Les Nouvelles affaires criminelles d'Ille-et-Vilaine

Si je quitte cette maison, ce sera menottes aux poignets. J'aurais dû m'enfuir quand j'en ai eu l'occasion. À présent, ma chance est passée. Maintenant que les policiers sont dans la maison et qu'ils découvert ce qu'il y a en haut, il n'y a plus de retour en arrière possible.
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Essai - Policier

Les Nouvelles affaires criminelles d'Ille-et-Vilaine

Historique - Faits divers MAJ lundi 02 janvier 2012

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 26 €

Christophe Belser
Riom : De Borée, décembre 2011
352 p. ; illustrations en noir & blanc ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-8129-0421-9
Coll. "Histoire et documents"

Vils et vilaines

Les amateurs connaissent bien cette collection de récits de faits divers historiques classés par départements puis régions que les éditions De Borée déclinent avec succès depuis plusieurs années. Christophe Belser est le spécialiste du Grand Ouest avec, à son actif, l'Ille-et-Vilaine, le Morbihan, la Mayenne, le Maine-et-Loire, la Vendée et la Loire-Atlantique avec Dominique Bloyet. Il nous donne ici, un deuxième tome pour l'Ille-et-Vilaine avec vingt-neuf récits criminels s'échelonnant entre 1872 (l'Affaire Marie Quiniou qui incendia deux prisons) et 1962 (l'Énigme de la Verrerie, assassinat d'un couple de négociants en beurre et œufs par un conducteur en 2CV fourgonnette jamais retrouvé). Loin d'être des histoires de fond de tiroirs écartées du premier tome et récupérées in extremis pour un deuxième, chacune donne un aperçu intéressant sur le crime, la société et surtout la justice de l'époque. On peut faire confiance à Christophe Belser, certainement l'un des meilleurs chroniqueurs de la collection, pour ne pas tomber dans le piège de la novélisation qui dénature ce type de récit par des formes littéraires qui n'ont pas lieu d'être. Il se tient à un style clair et précis, s'appuie sur les archives, et laisse la part au récit.

Dans ce tome, il n'y a qu'une seule exécution : Christian-Ernest Lemarchand, un neveu ingrat qui étrangle sa tante et la pend pour s'emparer de ses bons au porteur. Malgré un alibi reposant sur des déplacements en train, il se fait prendre par la vente d'un bon qu'il avait cédé un peu trop vite à un spéculateur. Il est décapité en 1873. Les autres sauveront leur tête dans ce nouveau tome.
Beaucoup de crimes se déroulent sur fond d'alcool et de violences familiales. On égorge ses enfants comme Perrine Chevalier en 1884 ou Mathilde Barré en 1927, on révolvérise son beau-père et sa femme comme Alain Connen en 1895, on tue sa belle-mère langue de vipère comme Marie-Ange Sarget en 1905, on flanque des coups de fusil à son beau-frère comme Joseph Jaminais en 1934 ou on étrangle sa femme comme le boulanger Eugène C. en 1954.
Plusieurs histoires sortent du lot. "L'Enfant martyr du Bois-Joly" commence comme une nouvelle de Maupassant : lors de la veillée funèbre du fils d'un cultivateur, deux voisines entendent de longues plaintes étouffées semblant provenir de sous un escalier. La sœur du mort, qui est présente, finit par avouer qu'il s'agit de son fils illégitime qu'elle a récupéré. Ayant pourtant promis le secret, les voisines lancent la rumeur et la gendarmerie débarque dans la ferme des Rivière où vivent le père, la mère et la fille. Un enfant de dix ans pesant quinze kilos est trouvé dans un réduit crasseux... On aurait aimé que l'auteur donne des pistes sur le géniteur de cet enfant. S'agit-il d'un inceste avec le père ou avec le frère décédé dont il n'est plus fait mention dans le récit ? En tout cas, l'histoire semble sortie d'un mélo de l'époque (1881). "La Diabolique conjuration de Messac" met en scène une jeune femme, sa mère, et son amant soldat planifiant l'exécution du mari revenant de la foire avec deux bœufs (1920). À partir d'une série de vols commis sur l'itinéraire du Zoo Circus, l'auteur nous brosse aussi un intéressant tableau du "Rififi à Londres" dans les années 1920 et 1930. Autre conjuration, celle d'une belle-mère qui veut se débarrasser du mari violent de sa fille. Démarchant un ancien promis de sa fille, elle se rabat sur son mari et son fils pour jouer les exécuteurs ("Il faut tuer Pierre Goude !", 1928).
Mais ce sont "Les Aventures extravagantes du marquis de Champaubert" (1926) qui décrochent la médaille de l'histoire la plus incroyable, celle d'un escroc magnifique, Clément Passal, qui, après une carambouille énorme de vente à prix cassé de voitures de luxe à Nantes, loue un castel à tourelles sur une pointe de Dinard avec sa femme et sa maîtresse (la femme jouant la bonne et la maîtresse la femme) pour y installer des chambres à chloroforme devant gazer des bijoutiers parisiens appâtés par des promesses d'achats à l'occasion de l'anniversaire de la fausse marquise... Quel parcours ! Il s'achève trois ans plus tard avec l'enlèvement de Passal par "Les Chevaliers de Thémis", un mystérieux groupe qui annonce l'avoir enterré vivant ! Et cette ultime escroquerie va se retourner tragiquement contre Passal étendu dans son cercueil : le tuyau d'air qu'il a pris soin de faire installer va faire défaut. Horreur totale.

Citation

On ne rappellera jamais assez le rôle joué par l'alcool dans l'histoire criminelle. Excitant dramatique, il révèle la face sombre des esclaves de ce vice et mène des individus à la vie la plus banale sur le chemin du crime.

Rédacteur: Michel Amelin dimanche 01 janvier 2012
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