Deux dans Berlin

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mardi 23 avril

Contenu

Roman - Thriller

Deux dans Berlin

Historique - Vengeance MAJ lundi 23 avril 2012

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22 €

Richard Birkefeld & Göran Hachmeister
Wer übrig bleibt, hat Recht - 2002
Traduit de l'allemand par Georges Sturm
Paris : Le Masque, mars 2012
432 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-7024-3698-6
Coll. "Grands formats"

Quand prime la vengeance...

L'être humain est, par nature, enclin à se laisser mener par ses envies. Aussi, quand un pouvoir corrompu donne l'exemple, le déferlement des bas instincts n'a plus de limites. Comment s'étonner alors que ceux qui ont été spoliés se transforment en blocs de haine ? Un roman atypique qui ne vous lâche pas !

Au camp de Buchenwald, Ruprecht Hass survit soutenu par la haine. Il est allemand. Avant d'être dénoncé et envoyé en enfer, il était épicier à Berlin. Une attaque aérienne lui offre l'occasion de s'échapper.
Hans-Wilhelm Kalterer est un cadre de la Gestapo. Il a participé, depuis des années, à toutes sortes d'opérations relevant du renseignement. Blessé à la cuisse, il est rapatrié sur Berlin. Pendant sa convalescence, on lui demande de reprendre son ancienne activité pour enquêter sur le meurtre d'un des plus anciens membres du parti nazi. Cette mission le satisfait car il retrouve : "... le travail honnête, propre et socialement utile d'un fonctionnaire de police."
Hass a rejoint Berlin. Lui qui avait voulu rester en vie pour sa famille, apprend que sa femme et son fils, ont été tués pendant un bombardement. Il ne songe plus qu'à se venger de ceux qui l'ont dénoncé.
Commence alors le parcours de deux hommes, un bourreau et une victime du nazisme. L'un qui vit dans la crainte d'être tué avant d'avoir terminé sa vengeance, le second qui n'est pas spécialement pressé de boucler son enquête, car il n'a pas envie de retourner au combat, des combats inutiles face à l'avancée combinée des Alliés.

Beaucoup de romans policiers historiques prennent comme cadre l'Allemagne de l'entre-deux-guerres, la montée du nazisme, la période où se met en place ce régime avec les conséquences que l'on connait. Peu d'auteurs, par contre, retiennent comme décor de leur roman, l'effondrement du régime, les derniers mois de l'Allemagne nazie. C'est ce choix qu'ont fait Richard Birkefeld et Göran Hachmeister. Ils placent leur intrigue pendant l'hiver 1944, alors que Berlin devient un champ de ruines. Ils font revivre le quotidien des populations soumises au froid et à la faim, aux bombardements incessants. Ils dépeignent les trafics de toutes natures, le pillage, la propagande qui glorifie la résistance glorieuse de l'armée et exalte le sacrifice ultime. Ils font ressentir la terreur des Berlinois dans l'attente de l'arrivée de l'Armée rouge, des hordes réputées pour ses atrocités. Ils font ainsi, partager, avec un réalisme confondant, les comportements, les situations à travers une galerie de personnages, bâtie avec un soin méticuleux, issus du peuple, des gens ordinaires : "ni juif, ni belge, ni suisse", en proie à des situations peu ordinaires.

Le duo d'auteurs combine un regard d'historiens, pour un exposé de la réalité sans fioritures, ni tentative de moralisation. Il n'épargne personne, montrant une population capable du meilleur comme du pire.
Ils basent leur intrigue sur une vengeance et le parcours de deux hommes que tout semble séparer. Mais, ils nourrissent leur récit de multiples rebondissements, de péripéties tous plus attractifs les uns que les autres. Ils offrent un récit extrêmement bien structuré avec une approche du sens de l'intrigue remarquable. Ils font ressortir un côté surréaliste avec cet enquêteur, soucieux de se refaire une virginité par rapport à son proche passé, qui pourchasse un assassin alors que tout s'effondre autour d'eux, que les morts se comptent par milliers.

On connait peu de choses de ces deux auteurs, mais s'ils ont publié, en Allemagne, d'autres livres de cet acabit, il est urgent de faire travailler des traducteurs.


On en parle : La Tête en noir n°159 |La Tête en noir n°167

Citation

La majorité des gens ne connaissent plus aucune limite. Ils volent tout ce qui leur tombe sous la main. Tout ce qui est rare : du linge, de la nourriture, des chaussures, du schnaps, des cigarettes, enfin tout quoi... Vous savez, nous avons un vrai marché noir à Berlin, comme après la guerre de 14, tout bonnement.

Rédacteur: Serge Perraud lundi 16 avril 2012
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