Les Nouvelles affaires criminelles du Lot

Suivant son habitude, c'est aussi Lacassagne qui incite le Tueur de Femmes à raconter sa vie sur près de quatorze cahiers d'écolier
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vendredi 29 mars

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Essai - Policier

Les Nouvelles affaires criminelles du Lot

Faits divers MAJ jeudi 05 juillet 2012

Note accordée au livre: 2 sur 5

Grand format

Tout public

Prix: 26 €

Philippe Grandcoing & Vincent Brousse
Riom : De Borée, avril 2012
384 p. ; illustrations en noir & blanc ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-8129-0654-1
Coll. "Histoire et documents"

Novélisation à gogo

Tous les deux professeurs d'histoire et chercheurs, spécialistes des XIXe et XXe siècles, Vincent Brousse et Philippe Grandcoing ont publié de nombreux titres dans cette collection chez De Borée : Les Grandes affaires criminelles politiques, Les Grandes affaires criminelles de Haute-Vienne et son deuxième volet, Les Nouvelles affaires criminelles de Haute-Vienne, celles de la Creuse et celles du Lot dont sort ici le deuxième tome.
Sans doute pour se permettre plus de liberté dans l'écriture (pas besoin de censurer les noms pour épargner les descendants à partir de la fin de la Deuxième Guerre mondiale), ils ont sélectionné leurs affaires entre 1817 et 1932. La quatrième de couverture nous prévient que nous allons rencontrer "l'aubergiste de Figeac tuant un de ses clients pour vingt centimes, le berger de Saint-Sozy qui castre son rival, le curé indigne de Saint-Pantaléon pratiquant avortements et actes pédophiles, ou la marâtre étranglant la femme de son gendre à Padirac par passion pour celui-ci". Les auteurs, bien qu'historiens, pratiquent une technique très particulière qui peut choquer les puristes mais convertir les lecteurs ordinaires : celle de la novélisation systématique. Ainsi, leurs récits adoptent-ils des formes littéraires diverses. Narrateur personnage, lettres, journal, succession d'articles de journaux commentés par le rédacteur en chef, récit à la troisième personne avec focalisation sur un personnage parfois inventé, dialogue de la foule, discussion de comptoir etc. Par exemple, ils ouvrent l'Affaire Debrieu et Rigal (1844) par : "Suzanne se réveilla, une sensation étrange dans le ventre. Elle ne sentait plus l'enfant remuer en elle" ou l'Affaire Granouillac (1849) : "Le Juge de Lacroix-Vauboix repoussa son assiette. Il n'avait pas faim." On est donc en littérature et non en documentaire. Le challenge des deux auteurs (et le succès de leurs titres auprès du public doit leur donner raison) est donc de faire passer la documentation dans un texte qui se veut littéraire mais qui, en raison de ces structures figées, tient plus de l'atelier d'écriture. Sur le fil du rasoir, les auteurs noient ainsi leur documentation dans des dialogues plats et boiteux puisque ceux-ci ont comme charge première de faire passer justement la chronologie des faits et de l'enquête. Très souvent, ils développent un aspect annexe à partir d'un témoignage et, coincés par l'espace, doivent résumer l'affaire en un bloc souvent final qui leur permet de retomber plus ou moins bien sur leurs pattes.
"Au fond du gouffre, l'Affaire Géraud Delpech, 1890" est constitué des flashbacks mentaux d'un homme qui s'est jeté dans un trou et qui attend les secours : suspense vain de huit pages. Dans "Cinq accouchement et un infanticide", le journal inversé de 1929 à 1917 (!) est tenu par une petite fille (!!). C'est le comble d'une narration tordue accumulant poncifs et clichés. Car les auteurs, non contents d'une seule structure scolaire par nouvelle, la bouleversent souvent, à l'intérieur, au point de la rendre illisible. Ainsi dans "Une affaire épistolaire", celle de Paul Cassagne, curé de Saint-Pantaléon (1890), commencent-ils par une narratrice personnage qui nous raconte son retour d'une procession en 1932 avec appel à son amour de curé avant de citer une longue lettre de plusieurs pages écrite en 1890 (il y en même une reproduction) au curé incarcéré. C'est sa maîtresse. Suit un autre narrateur de 1932 (!) qui revient en arrière en donnant une copie de sa lettre anonyme de 1889. Visiblement, il connaît toute l'affaire puisqu'il cite in extenso un témoignage recueilli par le juge. Puis on revient à la maîtresse en 1932, cette fois-ci non comme narratrice, mais à la troisième personne en 1889. On inclut un témoignage à la première personne du curé, on arrive au juge avec un récit classique et un rapport puis on reprend la maîtresse à la troisième personne auditionnée par le juge mais avec des inclusions de pensées à la première personne au curé incarcéré ("Comment vas-tu Paul ? J'ai ressenti, à cet instant-là, comme un grand coup de poignard dans le cœur"). On reprend un récit classique avec l'enquête du juge, puis on donne la transcription d'une nouvelle lettre anonyme avant de finir sur le deuxième narrateur (en 1932) qui laisse planer le doute sur le fait qu'il est l'auteur des lettres (en 1879). Bref, quatorze pages de festival qui se voudraient littéraires mais qui tournent vite à la tambouille indigeste. Et, là dedans, s'est diluée l'affaire pour laquelle on ne ressent aucune curiosité.

Citation

Antoine Cazard savait tout, jusqu'à cette date du 4 juillet 1886, de l'histoire personnelle de Marie Lacoste, comment elle avait été séduite à l'âge de seize ans, par cet homme de neuf ans son aîné, qu'elle avait prestement épousé en juin  1880.

Rédacteur: Michel Amelin mercredi 09 mai 2012
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