressions, entre faits et suggestions.

Il peint un Moyen Âge on ne peut plus pragmatique, que ce soit dans les mentalités, dans les rapports sociaux, dans les mœurs, et dans le choc entre croyances anciennes et billevesées du christianisme romain qui veut prendre le monopole des esprits.
Il décrit l'ignorance profonde des populations qui n'ont ni les moyens de voyager, ni ceux de s'informer. Il établit les liens entre l'ignorance, les peurs et les crédulités. Elles ont tendance, alors, à parer de merveilleux ce qui sort de leur quotidien, ce qui n'est pas issu de leur entourage immédiat.

Les foires et les marchés ont eu un rôle essentiel pour une ouverture sur la société plus large que le monde limité des paysans qui s'arrêtait à la frontière des terres du château. Les bateleurs, agrégats d'individus venus d'horizons divers, réunis par les circonstances, pouvaient être le vecteur d'une meilleure connaissance, jouer un rôle d'informateurs, mais, ils sont surtout des mystificateurs. Et la mystification, avec l'art de faire naitre l'angoisse, sont les domaines préférés de Serge Brussolo.

Comme à son habitude, l'auteur explore toutes les possibilités des situations qu'il crée et en exploite les moindres détails. Il instille dans un cadre propice, des éléments mystérieux à souhait, angoissants par leur caractère irréel, à la limite de l'illusion, du rêve ou de la fable qui semblent cependant tangibles aux personnages. Il déploie, alors, un maelström de mensonges, de dissimulations, de fausses-magies, de pièges, de leurres... qui entrainent les héros (et le lecteur !) dans un tourbillon de mensonges, de demi-vérités de fausses révélations jusqu'à un final éblouissant qui laisse épuisé.

Le romancier aborde nombre de sujets sur la normalité, sur le rôle des religieux dans la société... Il fait une approche avec un mélange de nostalgie, de mélancolie et d'ironie, sur le temps qui passe, l'âge qui avance, les effets de la vieillesse et ses conséquences.

Serge Brussolo renoue avec ses grands romans historiques qu'il transforme en thrillers angoissants, en récits où le fantastique se mêle si bien à la réalité.
Avec La Fille de l'ArcherW, il propose un nouvel opus remarquable, avec une héroïne comme seul il sait en créer. Il offre également une bonne nouvelle lorsque ce livre se termine avec : "Fin du tome 1".

Citation

Tu donnes asile à une créature non humaine, aboie le prêtre. Un monstre qui, en aucun cas, ne peut avoir été créé par notre Seigneur Dieu Tout-Puissant. Une ignominie qui fait commerce de magie et ose prédire l'avenir.

Rédacteur: Serge Perraud samedi 11 août 2012
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