Trial by Fire

Azem y a perdu les siens et la joie de vivre. Aujourd'hui, il lui reste le ballon, qu'il ne touche guère d'ailleurs : Azem est arbitre, homme de loi d'un pays naissant, casque bleu consciencieux d'un terrain de sports.
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vendredi 19 avril

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Essai - Policier

Trial by Fire

Prison - Procédure MAJ mardi 31 janvier 2012

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Inédit

Tout public

Prix: 3 €

David Grann
Triab by Fire - 2009
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Marianne Reiner
Paris : Allia, septembre 2010
128 p. ;
ISBN 978-2-84485-357-8

Traces de feu

Excellente idée que cette collection de petit format 9 x 13 cm vendue moins cher qu'une carte d'anniversaire ! Hélas, pour le lecteur potentiellement intéressé, il faut l'acheter "à l'aveugle" car il n'y a aucun "paratexte" donnant une idée du contenu. En quatrième de couverture une maxime : "Je ne suis qu'un homme comme les autres, c'est tout". "Oui, c'est vraiment tout", pense-t-on. Sur le rabat, quelques éléments : "David Grann est né en 1967 à New York. Ancien rédacteur en chef de The New Republic puis de The Hill, il est actuellement journaliste au New Yorker." Bien. En ouvrant le livre et en cherchant bien, on découvre un sous-titre "L'État du Texas a-t-il exécuté un innocent ?" et un copyright mentionnant que "Trial by Fire a été publié pour la première fois dans The New Yorker, le 7 septembre 2009". C'est donc la traduction d'un très long article journalistique que nous tenons en main. Une tradition typiquement anglo-saxonne que nous ne pouvons approcher, chez nous, que dans la lecture des articles traduits dans la revue française Books.

David Grann semble s'être spécialisé dans les enquêtes fouillées à partir de faits criminels surprenants. Deux autres titres sont parus dans la même collection. Le Caméléon s'attache à l'incroyable parcours de Frédéric Bourdin né en 1974, un usurpateur trilingue de près de cinq cents identités d'adolescents (à trente et un ans ans, il fut même élève en 4e à Pau pendant un mois avant d'être reconnu par une professeur qui avait vu un reportage sur lui à la télévision) et Un Crime Parfait qui raconte la réouverture de l'enquête polonaise sur la mort de Dariusz Janszewski qui va conduire le détective sur la piste d'un romancier dont certains éléments d'intrigues ressemblent étrangement au crime.

La lecture de Trial by Fire s'avère passionnante à partir du moment où l'on accepte les conventions du genre : un style expéditif continu sans pause, sans mise en scène, sans respiration qui accumule les détails à fur et à mesure qu'ils se présentent dans leur ordre chronologique et, comme dans Books justement, une traduction des verbes conjugués qui ne colle jamais bien ce qui rend la lecture un peu "à côté de la plaque". L'apparition de pronoms personnels, balancés dans le texte sans prévenir, prouve que l'auteur a bien enquêté et rencontré les protagonistes mais sa position en devient incongrue dans le corpus du texte pour nous, Français, habitués à plus de littérature. Cette forme, chez nous, est très codifiée depuis le Nouveau Roman !

Ce texte raconte l'affaire "Cameron Todd Willingham" dont la maison d'un quartier populaire de Corsicana (Texas) brûla le 23 décembre 1991 avec sa fille de deux ans et ses jumelles d'un an, la mère étant partie chercher des cadeaux de Noël à un centre d'aide. Le "commissaire aux incendies" Vasquez découvre des traces en V de départ de feu, ainsi que des flaques et des lignes dans le couloir prouvant qu'un produit inflammable a été utilisé. Willingham sera jugé et condamné à mort. Des années plus tard, une professeur de français, auteur de théâtre, Elizabeth Gilbert, demande à rencontrer un prisonnier du fameux "couloir de la mort", Willingham prend contact. Au fur et à mesure des rencontres, elle commence à se poser des questions. Les années passant et les recours étant refusés les uns après les autres, Elizabeth Gilbert convainc le nouvel avocat commis d'office d'envoyer le dossier au Docteur Gerald Hurst, un spécialiste des explosifs et du feu, dont le parcours incroyable mérite à lui seul la lecture. En janvier 2004, cela fait douze ans que Willingham attend la mort. Reste deux mois avant l'exécution. Hurst rédige le rapport qui doit convaincre l'ultime commission des monstrueuses erreurs du premier commissaire aux incendies qui n'est pas un scientifique... Horrible suspense.

David Grann a écrit là un texte riche d'informations sur les traces de feux qui peuvent être autant d'indices que de leurres criminels. Après les "vingt indices" développés par Vasquez au début, leur contre-démonstration par Hurst est stupéfiante. Le dénouement poignant remet en cause, lui, les procédures de judiciaires américaines. Un excellent ouvrage.

Citation

L'incendie avait atteint ce qu'on appelle 'un embrasement généralisé éclair' (flashover), à savoir le moment où la chaleur irradiante transforme le feu dans une pièce en une pièce en feu.

Rédacteur: Michel Amelin vendredi 16 septembre 2011
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